Le troisième lien de Québec passera sous l’île d’Orléans

L’embouchure du pont-tunnel, sur la rive nord, serait située à l’intersection de l’autoroute de la Capitale et du boulevard Sainte-Anne.
Photo: Francis Vachon Le Devoir L’embouchure du pont-tunnel, sur la rive nord, serait située à l’intersection de l’autoroute de la Capitale et du boulevard Sainte-Anne.

Le patrimoine de l’île d’Orléans sera préservé. Après avoir étudié une dizaine de scénarios, le ministre des Transports, François Bonnardel, a arrêté son choix sur la construction d’un tunnel comme troisième lien entre Québec et Lévis.

« C’est un grand soulagement pour les gens de l’île d’Orléans, a réagi le préfet de la MRC de l’île, Harold Noël, qui est également maire du village de Sainte-Pétronille. Vous savez qu’on est un site patrimonial à l’île d’Orléans, donc c’est clair qu’il faut préserver ces actifs-là — ce qui attire le monde à l’île — et notre intégrité. »

Le gouvernement caquiste avait envisagé que le troisième lien, promis en campagne électorale, prenne la forme d’un nouveau pont reliant Québec à l’île, suivi d’un tunnel ou d’un autre pont reliant l’île à la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Cette option a entièrement été écartée.

« Ce ne sera pas nécessaire de perturber le territoire de l’île d’Orléans », a déclaré le ministre Bonnardel en conférence de presse jeudi.

Le tunnel d’une dizaine de kilomètres passera sous la pointe ouest de l’île, située à l’est de Québec, et reliera les autoroutes 40 et 20. Il devra inclure du transport en commun arrimé avec le réseau de transport structurant que projette la Ville de Québec.

« Pas de transport collectif dans le tunnel, pas de troisième lien », a tranché le ministre. Il n’a pas exclu l’usage du Fonds vert pour financer une partie du projet, se limitant à dire qu’il était « prématuré » d’indiquer comment une voie réservée pour le transport en commun serait financée.

En conférence de presse jeudi, M. Bonnardel a refusé de donner le coût de ce projet, affirmant que le gouvernement allait avoir davantage de détails dans un an.

Il compte tout de même sur le financement d’Ottawa et a invité les partis politiques à prendre position sur la question en vue de la campagne électorale fédérale prévue à l’automne. « Pour moi, il est impensable que le fédéral ne soit pas présent pour ce projet d’une importance capitale pour la grande région de l’est du Québec », a-t-il affirmé.

Appui des conservateurs

 

Les députés conservateurs de la région, Alupa Clarke et Pierre Paul-Hus, ont répondu présents. « C’est clair qu’un gouvernement conservateur va être en appui au gouvernement du Québec pour l’élaboration du troisième lien », a promis M. Paul-Hus.

« Il y a de très bonnes raisons de soutenir le troisième lien, a ajouté M. Clarke. D’abord, il y a une volonté majoritaire et nous, les conservateurs, on est pour le développement économique. »

À Ottawa, le bureau du ministre de l’Infrastructure, François-Philippe Champagne, n’a pas fermé la porte. « On sait que c’est important pour les gens de la rive sud, mais on n’a pas reçu le dossier, a indiqué son attachée de presse, Ann-Clara Vaillancourt. Donc, on va attendre avant de se prononcer. »

Une étude commandée par le ministère des Transports du Québec dévoilée en 2016 indiquait qu’un tunnel reliant l’est de Québec à la rive sud coûterait 4 milliards. « Juste avec l’inflation, on peut s’attendre à une augmentation des coûts », a indiqué le professeur Bruno Massicotte de Polytechnique Montréal, l’auteur de l’étude, en entrevue au Devoir. Le tunnel préconisé par le gouvernement présente « beaucoup de défis techniques » en raison du fond sablonneux du fleuve Saint-Laurent. Un coût qui oscillerait entre 7 et 8 milliards « ne serait pas surprenant », selon lui.

Le député libéral Gaétan Barrette a accusé le ministre Bonnardel de cacher cette information « parce que ça va coûter cher ».

La députée de Québec solidaire Catherine Dorion a prié le gouvernement « de mettre cet argent dans le transport collectif et dans l’entretien des routes déjà existantes » au lieu de dépenser plusieurs milliards de dollars « pour à peine quelques milliers de voitures ».

Selon une récente étude du ministère des Transports (MTQ), un maximum de 21 000 personnes transite chaque jour entre l’est de Québec et l’est de Lévis. La majorité des déplacements se font toujours à l’intérieur de l’agglomération de Québec, soit 715 400 sur 1 million (près de 70 %).

Plusieurs organismes environnementaux, dont Équiterre, la Fondation David Suzuki et Greenpeace, ont rappelé par communiqué que la construction d’un tunnel serait « un gaspillage pharaonesque de fonds publics » et ont accusé le gouvernement Legault de procéder « à l’aveugle ». Le gouvernement envisage une première pelletée de terre d’ici octobre 2022.



À voir en vidéo