Fini le «fax» dans le réseau de la santé d’ici 2023, dit Caire

Le ministre Éric Caire a annoncé lundi les détails de sa stratégie de transformation numérique pour améliorer les services gouvernementaux offerts en ligne.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Le ministre Éric Caire a annoncé lundi les détails de sa stratégie de transformation numérique pour améliorer les services gouvernementaux offerts en ligne.

L’élimination du télécopieur dans le réseau de la santé a mené à une confusion lundi entre deux ministres délégués du gouvernement Legault.

Éric Caire, qui est chargé de la Transformation numérique gouvernementale, a promis que l’usage de cette machine issue du XXe siècle serait éliminé d’ici la fin de l’implantation de sa stratégie en 2023, mais le bureau du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, n’était pas prêt à fixer d’échéancier… avant de se raviser.

« On ne peut pas se prononcer sur le temps que ça va prendre », a d’abord indiqué au Devoir l’attachée de presse de M. Carmant, Maude Faniel-Méthot, en expliquant que tout dépendrait de la mise à niveau des systèmes informatiques utilisés dans le réseau de la santé.

Une heure plus tard, son message avait changé. « La vision du gouvernement en matière de transformation numérique est claire : d’ici 2023, le “fax” sera chose du passé dans l’appareil gouvernemental, y compris le réseau de la santé, a-t-elle écrit dans un courriel. Le gouvernement doit servir les citoyens, il faut s’adapter à leurs besoins. »

Le ministre Caire avait annoncé en début de journée les détails de sa stratégie de transformation numérique pour améliorer les services gouvernementaux offerts en ligne. « Oui, à terme c’est ce que ça veut dire, a-t-il répondu lorsque Le Devoir lui a demandé si cela signifiait la fin des télécopieurs en santé. Il faut que les “fax” disparaissent de l’écran radar du gouvernement du Québec. »

Un délai inacceptable, selon la Fédération des médecins spécialistes du Québec, qui a l’impression que le gouvernement prolonge déjà l’échéancier. L’Ordre des pharmaciens souhaite également que le gouvernement presse le pas.

« Ce n’est jamais assez vite dans le sens que la journée où on va avoir éliminé les prescriptions en papier, on va avoir éliminé un paquet d’erreurs, on va avoir éliminé la possibilité pour les patients de falsifier leur prescription, surtout dans le cas des opioïdes, a réagi son président, Bertrand Bolduc. C’est clair et net qu’on aimerait ça que ça arrive le plus vite possible. Cela étant dit, il faut que ça soit fiable. »

Il a expliqué que le dossier santé Québec n’était pas encore au point pour permettre le transfert d’information entre médecins et pharmaciens, d’où le besoin d’utiliser des prescriptions sur papier et, par conséquent, le télécopieur.

L’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, et porte-parole libéral en matière d’administration gouvernementale doute que la transformation numérique englobe réellement le réseau de la santé. « Je pense que la politique de transformation numérique, elle est, d’abord et avant tout, étatique, a-t-il dit. Elle n’inclut pas le réseau. C’est là qu’est le piège. »

Il juge le document « assez léger » et sans échéancier précis, tout en admettant ne pas avoir encore eu le temps d’en prendre véritablement connaissance. Un adjoint lui a fait un compte rendu.

L’abolition du télécopieur en santé aurait dû être faite il y a un certain temps, selon le député de Québec solidaire Vincent Marissal. Il juge toutefois que la stratégie présentée par Éric Caire manque de précision. « Il reste beaucoup de questions », a-t-il remarqué en qualifiant l’annonce de « show de boucane ».

Les questions demeurent également sur la protection des renseignements personnels des Québécois.

 

Le projet de loi 14, présentement à l’étude, permettrait aux ministères de se partager ces informations pour offrir des services à l’aide d’un guichet unique en ligne — nommé Accès UniQc — que le gouvernement veut mettre sur pied en 2020. Les citoyens auraient ainsi accès à l’ensemble des services du gouvernement sur Internet au moyen d’un seul nom d’usager et mot de passe. C’est l’une des composantes de cette stratégie de transformation numérique dont l’implantation doit coûter 212 millions de dollars sur quatre ans.

Avec La Presse canadienne

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