Guy Rocher appréhende une reconfessionnalisation de l’école publique

Le sociologue Guy Rocher appréhende une reconfessionnalisation tranquille de l’école publique québécoise si l’Assemblée nationale n’adopte par le projet de loi sur la laïcité de l’État.
Il a profité de son passage devant la commission des institutions mardi avant-midi pour appuyer le projet de loi 21 « dans une époque où il faut bien établir la relation entre la majorité des Québécois qui n’appartiennent pas aux religions minoritaires et les religions minoritaires ». « Là, on craint une dictature de la majorité sur les religions minoritaires. Moi, mon inquiétude, c’est plutôt que, si on n’adoptait pas ce projet de loi, on reste dans une dynamique très inquiétante pour l’avenir, c’est-à-dire qu’on reconfessionnalise progressivement l’école publique ou les institutions publiques », a déclaré l’intellectuel âgé de 95 ans – et 24 jours, a-t-il précisé – à son arrivée à l’Assemblée nationale. « Si on permet que des signes ostentatoires soient portés par des personnes, on pourrait aussi bien permettre que des crucifix s’installent », a-t-il ajouté.
M. Rocher a plaidé en faveur de l’interdiction du port de signes religieux prévu dans le projet de loi 21, qui s’inscrit, selon lui, dans la vaste entreprise de déconfessionnalisation de l’enseignement à laquelle il a participé. « Si une religion se veut plus visible, les autres ne sont pas obligées d’accepter cela. La société n’est pas obligée d’accepter cela. C’est le problème de la religion d’être visible » a soutenu l’ex-membre de la Commission Parent (1961-1966). Par ailleurs, le projet de loi sur la laïcité de l’État n’est « pas une loi anti-islamique ou contre l’islam », a-t-il souligné à gros traits. « Il se trouve que la religion qui est visible, c’est l’islam. Il y a 40 ans, la religion qui était visible, c’était le catholicisme […] par les soutanes, par les cornettes, par les crucifix, par tout! Nous avons évolué vers un système d’institutions publiques neutres où justement nous préconisons l’égalité entre toutes les religions, l’égalité de traitement », a-t-il poursuivi.
La semaine dernière, Gérard Bouchard avait mis au défi l’auteur du projet de loi 21, Simon Jolin-Barrette, et par ricochet son ami Guy Rocher de lui présenter au moins une preuve que le port de signes religieux par un enseignant a des effets négatifs sur les élèves de sa classe. M. Rocher a admis mardi avant-midi ne pas disposer de telles preuves. « Parce qu’on ne sait pas, il faut pratiquer ce qu’on appelle le principe de précaution », a-t-il fait valoir.
Voyez le témoignage de Guy Rocher
D’autres détails suivront.