Les inondations liées aux changements climatiques

«C’est toujours difficile d’associer de manière linéaire changements climatiques et inondations, mais c’est certain qu’on voit de plus en plus d’événements extrêmes», explique Rémi Quirion.
Photo: Ryan Remiorz La Presse canadienne «C’est toujours difficile d’associer de manière linéaire changements climatiques et inondations, mais c’est certain qu’on voit de plus en plus d’événements extrêmes», explique Rémi Quirion.

Si le lien entre inondations et changements climatiques n’était pas évident en 2017, il l’est en 2019, selon le scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion.

Lors des inondations en mai 2017, le scientifique en chef du Québec invitait les Québécois à une certaine prudence quant aux liens à faire entre les changements climatiques et les inondations dans le sud du Québec.

Son site Internet avait alors publié un billet de l’Agence Science Presse où on pouvait lire que les changements climatiques allaient certes « favoriser les inondations au Canada », mais qu’il n’y aurait « pas plus d’inondations dans le sud du Québec ». On ajoutait que la crue de 2017 était due « à une combinaison de phénomènes météorologiques » et qu’on ne pouvait pas « relier un événement exceptionnel aux changements climatiques ».

Deux ans plus tard, M. Quirion estime que le lien est de plus en plus clair. « Avant, les experts disaient qu’il y a des risques d’inondation une fois ou deux par 100 ans ou par 50 ans sur la base d’un historique. Mais maintenant, cet historique-là semble changé », a-t-il expliqué en entrevue mercredi matin.

« Il y a quand même de plus en plus d’évidences que les changements climatiques ont un impact sur l’incidence des inondations », dit-il. « C’est toujours difficile d’associer de manière linéaire changements climatiques et inondations, mais c’est certain qu’on voit de plus en plus d’événements extrêmes, comme des inondations et des incendies de forêt, par exemple. »

Dépassés par l’actualité

Au Québec, le scientifique en chef doit conseiller le ministre de l’Économie et de l’Innovation sur le développement de la recherche et est responsable des fonds de recherche du Québec (FRQ), notamment. M. Quirion, un expert en neurosciences, a été nommé à ce poste en 2011.

Au lendemain des inondations de 2017, M. Quirion a proposé au gouvernement de regrouper tous les chercheurs qui s’intéressent au phénomène des inondations. Ironiquement, le Réseau Inondations intersectoriel Québec (RIISQ) a finalement été lancé quelques jours avant les premières crues de cette année. « Ça a pris plus de temps que je l’espérais », a-t-il dit.

Le nouveau réseau compte pas moins de 120 chercheurs oeuvrant dans 16 universités, dont plusieurs ont été très présents dans les médias ces derniers jours. Il a obtenu 1,5 million de dollars des FRQ sur trois ans.

Ce réseau pourra « avoir, par exemple, une meilleure cartographie des zones inondables au Québec, une meilleure idée en matière de bassins versants, peut-être aussi de meilleures connaissances de l’impact de ces événements-là sur la santé, sur les maladies pulmonaires, mais aussi sur celles reliées au stress », poursuit le scientifique en chef.

Or l’actualité récente va le forcer à agir vite. Lors du lancement le 15 avril, le directeur du RIISQ, Philippe Gachon, déclarait qu’il fallait « effectuer un retour sur les inondations du printemps 2017 afin d’en tirer toutes les leçons possibles et de réajuster au besoin les protocoles et procédures à déployer en cas d’inondations ».

M. Quirion souhaite qu’il puisse éventuellement offrir « de nouvelles façons de faire ou de nouvelles solutions pour réduire l’impact des changements climatiques et des inondations sur les populations riveraines ».

Chose certaine, le travail ne manquera pas. « Il y a encore beaucoup de travail à faire sur ce qu’on appelle les bassins versants, en ce qui concerne le contrôle des niveaux d’eau dans différentes régions », explique M. Quirion, qui note qu’on manque de connaissances sur les interrelations entre les bassins versants dans les régions de Montréal et de Gatineau.

Le Réseau, ajoute-t-il, aura probablement besoin de ressources supplémentaires. « Probablement qu’il va falloir aussi travailler là-dessus. »

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