Priorité aux aînés

«Je lance un appel aux infirmières et aux infirmiers qui ont quitté [le réseau]. […] On aimerait ça qu’ils reviennent. Pour aider les confrères, les consœurs actuellement qui tiennent le réseau à bout de bras», a déclaré Danielle McCann.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne «Je lance un appel aux infirmières et aux infirmiers qui ont quitté [le réseau]. […] On aimerait ça qu’ils reviennent. Pour aider les confrères, les consœurs actuellement qui tiennent le réseau à bout de bras», a déclaré Danielle McCann.

Le premier budget de la Coalition avenir Québec (CAQ) en santé porte la signature de Marguerite Blais, avec l’accent mis sur les services aux aînés, à la maison comme en CHSLD.

« Je suis extrêmement heureuse de voir que le gouvernement de M. Legault a pris en considération le vieillissement de la population », a déclaré non sans fierté la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, en marge du huis clos des médias.

Le portefeuille de la Santé hérite de 801 millions de dollars en dépenses supplémentaires cette année, dont une bonne partie permettra d’améliorer les soins aux aînés. Sur cinq ans, c’est 4,9 milliards de plus qui sont au programme.

À 5,4 %, la hausse totale des investissements, en incluant les coûts de système, établit un record en dix ans. « Il s’agit d’une hausse considérable », a déclaré le ministre des Finances, Eric Girard, dans son discours.

Cette année, l’impact se fera surtout sentir dans les soins à domicile. La CAQ avait promis d’y engager 200 millions pendant la campagne électorale, or elle met 80 millions de plus. Avec cela, le gouvernement espère augmenter de 10 % le nombre de personnes soutenues, a précisé le ministre Girard.
 


De l’argent pour embaucher qui ?

 

Le gouvernement a aussi décidé de prioriser l’embauche d’infirmières et de préposés aux bénéficiaires (PAB) par une ponction de 215 millions dans les coffres de l’État.

De cette somme, 15 millions visent à former de nouveaux préposés, notamment pour financer des bourses. Le reste permettrait d’embaucher du personnel dans les CHSLD et les hôpitaux en fonction des besoins.

Malgré ces apparentes bonnes nouvelles, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) s’est montrée très critique du budget jeudi, notamment parce qu’il ne dit mot des projets-ratios et ne fait rien pour éliminer le recours aux heures supplémentaires obligatoires.

Interrogée à ce sujet, la ministre McCann a rétorqué que les infirmières « devraient être contentes » de l’argent prévu pour faire des embauches.

Dans le même ordre d’idées, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) se demande comment le gouvernement parviendra à faire de nouvelles embauches dans la mesure où il peine déjà à pourvoir les postes qui sont ouverts. « Ça ne règle pas la problématique de la pénurie de la main-d’oeuvre. Il y a des problèmes d’attraction qui découlent des conditions de travail », a fait remarquer son président, Jacques Létourneau.

À ce sujet, la ministre a dit notamment compter sur les travailleurs de la santé qui ont quitté le réseau. « Je lance un appel aux infirmières et aux infirmiers qui ont quitté [le réseau]. […] On aimerait ça qu’ils reviennent. Pour aider les confrères, les consoeurs actuellement qui tiennent le réseau à bout de bras. »

Rien de neuf, dit Barrette

 

Enfin, des ressources de 10 millions supplémentaires seront dévolues aux services de première ligne, sur lesquels compte la ministre pour désengorger les urgences. Mme McCann est aussi allée chercher 40 millions pour engager de nouvelles infirmières praticiennes spécialisées (IPS) et 3 millions par année pour soutenir son réseau de cliniques d’hiver.

Des fonds récurrents ont aussi été réservés aux proches aidants (21 millions par an), qui seront alloués surtout à des services de répit. Il faudra toutefois attendre la Politique nationale préparée par la ministre Marguerite Blais pour obtenir des fonds plus substantiels.

Tout ce qu’ils font, c’est continuer ce que l’on a fait

Finalement, les CHSLD jouiront en outre d’une attention particulière avec l’ajout de 900 lits, au coût de 70 millions.

Sur le front des infrastructures, le gouvernement accélère aussi la cadence en ajoutant 2,2 milliards à la vingtaine de milliards investis chaque année dans le béton. Plusieurs nouveaux projets sont également à l’étude, dont le très attendu projet d’hôpital en Outaouais qui fait son apparition au programme.

Dans son allocution, le ministre des Finances a parlé d’un nécessaire « rattrapage » par rapport aux dernières années. Dans les faits, le rattrapage post-austérité avait débuté sous les libéraux, qui avaient haussé de 5,1 % les dépenses en santé dans leur dernier budget.

« Tout ce qu’ils font, c’est continuer ce que l’on a fait », a fait valoir l’ancien ministre de la Santé, Gaétan Barrette. La CAQ, dit-il, puise, elle aussi, dans les transferts fédéraux pour financer de nouvelles mesures. Or les services réguliers, dit-il, bénéficient de peu d’argent frais. « Dans les soins directs à la population, les augmentations inscrites dans les crédits ne couvrent pas souvent les augmentations prévues dans les conventions collectives. »

En ce qui a trait aux médecins, le dernier budget libéral avait par ailleurs reporté à cette année une partie importante de la hausse de la rémunération (352 millions). Sur ce point, les documents budgétaires sont muets.

Par contre, on remarque dans les crédits que les salaires des médecins coûtent cette année 360 millions de plus que l’an dernier, soit une hausse de 4,8 % par rapport à l’an dernier. Au total, la rémunération des médecins compte pour 19 % du budget de la Santé.

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