Le PLQ demande une enquête sur le renvoi du lanceur d’alerte

Le Parti libéral du Québec a demandé vendredi au Protecteur du citoyen d’enquêter sur le congédiement par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du lanceur d’alerte Louis Robert.
« [Jeudi], en fin de journée, le premier ministre François Legault a contredit non seulement son ministre de l’Agriculture, mais également la lettre officielle qui a été envoyée à Louis Robert. Devant cette nouvelle incohérence du gouvernement, nous souhaitons que la protectrice du citoyen fasse toute la lumière dans ce dossier », a déclaré par voie de communiqué le porte-parole de l’opposition officielle pour le Conseil du trésor, Gaétan Barrette.
L’agronome Louis Robert est à l’origine de la fuite d’un document confidentiel qui a mené des journalistes à révéler l’ingérence du privé dans la recherche scientifique en agroenvironnement au Centre de recherche sur les grains (CEROM), financé en majorité par Québec. M. Robert avait tout d’abord dénoncé la situation à l’interne, avant de finalement se tourner vers les médias.
Le 24 janvier, il a été licencié pour son « manque de loyauté envers son employeur » en ayant transmis un document confidentiel à un journaliste, et pour avoir contrevenu à ses « obligations de discrétion », précise la lettre de congédiement rendue publique mercredi.
Dans la foulée, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, avait révélé avoir « personnellement autorisé » le licenciement de M. Robert. Le premier ministre du Québec, François Legault, a toutefois précisé par la suite que son congédiement découlait d’« un ensemble de facteurs », contredisant ainsi la lettre reçue par l’agronome.
La situation est jugée « inacceptable » par l’opposition libérale, qui réclame donc une enquête. Si les conclusions montrent que le ministre Lamontagne a mal agi et outrepassé ses pouvoirs, Gaétan Barrette s’attend à ce qu’il soit mis à l’amende et chassé du Conseil des ministres.
Vers une enquête ?
De son côté, le Protecteur du citoyen a rappelé qu’il était un organisme indépendant et qu’il n’avait aucune obligation de faire enquête à la demande du gouvernement ou d’un parti de l’opposition. « C’est sûr qu’une demande publique comme ça peut nous alerter sur une situation, mais on va étudier de notre côté s’il y a matière à enquêter ou non », a précisé la conseillère en communications de l’organisme, Tania-Kim Milot.
Quand bien même le Protecteur du citoyen se lancerait dans une enquête, celle-ci resterait confidentielle jusqu’à la publication des conclusions.
Depuis l’entrée en vigueur de la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics, en mai 2017, l’organisme a le mandat d’enquêter sur les divulgations. Mais son rôle ne semble pas être connu de tous, relève Mme Milot, précisant que, si M. Robert s’était adressé à l’organisme plutôt que de se tourner vers les médias, il aurait pu bénéficier de sa protection.
Entre le 1er mai 2017 et le 31 mars 2018, le Protecteur du citoyen a reçu 136 divulgations d’actes répréhensibles. Au 31 mars 2018, 101 dossiers étaient fermés, 12 enquêtes étaient en cours et 23 dossiers étaient en vérification ou en analyse de recevabilité.