Les employés de Québec solidaire veulent se syndiquer

C’est notamment l’agrandissement de la formation politique de gauche qui a motivé les travailleurs à déposer une demande de syndicalisation.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir C’est notamment l’agrandissement de la formation politique de gauche qui a motivé les travailleurs à déposer une demande de syndicalisation.

Voyant les rangs de leur formation politique augmenter, les employés de l’aile parlementaire et des bureaux de circonscription de Québec solidaire (QS) veulent se syndiquer pour s’entendre sur leurs conditions de travail.

« L’idée n’est absolument pas de se mettre à faire du 9 à 5 […]. Notre initiative n’est pas dans cette optique-là. Au contraire, nous sommes des personnes passionnées, nous aimons notre travail et Québec solidaire. Nous voulons juste nous assurer que QS grandit en évitant qu’il puisse par exemple y avoir du favorisitme ou d’autres situations de ce type-là », fait valoir Samuel Pignedoli, attaché politique du député solidaire d’Hochelaga, Alexandre Leduc.

Une requête en accréditation a été déposée le 17 décembre dernier devant le Tribunal administratif du travail (TAT) par la Confédération des syndicats nationaux du Québec (CSN). Si elle est autorisée, ce sont environ une quarantaine d’employés politiques qui se retrouveraient syndiqués, une première au Québec.

« Ce n’est pas une démarche qui est liée à des problématiques, ça se fait dans la continuité des valeurs du parti, ce n’est pas pour avoir des changements draconiens, mais plutôt pour avoir des rapports d’égal à égal et mieux se consulter entre employés », souligne M. Pignedoli.

C’est notamment l’agrandissement de la formation politique de gauche qui a motivé les travailleurs à déposer une demande de syndicalisation, explique-t-il. À la suite du scrutin d’octobre dernier, QS, qui détenait jusqu’à présent trois sièges à l’Assemblée nationale, a fait grimper son nombre d’élus à dix. Le parti a même été reconnu officiellement comme groupe parlementaire, bénéficiant pour les quatre prochaines années d’un budget de 1,6 million annuellement.

La direction et les députés de QS ont réagi favorablement à la démarche des employés. « La représentation collective est un outil bénéfique pour les relations de travail et peut contribuer à améliorer la gestion des ressources humaines. Nous entendons continuer à collaborer dans un esprit positif à l’évolution des conditions de travail et au maintien de bonnes relations », mentionne Christian Dubois, directeur de cabinet de Québec solidaire.

Le défi pour une formation politique dont les employés sont syndiqués réside dans la conciliation d’une part de militantisme et de travail, note Xavier Lafrance, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal.

« Le phénomène est le même dans le milieu syndical et dans le milieu communautaire, où il y a beaucoup de travail lié à la mobilisation. On a l’impression d’être toujours en mission », mentionne M. Lafrance.

D’un autre côté, l’augmentation du nombre de militants pourrait aussi contribuer à alléger la tâche des futurs employés syndiqués, estime M. Lafrance. « Un parti avec 20 000 membres peut compter sur beaucoup de gens prêts à s’impliquer, surtout sachant si cela peut contribuer à offrir de bonnes conditions de travail aux employés », dit-il.

S’inspirer du NPD

QS pourrait s’inspirer du modèle du Nouveau Parti démocratique (NPD) au fédéral, dont les employés du Parlement et ceux des bureaux de circonscription sont syndiqués depuis une dizaine d’années.

Les travailleurs du NPD ont ainsi établi des échelons salariaux qui évitent de grands écarts de salaire entre des employés occupant une même fonction. Des semaines de vacances sont également prévues en fonction de leur ancienneté.

 

« Nous sommes conscients que c’est un milieu de travail très particulier, être en politique, c’est souvent par passion. Les employés sont souvent appelés à faire des heures les soirs ou les fins de semaine, mais il reste qu’il y a beaucoup d’autres clauses normatives qui peuvent être encadrées.

« On peut notamment établir l’ancienneté, les semaines de vacances, et régulariser d’autres situations », souligne Jean Lacharité, vice-président de la CSN.

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