François Legault enterre le projet éolien Apuiat des Innus

Selon le premier ministre, le parc éolien Apuiat des Innus de la Côte-Nord est un «beau projet».
Photo: Alexandre Shields Le Devoir Selon le premier ministre, le parc éolien Apuiat des Innus de la Côte-Nord est un «beau projet».

Le premier ministre François Legault enterre le projet de 600 millions de parc éolien Apuiat des Innus de la Côte-Nord, jusqu’à ce qu’Hydro-Québec ait écoulé ses surplus.

Le premier ministre en a fait l’annonce jeudi soir au terme d’une rencontre de près de deux heures avec les chefs innus dans les bureaux du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles à Québec. Il met fin ainsi à plusieurs mois de controverse et reste sourd à plusieurs voix qui l’appelaient à accepter le projet.

« Il n’y aura pas de projet tant qu’Hydro-Québec sera en surplus », a tranché M. Legault en conférence de presse, aux côtés de son ministre de l’Énergie, Jonatan Julien, et de sa ministre des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours.

Le premier ministre a invoqué que le contrat d’Apuiat aurait représenté un « coût potentiel » de 1,6 milliard pour la société d’État, qui estime qu’elle a encore des surplus pour vingt ans. « C’est beaucoup d’argent », a-t-il affirmé, rappelant que les contrats d’achat d’électricité éolienne qui lient Hydro-Québec à des producteurs en Gaspésie lui avaient déjà coûté 2,5 milliards.

Hydro-Québec devait s’engager en vertu d’une entente de principe conclue juste avant les élections à acheter les 200 mégawatts d’électricité d’Apuiat, avec l’appui de l’ancien gouvernement libéral de Philippe Couillard, mais le projet avait été dénoncé par la Coalition avenir Québec (CAQ).

M. Legault a toutefois ajouté qu’il a promis aux Innus que leur projet sera prioritaire, avant même les barrages dont il rêve, dès que le besoin s’en fera sentir et qu’il aura fait aboutir ses ambitions de vendre de l’électricité aux provinces et États voisins.

Si le projet de vente d’électricité en Nouvelle-Angleterre finit par débloquer, Hydro-Québec pourrait ainsi écouler quelques térawatts-heures, mais il en resterait encore beaucoup en surplus néanmoins.

Il n’a pas été question d’indemnisation, mais le premier ministre a indiqué qu’il y avait eu des discussions sur la « possibilité qu’il y ait certains projets de développement économique », qu’il n’a cependant pas voulu préciser.

Les chefs innus sont sortis de la rencontre sans parler aux médias. La nation innue fondait beaucoup d’espoir sur ce contrat. Elle espérait prendre ainsi en main son développement.

Encore jeudi, l’opposition à Québec appelait François Legault à « réparer les pots cassés » et à donner son accord à Apuiat. La députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, a demandé au premier ministre de s’amender, notamment pour consolider la relation privilégiée entre le Québec et les peuples autochtones. « Je pense qu’il va falloir qu’il y ait une attitude de très grande ouverture, il doit recoller une partie des pots cassés, parce que je pense que cela a été très mal engagé. »

Pour sa part, l’opposition libérale a fait valoir qu’Apuiat était un « projet rentable » qui fait l’affaire des communautés et que le gouvernement caquiste doit accepter.

Plus tôt cette semaine, l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador avait appelé le premier ministre à s’élever à la hauteur de sa fonction pour accepter le projet de la nation innue.

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