La puissance des convictions

Le premier ministre Bernard Landry impressionnait par son érudition encyclopédique et par son exceptionnelle éloquence. Sa virtuosité à manier la langue française lors de ses envolées oratoires, ponctuées de locutions latines héritées des collèges classiques ou de références historiques allant de la guerre des Gaules aux déclarations du général de Gaulle, en passant par le Traité de Paris de 1763, le rendait tout aussi fascinant que redoutable. Très jeune, il a été, pour moi, un mentor, une source d’inspiration.
Humaniste dans l’âme, patriote de coeur et militant dans l’action, Bernard Landry a marqué nos esprits et notre histoire nationale par la puissance de ses convictions. Dans tous les aspects de notre vie collective, qu’il s’agisse de développement économique, de redistribution de la richesse et de justice sociale, mais aussi d’émancipation culturelle et linguistique ou d’enjeux environnementaux, il a toujours résisté à la tentation de sacrifier ses convictions sur l’autel de ses ambitions. Il était habité par ses convictions, parmi lesquelles s’en trouvait une, sans doute la plus forte d’entre toutes et à laquelle il n’aura jamais fait faux bond, celle de la nécessité, et du devoir, de l’indépendance du Québec.
La liberté de choisir son destin
La lutte pour l’indépendance du Québec — que le plus grand de nos militants nous a d’ailleurs invités à poursuivre lors de son témoignage récent diffusé quelques jours après son départ — est celle qui a animé toute sa vie politique. Il a été de tous les combats et de toutes les tribunes pour promouvoir la liberté du Québec de choisir son destin et d’acquérir, par la voie démocratique et dans l’exercice par le peuple de sa souveraineté, le statut d’État indépendant. Il a rêvé, toute sa vie, de voir le fleurdelisé flotter sur le bord de l’East River, en face du siège des Nations unies à New York. Nous lui devons de continuer d’avoir l’ambition du jour où « notre fabuleux Québec [aura] choisi la liberté et la dignité ».
Humaniste dans l’âme, patriote de coeur et militant dans l’action, Bernard Landry a marqué nos esprits et notre histoire nationale par la puissance de ses convictions
J’ai partagé avec lui la passion pour notre développement économique. Comme René Lévesque et mon père, Pierre Péladeau, Bernard Landry était convaincu de la nécessité pour le Québec d’acquérir son « indépendance financière ». Il était également convaincu que notre nation sortirait — et sortira — plus forte économiquement avec l’indépendance. En détenant toutes les compétences et en ne se voyant plus imposer des décisions par d’autres, le Québec, comme l’a toujours plaidé Bernard Landry, s’affranchira et détiendra la liberté économique si importante pour son devenir comme nation et au sein de la communauté internationale.
Si le premier ministre Bernard Landry a droit à des funérailles d’État en raison de la plus haute des fonctions qu’il a occupée au sein de l’État québécois, il mérite d’abord et avant tout cet insigne et ultime honneur parce qu’il aura été un homme d’État. Un homme d’État qui aura été investi, tout au long de sa vie, par le bien commun, le sens du devoir et le service public. Un homme d’État qui voulait la prospérité pour la nation québécoise pour assurer que les femmes et les hommes qui la composent soient égaux en dignité et en droits. Un homme d’État qui aura voulu d’un État indépendant pour le Québec parce qu’il aimait son peuple et voulait, pour lui, le meilleur des mondes.
L’Homme d’État que fut Bernard Landry a été, et sera plus que jamais auparavant, une source d’inspiration pour moi comme pour des milliers de Québécoises et de Québécois. Il sera assurément une source d’inspiration pour les générations futures qui le découvriront à leur tour.