Un premier rendez-vous entre QS et la communauté des affaires

Après une allocution qui a duré près d’une demi-heure, Mme Massé a pris part à un échange avec Michel Leblanc, président de la CCMM, devant les convives.
Photo: Améli Pineda Le Devoir Après une allocution qui a duré près d’une demi-heure, Mme Massé a pris part à un échange avec Michel Leblanc, président de la CCMM, devant les convives.

Pour la première fois de son histoire, Québec solidaire (QS) a eu droit à un tête-à-tête avec la communauté des affaires mercredi à Montréal. La formation politique de gauche, dont la plateforme fait la promotion d’une « socialisation de l’économie » a tenté de rassurer le milieu.

« QS gagne du terrain, mais il nous reste encore beaucoup de travail à faire avant d’arriver à gagner les chambres de commerce », a dit d’entrée de jeu la candidate solidaire au poste de première ministre, Manon Massé, suscitant des rires dans la salle où étaient réunies quelque 200 personnes.

Même si QS a fait élire son premier député solidaire en 2008, c’est la première fois que le parti était invité à présenter sa vision économique devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

« Je peux vous dire qu’Amir Khadir [premier député élu de QS] m’a souvent dit que ça n’avait pas de bon sens, qu’il m’a accusé de tous les maux de la terre, et je lui disais toujours que ce serait lorsque le milieu des affaires allait me signaler qu’il veut vous écouter que je vais vous inviter, parce que ce n’est pas moi qui vais imposer qui vient les voir, et donc Mme Massé, c’est le milieu qui voulait vous entendre aujourd’hui », a souligné Michel Leblanc, président de la CCMM.

Avec l’authenticité qui lui est connue, Mme Massé a assumé les positions de sa formation en misant sur une approche humaine. Elle a présenté ses engagements à travers l’histoire de Caroline, « une mère de famille monoparentale, qui milite pour le 15$ l'heure, parce qu’à 12$ l'heure, malgré 40 heures de travail par semaine, elle doit visiter une banque alimentaire », a fait valoir Mme Massé.

La candidate a profité de l’occasion pour faire la promotion de la « clause Bombardier », qui établirait un salaire maximum pour les hauts dirigeants d’entreprises qui reçoivent de l’argent public, comme Bombardier.

Mme Massé a également fait le point sur la proposition de QS de cesser les versements au Fonds des générations, insistant sur le fait que la dette environnementale devrait préoccuper davantage.

« Si on n'agit pas maintenant sur le climat, c’est toute l’économie qui va être bouleversée, et ça, les agences de notation ne le voient pas venir », a-t-elle dit.

QS révolutionnaire… socialiste ?

Après une allocution qui a duré près d’une demi-heure, Mme Massé a pris part à un échange avec M. Leblanc devant les convives. Celui-ci l’a notamment questionnée sur la volonté de QS de « socialiser l’économie », citant son programme.

« Êtes-vous un parti révolutionnaire socialiste ? » a demandé M. Leblanc.

« Révolutionnaire, certes […] mais socialiser, c’est plutôt pour dire que lorsqu’on investit de l’argent, il faut que ça ne serve pas seulement une poignée de monde », a-t-elle précisé, citant à nouveau l’exemple des hauts dirigeants de Bombardier.

Quant à la volonté de nationaliser plusieurs secteurs, dont les banques, les mines et l’industrie pharmaceutique, Mme Massé a insisté sur la distinction entre les engagements de QS pour un premier mandat de quatre ans et sa vision à long terme.

« Si on me dit "nationalisation des banques", je dis non. Dans un premier mandat, il n’est pas question de ça. Lorsque Québec solidaire [aura fait du Québec un pays] certainement qu’on aura une banque québécoise, mais est-ce qu’on va nationaliser toutes les banques ? Non », a-t-elle assuré.

Plus tôt cette semaine, le premier ministre sortant, Philippe Couillard, et le chef péquiste, Jean-François Lisée, ont aussi été reçus par la CCMM. Le chef caquiste, François Legault, y est quant à lui attendu le 28 septembre.



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