Les 18-35 ans: portrait-robot d’une génération courtisée par les partis politiques

Qu’est-ce qui occupe les jeunes? Les études, le travail ou les deux en même temps, selon leur âge.
Photo: The Creative Exchange Unsplash Qu’est-ce qui occupe les jeunes? Les études, le travail ou les deux en même temps, selon leur âge.

Les chefs des quatre principaux partis politiques du Québec seront réunis à l’Université Concordia vendredi pour répondre aux questions des jeunes de 18 à 35 ans dans le cadre d’un événement organisé par l’Institut du Nouveau Monde (INM) et Le Devoir. Mais qui sont ces jeunes Québécois ? Portrait-robot en quatre temps.

Des électeurs moins mobilisés

Les 18-35 ans constituent un groupe non négligeable de l’électorat québécois. Ils représentent près de 28 % de l’ensemble de la population en âge de voter, ce qui en fait une clientèle de choix pour les partis politiques provinciaux.

Si les politiciens accordent moins d’importance à leurs préoccupations qu’à celles des personnes plus âgées, il ne faut cependant pas s’en surprendre : les baby-boomers, qui ont aujourd’hui entre 53 et 71 ans (selon les critères de Statistique Canada), forment toujours le groupe le plus imposant.

 

Les jeunes peuvent théoriquement avoir un poids politique considérable, mais ils sont moins nombreux que le reste de la population québécoise à exercer leur droit de vote. L’analyse des taux de participation aux élections générales provinciales qui ont eu lieu depuis 1985 montre que les 18-24 ans et les 25-34 ans se sont systématiquement présentés aux urnes dans une proportion moins grande que l’ensemble de la population.

Depuis 1985, le taux de participation des jeunes a atteint son plus bas niveau en 2008, avec 36 % pour les 18-24 ans et 42 % pour les 25-34 ans, et son plus haut niveau en 1994, avec 73 % pour le premier groupe et 77 % pour le second.

 

Autre constat : le taux de participation des jeunes électeurs lors des plus récents rendez-vous électoraux a été plus faible que celui de tous les Québécois en âge de voter, mais il a néanmoins suivi la même tendance que le taux de participation général, à la hausse ou à la baisse.

« La tendance à la baisse [du taux de participation des Québécois] observée depuis plusieurs années s’explique en grande partie par le fait que les électeurs des plus récentes cohortes votent moins que ceux des cohortes antérieures. Les jeunes seraient donc en partie responsables du déclin de la participation électorale au Québec », a d’ailleurs conclu Élections Québec à la suite du scrutin de 2014.

Des citadins d’origines variées

Les jeunes ne sont pas seulement tournés vers le reste de la planète ; une bonne partie d’entre eux sont carrément originaires d’un autre pays.

Selon les données du recensement de 2016, 72 % des Québécois âgés de 15 à 34 ans sont de 3e génération ou plus, c’est-à-dire qu’ils sont nés au Canada et que leurs parents sont également nés au pays.

Plus d’un Québécois sur dix (12 %) est de deuxième génération. On parle alors d’une personne qui est née au Canada, mais dont au moins un des parents est né à l’extérieur du pays.

 

Les immigrants de première génération, soit ceux qui sont nés à l’extérieur du Canada, sont encore plus nombreux (16 %). Ils proviennent majoritairement de la France (13 %), de la Chine, d’Haïti et du Maroc (6 %). Cette troisième catégorie inclut à la fois les immigrants et les résidents permanents.

Selon le plus récent rapport sur la question produit par le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, le groupe des 15 à 34 ans représente à lui seul 48 % de l’ensemble de la population immigrante accueillie au Québec entre 2006 et 2015.

De manière plus détaillée, les jeunes de 25 à 34 ans arrivent loin devant avec un total de près de 184 000 immigrants admis lors de cette période, ce qui correspond à 37 % du total des personnes immigrantes accueillies, toutes catégories confondues (immigration économique, regroupement familial et réfugiés).

Comme c’est le cas de l’ensemble des jeunes Canadiens, ceux du Québec sont pour la plupart installés dans les villes, ou à tout le moins dans les différentes régions métropolitaines de la province (84 %).

 

Fait à noter, cette forte proportion est néanmoins inférieure à celle observée à la grandeur du pays (86 %) et dans la province voisine, l’Ontario (92 %).

Des travailleurs plus éduqués

 

Et qu’est-ce qui occupe les jeunes ? Les études, le travail ou les deux en même temps, selon leur âge. Chez les 15-19 ans, 51 % des jeunes sont seulement aux études, mais cette proportion diminue rapidement à 19 % chez les 20-24 ans et à 7 % chez les 25-29 ans.

À l’inverse, les jeunes qui ne font que travailler sont peu nombreux chez les 15-19 ans (12 %), mais la proportion monte en flèche avec les années : 41 % chez les 20-24 ans et 68 % chez les 25-29 ans.

 

Pour ce qui est de ceux et celles qui concilient les études et le travail, leur proportion demeure stable entre 15 et 24 ans (environ un jeune sur trois), mais elle chute considérablement par la suite, à mesure que les jeunes terminent leurs études pour intégrer le marché du travail pour de bon.

En ce qui concerne le niveau de scolarité, l’écart entre les jeunes d’aujourd’hui et les Québécois à l’aube de la retraite est frappant.

Plus du tiers des 25 à 34 ans ont décroché un certificat ou un diplôme universitaire (peu importe le niveau), alors que moins du quart des 55-64 ans ont fait de même (23 %).

La cohorte comptant le plus grand nombre de diplômés universitaires est cependant celle des 35-44 ans, lesquels ont obtenu un certificat, un baccalauréat ou un diplôme supérieur dans une proportion de 39 %.

 

Les diplômés d’un collège, d’un cégep ou d’une école de métier sont plus nombreux chez les jeunes que chez les plus âgés, mais la différence n’est que de quelques points de pourcentage. Comme on peut s’y attendre, l’écart est toutefois plus grand lorsqu’il est question de ceux et celles qui ont mis un terme à leurs études après avoir obtenu un diplôme d’études secondaires (DES), ou qui n’ont pas décroché de diplôme.

Au Québec, 16 % des 25-34 ans ont arrêté d’étudier après le DES, une proportion bien plus basse que celle observée chez les 55-64 ans (25 %). Il en va de même pour les non-diplômés : la proportion est de 10 % chez les plus jeunes, comparativement à 20 % chez les plus vieux.

Des locataires aux moyens variables

 

Pour connaître les priorités, les aspirations et les inquiétudes des jeunes Québécois, on peut aussi jeter un coup d’oeil au contenu de leur portefeuille. Les données compilées en 2016 par l’Institut de la statistique du Québec montrent que le salaire horaire moyen des jeunes de 15 à 29 ans varie considérablement selon l’occupation de la personne sondée.

Il y a deux ans, les étudiants à temps plein gagnaient en moyenne 13,10 $, soit légèrement plus que le salaire minimum de 10,75 $ en vigueur à partir du 1er mai 2016. Les étudiants à temps partiel s’en sortaient mieux, avec un salaire horaire de 18,50 $, tandis que les jeunes de 15 à 29 ans qui n’étaient pas aux études touchaient 19,40 $. En comparaison, le salaire horaire moyen enregistré cette année-là dans l’ensemble du Québec était de 24,23 $.

 

Avec des moyens financiers limités, la majorité des jeunes n’est pas en mesure d’acquérir une propriété avant l’âge de 35 ans. En analysant le taux de propriété selon le groupe d’âge du principal soutien au ménage, on constate que seulement 17 % des moins de 25 ans sont propriétaires de leur lieu de résidence, une proportion qui augmente à 44 % chez les 25-34 ans.

 

Ces taux sont de loin inférieurs à ceux des autres groupes d’âge, le sommet étant atteint par celui des 55-64 ans (70 %), mais ils sont aussi plus faibles que ceux observés dans l’ensemble du Canada. Le taux de propriété au pays est de 20 % chez les moins de 25 ans et de 48 % chez les 25 à 34 ans. En fait, selon les données de la plus récente Enquête nationale auprès des ménages, la proportion de propriétaires est inférieure au Québec dans tous les groupes d’âge, si on la compare à celle des citoyens établis d’un bout à l’autre du pays.

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