École à la maison: un règlement laxiste, jugent les partis d’opposition

Le nouveau règlement qui encadre l’école à la maison n’empêchera pas les parents d’enseigner que la Terre est plate ou que les hommes sont supérieurs aux femmes, a déploré l’opposition à Québec jeudi.
Le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) ont vivement réagi à la publication du règlement, qui est laxiste selon eux.
En vertu des nouvelles règles, le français, une deuxième langue et les mathématiques devront être enseignés à la maison, mais sans plus. Les examens du ministère de l’Éducation demeurent optionnels.
En revanche, les parents devront fournir au ministère des plans d’apprentissage et des évaluations de leurs enfants, en plus d’offrir des « activités variées et stimulantes ».
Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, estime que son règlement respecte le droit des familles d’enseigner à la maison, tout en assurant le respect du « tronc commun » de l’éducation au Québec.
Mais pour la vice-chef du PQ, Véronique Hivon, il est impératif que tous les petits québécois puissent avoir les mêmes chances de réussite. Cela passe entre autres par l’apprentissage des sciences, de l’histoire et de la géographie, selon elle.
Les nouvelles balises gouvernementales n’empêchent en rien les enfants de continuer à fréquenter pendant toute la journée des écoles religieuses, s’est-elle indignée au Salon bleu.
Le porte-parole caquiste en matière d’éducation, Jean-François Roberge, a plaidé pour sa part que les enfants qui voudraient un jour réintégrer le réseau scolaire ne pourront pas le faire, faute d’acquis. « On les abandonne », a-t-il déclaré.
Trop flexibles, les nouvelles dispositions permettraient aussi aux familles francophones de contourner la loi 101 et de faire l’école à la maison en anglais, se sont par ailleurs inquiétés les partis, qui exigeront des modifications au règlement.
À l’heure actuelle, environ 2000 enfants sont inscrits à une commission scolaire et font l’école à la maison. Il y en a beaucoup plus qui ne sont pas inscrits, selon le ministre, qui s’est dit convaincu jeudi que la loi 144 aidera le gouvernement à reprendre contact avec ces familles.
Identifiés et suivis
La loi 144, adoptée le 9 novembre dernier, vise à garantir à tous les enfants, quel que soit leur statut, l’accès au régime pédagogique québécois. Trois groupes d’enfants sont particulièrement visés : les enfants qui étudient dans des écoles religieuses, ceux qui sont scolarisés à la maison et les enfants sans-papiers.
La loi permet aux autorités de croiser les données de l’assurance maladie avec les inscriptions à l’école. Les enfants qui ont une carte soleil, mais pas de code permanent, seront identifiés et suivis, a promis le ministre.
Il s’était engagé, après l’adoption de la loi, à déterminer par règlement les normes applicables en matière d’enseignement à la maison. M. Proulx doit aussi créer une table de concertation nationale sur l’enseignement à la maison et produire un guide à cette fin d’ici 2019.
Par ailleurs, le ministre a profité du débat sur le règlement jeudi pour annoncer une augmentation des sommes réservées aux enfants qui font l’école à la maison.
Le budget annuel passera de 3 millions à 7 millions et sera versé aux commissions scolaires, qui offriront en retour à ces familles des manuels scolaires, des services d’orthopédagogie, d’orthophonie, etc.
De plus, les familles qui font l’école à la maison devront pouvoir avoir accès aux gymnases, aux bibliothèques et aux laboratoires de sciences des commissions scolaires.
« À partir de maintenant, on va les connaître, il y aura des obligations pour leurs parents, ces enfants auront l’obligation d’être exposés à un programme éducatif », a affirmé M. Proulx.
« Oui, le projet d’apprentissage sera supervisé par le gouvernement, oui, le projet d’apprentissage pourra les amener à passer les examens du ministère s’ils veulent y aller. […] C’est ça, protéger les enfants », a-t-il ajouté.