Murdochville - Feu vert du BAPE aux projets d'éoliennes

Les deux projets auront une puissance totale de 108 MW. Ils produiront 212 GW par année.
Photo: Les deux projets auront une puissance totale de 108 MW. Ils produiront 212 GW par année.

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) recommande à Québec de donner le feu vert aux deux parcs d'éoliennes de Murdochville, deux projets conçus en dehors du bloc de 1000 MW qui a fait l'objet d'un récent appel d'offres d'Hydro-Québec pour la même région.

Les deux parcs, développés par deux sociétés commerciales réunissant les mêmes investisseurs, ont été étudiés en audiences l'automne dernier. Québec avait même accepté, malgré les dispositions réglementaires exigeant une étude intégrée des projets soumis à la procédure d'évaluation publique, d'autoriser sans audience une première phase de neuf MW pour chacun des deux projets, ce qui leur permettait de se qualifier à une déduction fiscale fédérale de 100 % à titre de banc d'essai plutôt qu'à la déduction ordinaire de 30 %. Malgré cela et en dépit de plusieurs critiques sur les faiblesses de l'étude d'impacts, aucun des intervenants ne s'est opposé à la réalisation des deux projets de Murdochville, ce que note la commission d'évaluation dans son rapport, signé par le président du BAPE, André Harvey.

Les deux projets des monts Cooper et Miller auront une puissance installée totale de 108 MW avec un facteur d'utilisation se situant entre 40 et 45 %. Ils produiront 212 GW, ou 0,21 TWh, chaque année.

Selon le rapport d'évaluation environnementale, la commission estime globalement que la réalisation des deux parcs «n'aurait pas d'impacts significatifs et qu'elle est souhaitable. Toutefois, certaines mesures doivent être prises afin qu'ils s'inscrivent dans la perspective d'un développement durable».

Le rapport indique qu'une des faiblesses principales de l'étude d'impacts réside dans la faiblesse des inventaires réalisés sur la faune aviaire, qui devraient à son avis être «plus exhaustifs» même si les études démontrent ailleurs dans le monde que les mortalités dépassent rarement 1,5 à 1,8 oiseau par année par éolienne, ce qui est très bas et inférieur à beaucoup d'autres équipements installés en pleine nature par les humains. Dans le cas de Murdochville, la commission aurait souhaité disposer d'un inventaire plus précis d'une espèce précaire de l'endroit, la grive de Bicknell. Elle aurait par ailleurs souhaité avoir une meilleure identification des corridors migratoires de la région, ce qu'a soulevé le mémoire d'un groupe d'étudiants en environnement de l'UQAM.

Ce mémoire a d'ailleurs soulevé une controverse particulière au cours de l'audience. En effet, selon le journal EnviroBref de l'UQAM, la firme de consultant SNC-Lavalin, responsable de ces études, a menacé de poursuivre au civil les étudiants en question s'ils ne retiraient pas leur mémoire. Le BAPE a refusé d'autoriser ce retrait, ce qu'il ne fait jamais afin de fermer la porte à toute tentative d'intimidation de qui que ce soit. Après des négociations réparties sur plusieurs jours entre la direction de l'université et SNC-Lavalin, il a été convenu d'ajouter une note au mémoire des étudiants, précisant que le document avait été réalisé dans le cadre d'une démarche scolaire. Les étudiants, qui ont obtenu une très haute note pour leur travail, devaient simuler un contrat de contre-expertise d'une étude d'impacts réelle et récente. Pour les consultants du promoteur, les critiques qu'on faisait de leur travail jetaient un doute sur leur compétence professionnelle.

Quant au rapport du BAPE, il soulève dans le cas de l'éolien un vieux problème que les écologistes soulignent depuis des années dans le cas de la filière hydroélectrique: la commission souhaite clairement que les multiples projets annoncés ne soient pas tous évalués séparément, projet par projet, mais dans une approche plus globale, dans l'intérêt de la région et de la filière en cause.

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