Québec ouvert à l’idée de mieux soutenir les plus vulnérables

Le gouvernement libéral ouvre la porte à une révision à la hausse de l’allocation de dépenses personnelles — actuellement 215 $ par mois — des milliers de personnes handicapées hébergées en ressources intermédiaires. « On va essayer de trouver une solution, s’il y en a une, avec la RAMQ », a déclaré le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, mardi.
Les personnes handicapées en situation de pauvreté en ressources intermédiaires et en ressources de type familial n’ont pas touché un sou de la hausse de la prestation de solidarité sociale de 73 $ par mois en vigueur depuis le 1er février dernier. En effet, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) s’est emparée du montant. Pour y arriver, elle a fait passer la « contribution » exigée de la part des résidents recevant des prestations de solidarité sociale de 747 $ à 820 $, ont dénoncé les partis politiques d’opposition à l’occasion de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale. La Coalition avenir Québec menait la charge.
« Le gouvernement donne d’une main et reprend de l’autre », avait dénoncé la curatrice privée Nicole David dans un entretien avec Le Devoir samedi. Elle croyait que son protégé, Jean-Pierre (nom fictif), qui est atteint d’une forme grave d’autisme qui le laisse muet et qui a un pied bot qui restreint sa mobilité, pourrait dorénavant mettre de côté un montant d’argent afin d’acquitter les frais d’inscription à un camp d’été ou encore procéder à l’achat d’une paire de chaussures orthopédiques. Elle avait tort.
La RAMQ garantit une allocation de dépenses mensuelle de 215 $ à toute personne en situation de pauvreté en ressources intermédiaires. Ainsi, elle garde le reste de la prestation d’aide de dernier recours, c’est-à-dire 820 $ pour les personnes ayant des contraintes sévères, 567 $ pour les personnes ayant des contraintes temporaires ou encore 433 $ pour les personnes sans contraintes à l’emploi.
215 $ par mois, est-ce suffisant ? a demandé Le Devoir. « Je fais toujours attention de ne pas porter de jugement sur ce qui est suffisant ou pas suffisant pour vivre », a rétorqué M. Blais à la sortie du Salon bleu. « Ces gens-là sont logés et nourris. Ceux qui sont à l’extérieur ont un appartement qui coûte de plus en plus cher. Ils ont de la nourriture à payer », a-t-il ajouté.
Le chef caquiste, François Legault, a quant à lui répondu sans détour. « On parle des gens qui sont les plus vulnérables de notre société. On ne parle pas de montants astronomiques ! Faisons preuve d’un peu de compassion, puis essayons de mieux les aider. Puis arrêtons d’utiliser toutes sortes de trucs pour leur couper de l’argent », a-t-il lancé dans un point de presse.
Avec l’appui du Parti québécois et de Québec solidaire, le député de Lévis, François Paradis, a tenté de faire adopter une motion « exige[ant] du gouvernement du Québec de reculer et d’annuler immédiatement ce nouveau choc tarifaire », mais en vain.
François Blais dit néanmoins réfléchir à un mécanisme permettant d’améliorer les conditions de vie des milliers de Québécois « à faible revenu » en ressources intermédiaires en ajustant le barème des contributions « pour tout le monde » — non seulement des prestataires d’aide de dernier recours.
L’auteur du Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale dit avoir interpellé le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à ce sujet. « Il est prêt à ce qu’on regarde ça. Si on le regarde, on va le regarder en toute équité vis-à-vis des autres personnes qui ont des revenus, par exemple de la Régie des rentes du Québec, qui sont assez faibles », a-t-il souligné.