Bénéfice record pour Hydro: 1,93 milliard 965 millions ont été versés au gouvernement

En 2003, Hydro-Québec a enregistré un bénéfice net de 1,93 milliards, dont la moitié, soit 965 millions, a été versée à son seul et unique actionnaire, le gouvernement du Québec. Ce fut à la fois le plus important bénéfice net (en hausse de 26,5 %) et le plus important dividende dans l'histoire de la société d'État. «Une bonne année», a simplement déclaré en conférence de presse Daniel Leclair, vice-président et chef des services financiers.

Évidemment, avec la hausse des tarifs de 3 % en vigueur depuis le 1er janvier dernier, à laquelle s'est ajoutée une autre augmentation de 1,41 % au début de ce mois, les journalistes ont tout de suite demandé quelles étaient les prévisions de M. Leclair pour l'exercice 2004. «J'ai eu assez de misère à faire les résultats de 2003, ne me demandez pas de prédire ce que sera 2004», a répondu le vice-président, qui demeure néanmoins confiant qu'Hydro-Québec connaîtra une autre bonne année. On lui avait en effet demandé si la société pourrait atteindre l'objectif mentionné par le ministre des Finances d'un bénéfice de 2,1 milliards entre avril 2003 et mars 2004.

Les résultats de 2003 sont en fait attribuables à une importante diminution de 324 millions des frais financiers par suite d'un remboursement net de la dette à long terme mais aussi à cause de faibles taux d'intérêt et de l'appréciation du dollar canadien. «C'était la première fois que je voyais un changement aussi rapide dans le taux de change», a mentionné M. Leclair. La baisse à long terme de 3,7 milliards est aussi attribuable à un remboursement net de 730 millions.

Le vice-président a toutefois prévenu que les taux d'intérêt ont sans doute atteint leur point le plus bas et qu'il faut s'attendre à une remonté des taux par suite des dépenses accrues des gouvernements, en tout premier lieu celui des États-Unis, qui augmentent leurs dettes. Quoi qu'il en soit, le vice-président pense qu'il sera possible, même si cela représente «un gros défi», de contenir les charges d'exploitation à leur niveau de 2003, en hausse de 1,7 % par rapport à 2002.

Hydro-Québec a par ailleurs obtenu des produits de 11,4 milliards, en baisse de 12,1 % sur ceux de 2002. Cette réduction de 1,57 milliard découle d'une diminution du volume des ventes sur les marchés hors Québec, mais il y a aussi eu une baisse du volume des achats hors Québec de 1,7 milliard. En revanche, il y a eu une forte croissance de la demande au Québec, de l'ordre de 8,5 TWh, qui a généré des revenus additionnels de 466 millions. Il y a notamment eu, l'an dernier, environ 42 000 unités additionnelles de logement au Québec, ce qui signifie autant de clients additionnels pour Hydro.

Par secteur, Hydro-Québec Production a déclaré un bénéfice net de 1,74 milliard, en hausse de 178 millions sur 2002. La division TransÉnergie a enregistré un bénéfice net de 397 millions, en hausse de huit millions, et la division Distribution a subi une perte de 133 millions, en comparaison d'une perte de 276 millions un an plus tôt. Les travaux de construction ont coûté 1,6 milliard, en hausse de 42,2 %.

Les investissements de la société d'État ont totalisé 3,2 milliards, pour un grand total de 13,2 milliards depuis 1999. «Hydro-Québec a ainsi repris le rôle de levier économique qu'elle jouait dans les années 80», a souligné M. Leclair en insistant tout au long de sa présentation sur l'importance de maintenir la société d'État très compétitive et par conséquent rentable. «Une compagnie qui ne fait pas d'argent ne pourra pas garder sa compétitivité», a-t-il soutenu. De 2002 à 2003, le rendement de l'avoir propre est passé de 11 à 13,2 % alors que le taux moyen du coût de la dette a légèrement régressé, de 8,4 à 8,3 %.

Depuis 1997, Hydro-Québec a versé 3,9 milliards en dividendes à son actionnaire. Cet actionnaire, comme on a pu le constater dans le discours du budget du ministre Yves Séguin, compte encore sur les dividendes d'Hydro-Québec pour boucler son propre budget à l'avenir, en plus d'imposer une taxe sur les services publics qui va coûter au moins 150 millions à Hydro-Québec, et ultimement, à ses clients consommateurs d'électricité.

Depuis 1997, en vertu d'une entente conclue entre le gouvernement et Hydro, le dividende doit atteindre 50 % du bénéfice net à la condition que le taux de capitalisation soit d'au moins 25 %. Le taux de capitalisation est le capital-action divisé par la dette plus le capital-action. Ce taux est passé de 26,2 % en 2002 à 29,9 % en 2003. Cette remontée est souhaitée afin de satisfaire les agences de notation de crédit, qui trouvent qu'un niveau de 25 % est trop bas. «Comme Hydro envisage de dépenser 19 milliards au cours des prochaines années, il faut que la capitalisation suive», a affirmé le vice-président. Et cela signifie bien sûr que les tarifs doivent également suivre.

M. Leclair a évidemment un tableau bien clair qui montre que même avec les hausses tarifaires de 2004, Hydro-Québec offre encore les tarifs parmi les plus bas au monde. L'électricité est 60 % moins chère à Montréal qu'à Toronto et cinq fois moins chère qu'à New York. Dans le rapport annuel, André Caillé, président-directeur général, rappelle que sur le marché québécois, la consommation a atteint en 2003 la quasi-totalité du volume d'électricité patrimoniale. Il ajoute que la demande devrait croître de 1,3 % par année en moyenne jusqu'en 2008, ce qui portera les besoins à 1777,5 TWh. Il répète ce qu'il a souvent dit depuis un certain temps, à savoir que des approvisionnements additionnels sont requis pour combler les besoins à court terme du marché québécois.

En ce qui concerne le dividende, qui équivaut à 50 % des bénéfices, M. Leclair a souligné que ce n'est pas une norme inhabituelle dans les entreprises, mais il trouverait néanmoins normal que le taux évolue vers les 40 %, bien que la loi actuelle permette au gouvernement d'exiger jusqu'à 75 % des bénéfices, à la condition que le taux de capitalisation de 25 % soit respecté.

À voir en vidéo