La solidarité sociale et le test électoral

Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais

La Coalition avenir Québec refuse de dire si le Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale, qui prévoit une hausse notable de l’aide financière accordée à des personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi, survivrait à une victoire de l’équipe de François Legault aux prochaines élections générales.

« Nous allons faire connaître notre programme électoral en la matière en temps et lieu », s’est borné à dire l’attaché de presse de la CAQ, Samuel Poulin, jeudi.

Le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, entend hausser progressivement le revenu disponible de certaines personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi — de 12 749 $ en 2017 à 18 029 $ en 2023 — notamment au moyen d’une aide supplémentaire.

18 029 $
C’est le montant qu’obtiendra un bénéficiaire de la solidarité sociale en 2023 si le plan d’action du ministre François Blais est adopté.

En effet, celle-ci serait réservée aux « adultes prestataires de la solidarité sociale ayant des contraintes sévères à l’emploi et bénéficiant du Programme de solidarité sociale depuis au moins 66 mois (cinq ans et demi) au cours des 72 derniers mois (six dernières années) ».

M. Blais proposera un projet de loi en ce sens qui, espère-t-il, sera adopté par l’Assemblée nationale d’ici la fin de la session parlementaire.

La Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec (COPHAN) croise les doigts afin que les modifications législatives nécessaires à l’instauration d’un « revenu de base » ne se heurtent pas à la résistance d’élus aveuglés par des considérations strictement politiques à l’approche du scrutin. « On espère que le projet de loi sera adopté avant les élections pour ne pas que les décisions soient annulées par le prochain gouvernement », dit la présidente de la COPHAN, Véronique Vézina. Cela dit, elle s’inquiète « surtout » de voir d’autres groupes de défense des droits des prestataires des programmes d’assistance sociale jouer les trouble-fête.

Le déploiement du Plan d’action gouvernemental pour l’inclusion économique et la participation sociale permettra à la plupart des personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi de s’appuyer, dans cinq ans, sur un revenu disponible à la consommation équivalent à 100 % de la valeur d’un panier de biens et services calculée pour sa collectivité ou semblable à la sienne, affirme-t-elle.

Des représentants du COPHAN rencontreront des membres de l’équipe de M. Blais lundi prochain afin de tenter de les convaincre de prévoir un « accès plus rapide » au nouveau programme de « revenu de base » aux individus qui ont reçu « ce qu’on appelle un “diagnostic évident”, qui en raison de leurs limitations ne pourront jamais accéder au marché du travail peu importe ce qu’on fait ». Elle a en tête les personnes « polyhandicapées », atteintes d’une « déficience intellectuelle profonde mêlée avec une déficience physique importante » ou encore « certaines personnes autistes [ayant] des troubles de comportement ».

73 $ de plus

La prestation de solidarité sociale, qui est versée aux adultes ayant des contraintes sévères à l’emploi sans égard à la date de leur inscription, bondira de 73 $ à compter du 1er février prochain, passant de 962 $ à 1035 $ par mois, a décrété le Conseil des ministres le 17 janvier dernier.

« 73 $, c’est minimalement une ou deux épiceries de plus par mois, de meilleures conditions pour s’alimenter, pour se loger, pour se vêtir », dit Mme Vézina au Devoir. « Je vais vous dire : pour les gens qui vont en bénéficier, même si ce n’est pas la totalité de ce qu’ils ont besoin, c’est très bien reçu. » Les participants à ce programme d’assistance sociale toucheront ainsi 12 347 $ en 2018, comparativement à 11 448 $ en 2017. Il s’agit d’une hausse de 899 $.

En tenant compte du crédit d’impôt pour la solidarité et du crédit pour la taxe sur les produits et services, une personne qui a des contraintes sévères à l’emploi verra son revenu de base passer de 70,8 % à 75,6 % de la mesure du panier de consommation, selon le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

Aide sociale : hausse cinq fois moins importante

Les prestations d’aide sociale de base, elles, croîtront de 15 $ le 1er février prochain, pour s’établir à 648 $ par mois. « On s’entend, ce n’est pas un gros montant », dit le porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Serge Petitclerc. « C’est certain que chaque dollar est le bienvenu dans des situations aussi épouvantables, mais si l’objectif est de faire une différence significative dans la vie des gens, on passe à côté », conclut-il.

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