Au tour de Lisée de s’en prendre à l’aide accordée aux médias

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, a souscrit mercredi matin aux critiques du patron de presse Pierre Karl Péladeau concernant l’aide financière octroyée à certains médias du Québec — dont Le Devoir — par le gouvernement Couillard.
« Que le gouvernement libéral donne 10 millions de dollars, sans transparence, sans reddition de comptes, à un groupe de presse dirigé par un libéral, et dont on sait que la ligne éditoriale de leur propriétaire, c’est d’appuyer le Parti libéral : est-ce que ça pose problème ? » a demandé M. Lisée. « Évidemment que ça pose problème », a-t-il répondu.
Son commentaire faisait référence au Groupe Capitale Médias, un regroupement de quotidiens régionaux détenus par l’ex-ministre libéral fédéral Martin Cauchon. Les six journaux, détenus par le groupe Gesca jusqu’en mars 2015, ont reçu le 13 décembre un prêt de 10 millions de dollars de la part du gouvernement Couillard.
Le Devoir a obtenu un prêt de 526 000 $ quelques jours plus tard.
« Est-ce qu’il faut soutenir Le Devoir ? Bien sûr. Est-ce qu’il faut soutenir la presse régionale ? Bien sûr. Mais il faut le faire dans un cadre qui est clair, qui est transparent, qui ne prête flanc à aucune critique. Ce n’est pas ce que le gouvernement a fait, a déploré Jean-François Lisée. Je pense que Pierre Karl a tout à fait raison de dire que ce n’est pas comme ça qu’on doit assurer l’indépendance de la presse. »
Pas de « normes »
Mardi, dans une entrevue où il a laissé entendre qu’il pourrait revenir dans l’arène politique, le grand patron de Québecor s’est dit convaincu que le prêt octroyé à Capitales Médias allait être « radié ». « Sans normes, on ne sait pas d’où ça vient, aucune transparence. Ça va servir à quoi ? Ça va être remboursé comment ? Zéro détail ! » a-t-il lancé au micro de Radio-Canada.
L’aide financière accordée par Québec a soulevé l’ire de Pierre Karl Péladeau, qui utilise les réseaux sociaux depuis décembre pour en dénoncer la mécanique, la nature et l’impact.
« C’est vrai qu’après avoir reçu 10 millions de dollars de la part du gouvernement du chef du PLQ, Philippe Couillard, [c’est] bien normal que de se faire le messager de ses politiques et le véhicule médiatique privilégié. Voilà la démocratie du Parti libéral du Québec », a-t-il écrit sur Twitter le 17 janvier. « Henri Bourassa se retournera dans sa tombe, lui qui a fondé et dirigé un journal indépendant. La direction actuelle aura renoncé à cette mission fondamentale », a-t-il aussi écrit au sujet du Devoir.
Exclusif ... C'est vrai qu'après avoir reçu 10 000 000 $ de la part du gouvernement du chef du PLQ @phcouillard , bien normal que de se faire le messager de ses politiques et le véhicule médiatique privilégié. Voilà la démocratie du @LiberalQuebec https://t.co/AaFTtiOncI
— Pierre Karl Péladeau (@PKP_Qc) 17 janvier 2018
Si @LeDevoir reçoit lui aussi un « prêt » du gouvernement de @phcouillard, comme l’indiquait Bernard Drainville ce matin, Henri Bourassa se retournera dans sa tombe, lui qui a fondé et dirigé un journal indépendant. La direction actuelle aura renoncé à cette mission fondamentale.
— Pierre Karl Péladeau (@PKP_Qc) 14 décembre 2017
Le patron de presse a néanmoins laissé entendre qu’il accepterait une telle aide de Québec si elle lui était offerte. « Des stations régionales de Groupe TVA aussi perdent de l’argent. Est-ce que Philippe Couillard va également avoir une attention particulière à leur égard ? » a-t-il demandé le 14 décembre.
Des stations régionales de @Groupe_TVA aussi perdent de l’argent. Est-ce que @phcouillard va également avoir une attention particulière à leur égard?
— Pierre Karl Péladeau (@PKP_Qc) 14 décembre 2017
Devant les journalistes, Jean-François Lisée a refusé de condamner les méthodes de Pierre Karl Péladeau, qui cible parfois des journalistes lorsqu’il formule des critiques. « Chacun son style », a-t-il déclaré. « Je pense que les journalistes de ces médias-là sont parfaitement indépendants, bien sûr, mais il y a quand même quelque chose de très bizarre dans la façon dont M. Couillard gère ses subventions », a-t-il ajouté.