Santé mentale: les politiques libérales suscitent de l'inquiétude
La fusion projetée des établissements de soins de santé ainsi que l'orientation prise par le budget Séguin ne disent rien qui vaille aux organismes alternatifs en santé mentale, qui craignent même que leur survie ne soit remise en question à moyen terme.
Hier, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale (RRASMQ), qui rassemble une centaine d'organismes communautaires actifs dans le domaine de la santé mentale, s'est dit très inquiet de l'impact des politiques libérales à venir.Ce regroupement craint tout particulièrement l'impact des fusions d'établissements de santé, prévues dans le cadre de la loi 25, qui entraînera l'an prochain la création de réseaux locaux et la concentration des ressources budgétaires. Pour le milieu communautaire, ces fusions pourraient miner l'approche communautaire destinée à aider, en ayant recours aux rapports humains, les personnes souffrant de problèmes de santé mentale.
«La création des réseaux locaux ouvrira la porte à la signature d'ententes avec les groupes communautaires. On craint qu'on nous pousse à signer des contrats avec ces réseaux pour obtenir des subventions plutôt que de maintenir le financement stable des organismes communautaires», a fait valoir Jean Gagné, porte-parole de ce regroupement.
Dans ces nouveaux réseaux locaux, les organismes communautaires craignent de voir leur mission diluée et leurs budgets vampirisés par les établissements curatifs.
Plus encore, le dernier budget Séguin, estime le porte-parole du RRASMQ, n'a autorisé aucune somme additionnelle pour l'ensemble des organismes communautaires. Les 22 millions annoncés pour la santé mentale seront massivement injectés dans l'aide aux personnes suicidaires. Des fonds nécessaires, convient M. Gagné, mais qui laissent en plan toutes les personnes aux prises avec d'autres problèmes de santé mentale.
Le 30 mars dernier, lors d'une rencontre avec le ministre de la Santé, Philippe Couillard, le regroupement a tout au plus obtenu l'assurance que leurs budgets actuels «seraient protégés». Mais cet engagement ne suffit pas à rassurer le milieu communautaire.
Plus encore, un groupe d'appui sur les services de santé mentale mis en place en 1999 par le régime péquiste — qui se montrait fort favorable à l'approche communautaire — a été sabordé en décembre et remplacé par un groupe d'experts qui doit recommander des pistes pour réactualiser la politique de santé mentale. Selon le RRASMQ, ces experts pourraient être plutôt favorables à une approche strictement «curatrice», fortement axée sur les prescriptions médicamenteuses.
«Le contexte général nous fait craindre que l'autonomie des groupes communautaires ne soit menacée par les réformes libérales, a affirmé M. Gagné. C'est pourquoi nous souhaitons la tenue d'un nouveau forum pour faire le point sur toutes ces questions.»