Sécurité routière: protéger plus vulnérable que soi

Québec a déposé vendredi une version remaniée du Code e la sécurité routière qui consacre le principe du partage de la route entre les usagers, automobilistes comme cyclistes ou piétons.
Photo: Catherine Legault Le Devoir Québec a déposé vendredi une version remaniée du Code e la sécurité routière qui consacre le principe du partage de la route entre les usagers, automobilistes comme cyclistes ou piétons.

Le projet de réforme du Code de la sécurité routière présenté par Québec vendredi introduit un principe de prudence à l’égard des plus vulnérables sur la route et propose une série de mesures pour mieux protéger les cyclistes et les piétons. Il s’agit d’un pas dans la bonne direction, reconnaissent les groupes représentant les piétons et les cyclistes, mais d’autres gestes devront être faits pour améliorer la cohabitation sur les routes, préviennent-ils.

« Tout usager de la route est tenu, surtout à l’égard de celui qui est plus vulnérable que lui, d’agir avec prudence et respect lorsqu’il circule sur un chemin public. » Intégrée dans le projet de Code de la sécurité routière, cette phrase témoigne d’une nouvelle philosophie plus inclusive à l’égard des piétons et des cyclistes.

Vélo Québec n’a pas manqué d’applaudir l’introduction de ce principe qu’il réclamait depuis des années. Les routes ne se limitent plus à permettre aux véhicules de se déplacer. Elles sont désormais plus accueillantes pour les modes de transport « à échelle humaine », juge la p.-d.g. de Vélo Québec, Suzanne Lareau.

« C’est super positif. Ce principe de prudence est quelque chose qui avait fait consensus. C’est aussi de gros bon sens », observe Félix Gravel, porte-parole de Piétons Québec.

L’organisme Accès transports viables s’étonne toutefois que le nouveau Code dispose que « l’usager vulnérable est […] tenu d’adopter des comportements favorisant sa sécurité, notamment en s’assurant d’être vu par les autres usagers ». Cette disposition nécessite des clarifications, estime son directeur général, Etienne Grandmont.

Le nouveau Code de la sécurité routière fera toutefois grimper les amendes imposées aux cyclistes en cas d’infraction. De 15 à 30 $, celles-ci pourraient atteindre 100 $. Vélo Québec, qui plaide pour des amendes proportionnelles au danger pour autrui, juge ces montants trop élevés. En revanche, les cyclistes n’auront plus de points d’inaptitude.

Des omissions

 

Vélo Québec déplore que le ministre des Transports n’ait pas retenu la proposition faite par plusieurs organisations de permettre aux cyclistes de ralentir à l’intersection et de poursuivre leur route si ce chemin est dégagé, une pratique baptisée l’« Idaho stop ». L’organisme aurait aussi souhaité que les cyclistes puissent franchir les intersections aux feux pour piétons.

Pour sa part, Félix Gravel salue la place accordée aux concepts de « rue partagée » et de « vélorue » dans le projet de loi. Sur une rue partagée, les véhicules cohabitent avec les cyclistes et les piétons et leur vitesse ne doit pas excéder 20 km/h. Sur les vélorues, les voitures ne peuvent rouler à plus de 30 km/h.

M. Gravel se réjouit que les critères de ces deux aménagements soient clairement décrits dans le nouveau Code de la sécurité routière. Montréal a déjà aménagé des rues partagées sur son territoire, mais souhaite aussi implanter des vélorues. Elle n’aura plus à demander la permission à Québec pour aller de l’avant, fait valoir Félix Gravel.

Poursuivre le travail

 

Le nouveau Code modifie également les règles encadrant les passages pour piétons. Tout véhicule doit s’arrêter, non seulement si un piéton s’engage sur le passage, mais également s’il manifeste clairement son intention de le faire.

Les piétons seront également mieux protégés lorsqu’ils circulent sur les accotements en l’absence de trottoir. Les automobilistes devront alors respecter une distance d’au moins 1 m dans les zones de 50 km/h ou moins et de 1,5 m dans celles de plus de 50 km/h.

Québec n’a cependant pas fait écho aux demandes des cyclistes et des piétons au sujet de protections latérales sur les camions et d’une réduction de la taille des véhicules lourds. « Mais c’est vraiment au fédéral de faire ça », note Félix Gravel.

Malgré les progrès accomplis, les organismes demandent à Québec de poursuivre le travail afin d’améliorer le sort des cyclistes et des piétons.

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