Des militants péquistes souhaitent restreindre l’accès au cégep en anglais

Une proposition de militants péquistes de l’Estrie vise à restreindre l’accès des immigrants au cégep en anglais. 
Photo: Michaël Monnier Le Devoir Une proposition de militants péquistes de l’Estrie vise à restreindre l’accès des immigrants au cégep en anglais. 

Les délégués du Parti québécois (PQ) débattront la semaine prochaine de la possibilité d’interdire le cégep en anglais aux personnes qui n’ont fréquenté qu’un seul établissement francophone au cours de leur parcours scolaire.

En congrès à Montréal, ils devront étudier une proposition de militants estriens, qui suggèrent d’obliger la fréquentation d’un établissement d’enseignement francophone lors des « deux premiers diplômes préuniversitaires réalisés au Québec ».

En clair, une personne qui n’aurait étudié en français qu’au courant de ses études secondaires, par exemple, ne pourrait fréquenter un cégep anglophone. Le même principe — « des deux blocs », comme l’appellent certains militants — s’appliquerait à un jeune qui aurait seulement fait ses études primaires en français.

L’idée est d’assurer la pleine intégration, en français, des nouveaux arrivants. « Le choix des cégeps anglophones par une trop grande proportion d’élèves allophones représente un obstacle à leur pleine intégration à la société québécoise et à la préservation de la langue française comme langue commune », lit-on dans l’introduction de la proposition.

Un « point d’équilibre »

En clôture de caucus, jeudi à Shawinigan, le chef du PQ, Jean-François Lisée, a déclaré que son parti et ses militants tentaient de trouver « un point d’équilibre » sur la question de la langue. « La loi 101 au cégep, j’ai des raisons de penser que ce n’est pas une bonne idée, comme le pensait Jacques Parizeau. Mais on est ouverts à autre chose. La liste n’est pas fermée », a-t-il avancé. « Alors, faites-nous des propositions. C’est l’appel que je leur ai lancé [aux militants]. J’ai toujours voulu être en dialogue avec ceux qui veulent aller plus loin. »

Le PQ a intégré à son programme, en 2011, l’interdiction pour les étudiants francophones ou allophones de fréquenter le cégep en anglais. Une fois au pouvoir, le gouvernement de Pauline Marois a renoncé à cet engagement.

Selon Jean-François Lisée, cette proposition n’a plus la cote aujourd’hui. « Je sais que si on allait au vote sur la loi 101 dans les cégeps [au congrès], ce serait battu », a-t-il avancé. « On connaît déjà le score. Plutôt que de faire ça, est-ce qu’on peut trouver un point d’équilibre ? On essaie de le chercher. » Le chef n’a pas souhaité émettre de commentaires sur la proposition des « deux blocs ».

Renforcer la Charte

 

Parmi les autres propositions sur la langue mises en avant par les militants se trouve celle d’accorder le droit à l’enseignement en anglais « uniquement aux enfants dont les deux parents ont reçu la majorité de leur éducation en anglais ». Il s’agit là d’une proposition visant à renforcer l’article 76 de la Charte de la langue française, qui prévoit qu’un enfant dont un des parents a fréquenté l’école anglophone puisse obtenir une éducation en anglais.

Des militants de l’Estrie suggèrent aussi de « permettre aux étudiants des cégeps francophones qui le désirent et qui démontrent une maîtrise du français suffisante de suivre au cégep un parcours en anglais enrichi qui pourra comporter une session dans un cégep anglophone ».

Les propositions des militants seront soumises au vote des délégués, qui se réunissent en congrès la fin de semaine prochaine, à Montréal. C’est à ces derniers que revient la décision d’intégrer des propositions au programme du parti, ou non.

Pas de débat sur l’accès à l’indépendance

S’il y a un sujet dont ces délégués ne débattront pas, cependant, c’est celui de l’accession à l’indépendance. « Ça ne revient pas au congrès », a affirmé Jean-François Lisée. « Les gens ont vraiment intégré que la meilleure façon de faire l’indépendance du Québec, c’est d’abord de chasser les libéraux, et ensuite de réussir l’indépendance », a-t-il ajouté, en référence à son engagement de ne pas tenir de référendum avant 2022.

Le chef a par ailleurs refusé de formuler des commentaires ou des attentes quant au vote de confiance auquel il se soumettra pendant le congrès. Un sondage dévoilé il y a quelques jours lui accordait la faveur de 13 % des électeurs quant au choix du chef politique qui ferait le meilleur premier ministre du Québec. Le portrait n’était guère plus reluisant chez les sympathisants péquistes, qui étaient 59 % à croire qu’il ferait le meilleur premier ministre. « Je fais confiance aux membres du Parti québécois. Je les connais, je les ai vus, j’ai fait le tour du Québec », a-t-il simplement déclaré.

Des louanges

La présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent, a louangé jeudi le plan du Parti québécois (PQ) en santé — qui reprend plusieurs de ses revendications de longue date. « Je ne veux pas faire de comparaison, mais ça, c’est plus détaillé », a-t-elle dit au sujet du plan péquiste, qu’elle comparait à celui de la Coalition avenir Québec (CAQ), dévoilé plus tôt cette semaine. Le PQ propose de décloisonner les professions du domaine de la santé et d’augmenter le pouvoir des infirmières et d’autres professionnels de la santé. La CAQ insiste surtout sur l’importance d’assurer l’accès à un médecin de famille pour chacun des Québécois et de revoir le mode de rémunération des médecins.



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