Les femmes, grandes absentes de la partielle dans Louis-Hébert

L'ancien ministre Sam Hamad lors de sa démission en avril 2017
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne L'ancien ministre Sam Hamad lors de sa démission en avril 2017

Quatre candidatures dans Louis-Hébert et quatre hommes sur les rangs. Alors que les partis politiques multiplient les promesses d’atteindre la parité parmi leur bassin de candidats, cette élection partielle représente « une occasion ratée » de passer de la parole aux actes, croit le Groupe Femmes, Politique et Démocratie.

« C’était la même chose à l’élection générale de 2014 dans cette circonscription, rappelle en entretien Esther Lapointe, directrice générale de l’organisme qui vise une plus grande participation des femmes à la vie politique. Quatre hommes représentaient les quatre grands partis. »

« Pourquoi est-ce qu’on semble incapable d’aller chercher une femme ? se demande-t-elle. Est-ce que c’est un choix stratégique ? Je ne sais pas, il y a certainement des femmes compétentes là. C’est dommage, car chaque partielle représente une possibilité de changer la situation. »

Le premier ministre Philippe Couillard a confirmé mercredi que la partielle dans Louis-Hébert se tiendra le 2 octobre. Ce siège est vacant depuis le départ de l’ancien ministre Sam Hamad en avril.

Promesses

 

Alors qu’à Ottawa le premier ministre Trudeau arrive à maintenir la parité au sein de son conseil des ministres d’un remaniement à l’autre, le Parti libéral, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont tous promis récemment d’améliorer leur bilan en matière de parité dans les candidatures. Québec solidaire respecte le principe depuis quatre élections déjà.

En juin, Philippe Couillard s’est engagé à faire avancer son parti « le plus possible dans la zone de parité » pour les candidatures aux élections de 2018. Le premier ministre a demandé aux militants de s’engager à faire en sorte qu’il y ait au moins 40 % de candidates.

Selon Esther Lapointe, c’est là le « plancher de la parité ». Le Conseil du statut de la femme (CSF) recommandait d’ailleurs, dans un avis remis au gouvernement en 2015, de fixer à un minimum de 40 % la proportion de candidatures féminines, sous peine de sanctions. En 2014, les libéraux avaient présenté 35 femmes sur 125 candidats (28 %).

Le PQ et la CAQ ont quant à eux profité du Sommet des femmes organisé par Lise Payette en mars 2016 pour promettre des efforts tangibles. Cette année, le chef Jean-François Lisée a précisé que le PQ « s’efforcera d’atteindre une zone de parité dans [ses] candidatures ».

À la CAQ, François Legault parlait à plus long terme en évoquant la promesse d’une réforme du mode de scrutin et l’obligation que les partis aient un « quota de 50 % de femmes pour les candidatures de liste ». « Il faut percer le boys club qu’est l’Assemblée nationale », disait-il.

Esther Lapointe estime que ces engagements sont importants. « Quand le chef le dit publiquement, ça devient une forme de commande. Et je pense qu’il y a réellement un effort fait pour recruter des candidates. Mais le bout qui manque aux partis, c’est de s’imposer 50 % : il faut que ce soit plus qu’un objectif. »

Efforts

 

Par rapport à Louis-Hébert, les responsables des partis concernés font valoir qu’une partielle est… une partielle. « C’est difficile d’être paritaire avec une seule chance. La marge de manoeuvre est mince », dit Élise Tanguay, responsable des relations publiques pour Québec solidaire (QS). « On voit ça dans un contexte plus large et dans l’optique des élections de 2018 », indique Maxime Roy, porte-parole pour le PLQ.

Au Parti québécois, le porte-parole Yanick Grégoire parle tout de même d’une « sensibilité qu’il faut garder à l’esprit » peu importe l’occasion. Élise Tanguay indique pour sa part que QS se fixe l’objectif de la parité dans les partielles lorsqu’il y en a plusieurs à se tenir le même jour — ce fut le cas deux fois depuis 2014.

« Ça demande des efforts, mais si on y arrive, les autres devraient pouvoir y arriver aussi, pense-t-elle. Il faut que ce soit une préoccupation constante dans la recherche de candidats. »

Partielles

 

Une compilation faite par Le Devoir montre que, pour les 14 partielles qui se sont tenues depuis l’élection générale de 2014, le ratio de candidates a frôlé le plancher évoqué par Esther Lapointe et le CSF.

Parmi les 55 candidats des quatre partis représentés à l’Assemblée nationale, on comptait 24 femmes et 31 hommes pour ces partielles, soit près de 44 %. Si on tient compte seulement du PLQ, du PQ et de la CAQ, la proportion des candidates baisse toutefois à 39 %.

Ces partielles ont néanmoins permis d’augmenter légèrement la présence féminine à l’Assemblée nationale. Dix hommes et quatre femmes représentaient ces circonscriptions au lendemain des élections de 2014: il y a maintenant huit hommes et six femmes. « C’est quand même encourageant », dit Esther Lapointe.

D’autant qu’une personne élue profitera selon elle d’une prime à la notoriété lors de l’élection suivante. « Ça donne une longueur d’avance. » Façon de dire que les partielles ont aussi un impact à plus long terme.

La partielle dans Louis-Hébert opposera Éric Tétrault (PLQ), Normand Beauregard (PQ), Normand Sauvageau (CAQ) et Guillaume Boivin (QS).

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