La CAQ estime qu’il n’y a pas de montée de l’extrême droite au Québec

Le groupe La Meute promet d’être très actif lors de la prochaine élection générale au Québec.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir Le groupe La Meute promet d’être très actif lors de la prochaine élection générale au Québec.

La Coalition avenir Québec (CAQ) estime qu’il n’y a pas de montée de l’extrême droite au Québec, en dépit de l’attention populaire qui est accordée à « quelques imbéciles excités dont personne ne veut », comme le député Éric Caire a décrit mardi les tenants de ce courant idéologique.

« Moi, je pense qu’il faut arrêter avec ça », a lancé le député de La Peltrie à son arrivée à la deuxième journée du caucus présessionnel de la CAQ, à Shawinigan. « Des imbéciles, oui, il y en a partout. Et il y a des situations qui les excitent un peu plus, qui font qu’ils sont un peu plus visibles », a-t-il ajouté.

« Je pense que leur présence est exagérée par les médias, a ajouté le chef de la CAQ, François Legault. Je ne pense pas qu’ils sont très nombreux. Je pense que la vaste majorité des Québécois sont des gens tolérants, accueillants. »

En caucus, la CAQ s’est positionnée contre l’intégration de membres du groupe identitaire La Meute dans ses rangs, après avoir tergiversé sur la question. « Si la question se posait, mais elle ne se pose pas, d’abord on en discuterait », a d’abord dit le député caquiste de Lévis, François Paradis. Son attaché de presse lui a ensuite soufflé un « non » bien senti. « Mais c’est une question qui ne se pose pas. D’abord, il ne serait pas bienvenu, non. De deux, il n’y en a pas », a-t-il donc ajouté.

Quelques heures plus tard, la position du parti s’est reflétée dans une déclaration du chef, François Legault. « Je n’aime pas les gens des extrêmes, que ce soit l’extrême gauche ou l’extrême droite. Ces gens-là ne sont pas bienvenus à la CAQ et, à ce que je sache, il n’y en a pas à la CAQ. On ne veut pas les avoir, a-t-il déclaré. Je considère que La Meute a un discours qui me déplaît souverainement, qui s’approche de la xénophobie et du racisme. »

Des ressemblances, selon La Meute

 

Pourtant, La Meute estime que, « pour l’essentiel, la CAQ dit la même chose que La Meute », a déclaré son porte-parole, Sylvain Brouillette, au Devoir.

Le groupe de « centre droit nationaliste » compte rencontrer des candidats aux élections d’octobre 2018 pour ensuite prendre position. Il sera « très présent dans le débat public lors de la prochaine campagne électorale », promet Sylvain Brouillette.

Or la CAQ ne cherche pas à obtenir l’appui de groupes identitaires comme Atalante ou La Meute. Si l’un d’eux appuyait publiquement le parti, « je leur dirais qu’on n’a pas besoin d’eux autres, a lancé Éric Caire. Je leur dirais qu’ils peuvent garder leur appui pour eux. »

À la veille de l’ouverture du caucus du Parti québécois (PQ), le chef Jean-François Lisée a refusé de s’engager à exclure de possibles péquistes qui seraient membres de La Meute. « On ne va pas passer des tests de polygraphe », a-t-il déclaré au Journal de Québec, avant d’ajouter qu’à son avis, les valeurs du PQ et de La Meute sont incompatibles.

Quant au Parti libéral, son porte-parole, Maxime Roy, a déclaré que son code d’éthique proscrit « l’intolérance, la discrimination, le sexisme, l’ethnocentrisme, le fanatisme, le racisme, ainsi que tout autre comportement ne respectant pas les droits fondamentaux des personnes ». « Si un tel cas était porté à notre connaissance, cette personne ne pourrait être membre du PLQ », a-t-il affirmé au sujet de La Meute.

Difficile à mesurer

La montée — ou non — de l’extrême droite est difficilement mesurable. En février, le ministère de la Sécurité publique a dévoilé des chiffres datant de 2014 qui indiquaient que 93 infractions à caractère haineux avaient été recensées cette année-là, contre 70 en 2010. Le Service de police de la Ville de Montréal avait aussi annoncé avoir recensé 55 crimes haineux en 2016, en comparaison de 24 en 2013. Il avait cependant souligné que l’ouverture du Centre de prévention de la radicalisation pouvait avoir mené à une augmentation du nombre de plaintes.

Peu importe à la CAQ, qui estime que la question de l’extrême droite — qui a occupé une partie du caucus présessionnel de Québec solidaire la fin de semaine dernière — occulte les questions « légitimes » que pose l’immigration. « Je ne voudrais pas qu’on mélange un débat qui est légitime, sur le respect de nos lois, sur l’immigration, sur l’intégration des immigrants, avec les étendards de quelques imbéciles excités dont personne ne veut », a affirmé Éric Caire.

François Legault a livré un plaidoyer pour des « balises claires » en ce qui concerne l’accueil des immigrants. « Ça crée des inquiétudes, chez les Québécois, le fait qu’il n’y ait pas de balises », a-t-il déclaré.

Depuis un an, la CAQ réclame une baisse de 20 % des seuils d’immigration au Québec, afin que la province accueille 40 000, et non plus 50 000 immigrants par an. « J’aime mieux en avoir 40 000 qui vont être bien intégrés que d’en avoir 55 000, mais [de voir] la moitié qui vont retourner chez eux en disant que le Québec n’est pas une terre d’accueil », a résumé Éric Caire.

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