Réforme du mode de scrutin: Rita de Santis refuse de participer à la consultation publique

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis, refuse de participer de près ou de loin à la « vaste consultation publique » sur la réforme du mode de scrutin, qui sera organisée sous l’égide du Mouvement démocratie nouvelle (MDN) l’automne prochain, y voyant un exercice « partisan ».
Le Parti québécois, la Coalition avenir Québec, Québec solidaire, Option nationale et le Parti vert du Québec ont pour leur part donné leur bénédiction à la mise sur pied d’une « commission itinérante » afin de sonder la population québécoise sur des solutions de rechange au mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour.
« C’est une consultation qui est partisane. Je ne peux pas participer [à] cela », a déclaré Mme de Santis dans un point de presse jeudi après-midi, avant de se livrer à un plaidoyer passionné pour défendre le mode de scrutin actuel. En plus de garantir l'« imputabilité » des députés, le bon vieux mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour offre « la clarté » et « la stabilité » à la population québécoise. « Si on a un scrutin mixte, proportionnel, c’est très, très, très rare ou presque impossible d’avoir un gouvernement majorit[aire]. Et quand les coalitions sont formées, “it’s give and take”. Alors, comment on tient le gouvernement responsable des engagements qu’[il] a pris lors des élections. Ça va être plus difficile », a-t-elle fait valoir.
L’élue libérale a égratigné durement le mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire régional, qui fait actuellement consensus au sein des partis d’opposition à l’Assemblée nationale. Selon elle, les tiers partis se trouveraient à jouer un rôle démesuré sur la scène politique, puisqu’ils hériteraient plus fréquemment de la balance du pouvoir. « Un parti minoritaire va avoir beaucoup plus d’importance dans une coalition que le nombre de voix qu’[il] aura obtenues. Et, en plus, il y a la question d’imputabilité. On aura deux types de députés : des députés qui représentent des circonscriptions et des députés qui sont choisis d’après une liste. À qui [reviennent] la loyauté et l’imputabilité de ceux qui sont choisis d’après une liste ? » a-t-elle demandé.
La ministre libérale se garde toutefois de rompre tout contact avec les partisans d’une réforme du mode de scrutin. Le « dialogue » revêt à ses yeux « une très, très grande importance ». « Il faut que tout ça continue. Il ne faut pas arrêter. […] Aujourd’hui, la plupart des Québécois sont [à l'aise] avec le système qu’ils ont parce qu’ils ont eu de 2001 à 2008 toute une discussion là-dessus. Mais les choses évoluent », a-t-elle conclu.