Les délégués de Québec solidaire refusent de s'allier aux péquistes

Faits saillants du congrès de Québec solidaire

Convergence refusée

Les délégués de Québec solidaire ont rejeté dimanche toute négociation d'alliances stratégiques avec le Parti québécois.

Réactions

Le premier ministre Philippe Couillard a salué lundi cette décision de la formation de gauche, qualifiant ces scénarios d'alliances de « fumée ».

« Surpris ? », a demandé le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, sur Twitter lundi avant-midi. Quelques heures plus tard, il écrivait sur ce même réseau social que le Parti québécois est « la seule force politique qui peut empêcher l'élection d'un gouvernement fédéraliste de droite en 2018 ».

Nouveaux co-porte-parole

Les délégués de Québec solidaire se sont aussi choisi deux nouveaux porte-parole. Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé ont été élus pour représenter la formation politique.

Le débat est clos : Québec solidaire refuse toute négociation d’alliances stratégiques avec le Parti québécois d’ici aux prochaines élections générales.

Hantés par la crainte de voir des sympathisants leur tourner le dos s’ils s’associent de près ou de loin au parti politique du déficit zéro et de la charte des valeurs québécoises, les participants au congrès de QS ont formellement interdit dimanche après-midi à l’état-major de leur formation politique de discuter de pactes de non-agression avec le PQ.

Les militants solidaires ont exprimé haut et fort leur « méfiance » à l’égard du parti politique dirigé par Jean-François Lisée, a fait valoir la porte-parole féminine, Manon Massé, lors d’un point de presse. Ils « disent non seulement “non ” au Parti québécois, ils disent “oui” à Québec solidaire », a-t-elle ajouté au lendemain de la publication d’un sondage selon lequel QS recueille 13 % des intentions de vote.

Les membres de QS ont été « profondément blessés par les choix pris par le Parti québécois », a-t-elle insisté, citant un exemple parmi tant d’autres : le refus du PQ d’appuyer la tenue d’une commission sur le racisme systémique.

La membre du comité antiraciste Dalila Awada a convaincu ses consœurs et confrères de ne pas succomber au « chant des sirènes des gains électoraux » en misant sur des pactes de non-agression avec le PQ afin d’accroître le nombre de députés solidaires à l’Assemblée nationale.

On a tous et toutes très hâte que QS ait une plus grande marge de manœuvre pour travailler. On le mérite. On est rendus là. Mais, pour les communautés racisées au Québec, l’ennemi est double. Il s’incarne à la fois dans le néolibéralisme et dans le racisme. Le Parti québécois, aujourd’hui, porte en lui ces deux bêtes.


Amir Khadir a soutenu qu’une « quelconque entente » PQ-QS tomberait à l’eau si le PQ « rejou[ait] la carte de la démagogie xénophobe et identitaire ». Il a cherché à apaiser les inquiétudes de Mme Awada — et de bien d’autres —, mais en vain.

Le scénario d’« échange possible » de 30 circonscriptions entre le PQ et QS qu’il a échafaudé plus tôt cette semaine est ainsi relégué aux oubliettes. Le député de Mercier proposait que QS laisse le champ libre au PQ dans 21 circonscriptions tandis que le PQ laisse le champ libre à QS dans 9 circonscriptions, dont 5 sur l’île de Montréal.

Après une longue réflexion, Mme Massé s’est finalement opposée au coup d’envoi de négociations entre le PQ et QS. Elle s’est ainsi rangée derrière une « majorité claire » de délégués (expression utilisée par l’état-major de QS). Fraîchement élu porte-parole masculin, Gabriel Nadeau-Dubois a pour sa part voté en faveur de discussions. « Nous avons voté chacun selon nos préférences, mais on se rallie avec enthousiasme et détermination », a-t-il déclaré en début de soirée. « Tournons la page sur ce débat qui a autant divisé dans nos rangs. »

Le débat, qui s’est déroulé durant quelques heures dans la salle Marie-Gérin Lajoie du pavillon Judith-Jasmin de l’UQAM, a été houleux, mais pas acrimonieux.

Le PQ a subi une dégelée

La députée de Joliette, Véronique Hivon, s’est dite attristée de la décision des délégués de QS de fermer la porte à toute discussion au sujet de la conclusion d’une entente en vue des prochaines élections générales, prévues le 1er octobre 2018.

Nous sommes déçus surtout pour les Québécois et les Québécoises, pour les indépendantistes et les progressistes qui nous demandent avec insistance de travailler ensemble, de nous élever au-dessus de la partisanerie traditionnelle, de nos ego politiques de partis, pour le bien commun, pour offrir l’espoir que les choses peuvent se faire autrement en politique.


Les indépendantistes et les progressistes avaient « des chances de gagner » le scrutin de 2018, mais seulement si le PQ et QS « s’uniss[aient] », soutenait le député péquiste Pascal Bérubé il y a à peine quelques jours.

Sa collègue Véronique Hivon plaidait dimanche soir le fait que le PQ constitue désormais la seule force politique en mesure d’empêcher la réélection d’un « gouvernement fédéraliste de droite ».

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Premier pas vers une fusion QS-ON

Québec solidaire et Option nationale mèneront toutefois des « discussions » de fusion au cours des prochains mois. Les délégués de QS y ont donné leur bénédiction en adoptant presque à l’unanimité une proposition en ce sens dimanche après-midi. Les délégués souhaitent qu’un « rapport d’étape » sur ces négociations leur soit remis en septembre afin qu’ils puissent trancher la question au prochain congrès. Le chef d’Option nationale, Sol Zanetti, s’est réjoui de l’« ouverture » témoignée par les solidaires. Mais, une fusion sera possible seulement si QS prend « un engagement clair à réaliser l’indépendance du Québec », a-t-il réitéré en marge du congrès de QS. « Quand on vote pour ce parti-là, il faut que ce soit une façon d’enclencher un processus vers l’indépendance du Québec. […] Ils sont ouverts à discuter de cela. Ça, c’est bon signe. »


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