Le Québec veut rayonner en matière de climat et de droits de la personne

Le gouvernement libéral repousse les frontières de la doctrine établie par le vice-premier ministre Paul Gérin-Lajoie devant le corps consulaire montréalais au printemps 1965 en désignant des « émissaires thématiques » sur la scène internationale.
« Ces personnes contribueront à la promotion des positions et à l’avancement des intérêts du Québec dans des domaines d’actions prioritaires », a fait valoir le premier ministre Philippe Couillard à l’occasion du dévoilement de la Politique internationale du Québec 2017-2027 mardi.
Le chef du gouvernement compte dépêcher ces « émissaires » sur trois fronts, c’est-à-dire le développement de la diplomatie nordique et climatique, le renforcement de la mobilité des personnes ainsi que la promotion des droits et des libertés de la personne.
D’ailleurs, la promotion des droits et des libertés de la personne constituera un « axe fort » de la politique gouvernementale 2017-2027, a insisté M. Couillard. Le Québec promouvra sur toutes sur les tribunes « l’égalité entre les hommes et les femmes et les droits des personnes de la communauté LGBT », a-t-il promis lors d’une présentation sur les rives du fleuve Saint-Laurent.
100 millions sur 5 ans
Après avoir été « soumis à une certaine rectitude budgétaire », le ministère des Relations internationales aura les moyens d’« ouvrir » et de « grossir » des représentations du Québec à l’étranger, a souligné M. Couillard.
Quelque 100 millions de dollars additionnels ont été prévus dans le budget Leitão afin de promouvoir les intérêts du Québec sur la scène internationale au cours des cinq prochaines années, dont 10 millions de dollars durant l’année financière 2017-2018. « Nous avons désormais les moyens de nos ambitions pour le monde », a lancé la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre.
Mme St-Pierre a récemment annoncé l’ouverture de nouvelles représentations, notamment à Philadelphie, aux États-Unis, qui sont balayés par le vent du protectionnisme, ainsi qu’à La Havane, à Cuba. « Les accords commerciaux représentent des occasions d’affaires pour nos entreprises. Je pense à l’AECG […] et à l’ALENA, qui a permis de doubler nos échanges avec les États-Unis. En vue de la renégociation de cet accord, notre gouvernement est très actif sur le terrain pour faire valoir les forces du Québec », a fait valoir la ministre de l’Économie, Dominique Anglade.
À l’heure actuelle, le réseau diplomatique québécois s’appuie sur vingt-six représentations à l’étranger : sept délégations générales, quatre délégations, sept bureaux, six antennes et deux représentations en affaires multilatérales.
Trois « grandes orientations »
M. Couillard a détaillé les trois « grandes orientations » qui guideront l’action internationale du gouvernement du Québec au cours de la prochaine décennie.
Rendre les Québécoises et les Québécois plus prospères:
« Plus de mobilité pour nos jeunes, plus de promotion de nos entrepreneurs et de nos travailleurs, plus d’exportations, plus d’entreprises qui choisissent le Québec pour investir », a-t-il résumé.
Contribuer à un monde plus durable, juste et sécuritaire: « Plus de collaboration pour assurer la sécurité, pour prévenir la radicalisation, plus de solidarité internationale, plus de partenariats pour lutter contre les changements climatiques et assurer la transition énergétique. Plus, toujours plus de promotion de l’expertise du Québec en matière nordique et arctique », a affirmé M. Couillard tout en pointant le programme de solidarité climatique internationale du Québec qui vise à « soutenir les efforts des pays francophones les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques ».
Promouvoir la créativité, la culture, le savoir et la spécificité du Québec « Plus de partenariats pour la recherche et l’innovation. Plus, toujours plus de promotion de notre belle culture et plus de promotion de la langue française. »
Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, reproche au gouvernement libéral de tenter de réparer les « dommages importants » qu’il a lui-même « causés » notamment en procédant à la fermeture de bureaux — à Milan et à Taipei, par exemple. « Fermer un bureau, c’est dire à un peuple “Tu ne nous intéresses pas”. Alors, revenir après trois ans puis dire “Ah ! on s’est trompés, on revient”, ce n’est pas une bonne façon de faire de la diplomatie », a-t-il soutenu.