Québec solidaire joue sur les mots, dit Rita de Santis

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis

La ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Rita de Santis, envisage de légiférer afin d’assujettir les courses au porte-parolat de Québec solidaire à la Loi électorale.

La formation politique de gauche ne s’y opposerait pas. Elle demanderait toutefois d’être dispensée d’obéir aux articles de la loi prévoyant qu’un candidat à la direction d’un parti politique peut couvrir ses dépenses de campagne seulement au moyen des contributions d’électeurs et d’emprunts.

Elle juge que ses règles internes lui « imposent déjà un devoir d’intégrité supérieur » tout en assurant « une [plus grande] équité entre les candidats et candidates ».

« Ce n’est pas parce que tu es un candidat bien branché, super réseauté, qui a accès à de la richesse parce que ton réseau est plus riche que [celui de] l’autre candidat qui a travaillé toute sa vie dans les groupes communautaires [que tu dois avoir plus de facilité à amasser des fonds] », a déclaré la députée Manon Massé, lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale mercredi.

Dans cet esprit, le comité de coordination national de QS entrevoit sérieusement la possibilité d’octroyer une aide financière égale de quelques milliers de dollars provenant de la caisse du parti à tous ceux et celles qui brigueront les deux postes les plus en vue du parti politique — porte-parole féminin et porte-parole masculin — afin qu’ils organisent différentes activités d’ici au jour du scrutin, en mai prochain.

Nous analysons les possibilités de modifier la Loi électorale afin de clarifier cette situation

 

À ce jour, l’état-major de QS a offert un montant de 1200 dollars aux trois candidats déclarés — Manon Massé, Gabriel Nadeau-Dubois et Sylvain Lafrenière — afin de leur permettre de lancer leur campagne avec un certain panache. Mme Massé et M. Nadeau-Dubois l’ont accepté.

En prime, des employés de la permanence du parti politique leur ont prêté main-forte afin de diffuser leur conférence de presse sur Internet et de promouvoir leur candidature sur les réseaux sociaux, entre autres choses.

 

Porte-parole, chef : « un choix de mots »

« Québec Solidaire annonce une course pour les postes des deux co-porte-parole au lieu d’une course à la direction. Il s’agit d’un choix de mots qui les autoriserait à déroger à la Loi électorale », a soutenu la ministre Rita de Santis dans un échange avec Le Devoir.

« Nous analysons les possibilités de modifier la Loi électorale afin de clarifier cette situation », a-t-elle ajouté.

D’ici là, l’élue libérale invite les candidats aux postes « convoités » de porte-parole de QS à se plier volontairement aux dispositions de la Loi électorale.

Avec sa « direction bicéphale », Québec solidaire « bénéficie » à l’heure actuelle d’une « ambiguïté » dans la Loi électorale, est aussi d’avis le leader parlementaire caquiste, François Bonnardel. « C’est injuste dans une certaine mesure [pour les autres formations politiques] », a-t-il soutenu.

Correspondance QS-DGEQ

 

QS s’était dit préoccupé de voir ses aspirants porte-parole être « exon[érés] de toute obligation légale, tant au niveau du contrôle des revenus que de la reddition de compte ». En janvier dernier, il exhortait le DGEQ à l’assujettir aux articles 127.1 à 127.21 de la Loi électorale.

« Nous estimons que la campagne pour l’élection des porte-parole nationaux de Québec solidaire comporte les mêmes risques et appelle donc à la même vigilance et à la même transparence que les courses à la chefferie des autres partis », peut-on lire dans une lettre transmise par QS au DGEQ le 9 janvier dernier.

Le DGEQ a décliné sa demande, lui rétorquant deux mois plus tard que « le régime prévu aux articles 127.1 à 127.21 de la Loi électorale (LE) ne concerne que l’élection ou la nomination d’un chef de parti au sens de la [loi] et non celle d’un quelque autre dirigeant de parti ».

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