Un grand projet énergétique signé CAQ

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault

Afin de réaliser un grand projet qu’il a désigné, dimanche, comme la « baie James du XXIe siècle », le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, serait prêt à mettre en jeu l’atout que représente le lucratif et litigieux contrat de Churchill Falls dans des négociations visant la conclusion d’un partenariat énergétique avec Terre-Neuve-et-Labrador.

« On a comme un as dans notre manche pour négocier », a déclaré François Legault au cours de la conférence de presse qui clôturait le congrès de CAQ. « Ça fait partie de la négociation en autant qu’on reçoive au total beaucoup plus que ce qu’on a actuellement. »

François Legault a rappelé que la validité de ce contrat, que Terre-Neuve-et Labrador a cherché à annuler, a été confirmée par les cours de justice. Signé en 1969, ce contrat assure à Hydro-Québec un approvisionnement en électricité à un coût de 0,2 ¢ le kWh, soit environ 30 fois moins cher que le coût associé à une centrale comme La Romaine.

« C’est béton, ça », a-t-il dit. « Ça, c’est dans nos poches et ça ne sortira pas de nos poches à moins qu’ils [les Terre-Neuviens] nous en donnent beaucoup plus. »

Dans son discours de clôture, François Legault a révélé qu’en 2017, la CAQ proposera un grand projet économique. « Je parle de lancer une baie James du XXIe siècle », a-t-il affirmé. En dollars d’aujourd’hui, le coût de construction de l’ensemble des centrales de la Baie-James avoisine les 40 milliards de dollars. Mais le chef caquiste n’a donné que peu d’informations sur ce mégaprojet : il s’agit notamment de conclure des partenariats avec les provinces et avec les États américains limitrophes. « Mon objectif va être de faire exploser les exportations d’électricité en Ontario, en Nouvelle-Angleterre, à New York », a-t-il dit. L’an prochain, il entend rencontrer des dirigeants politiques des provinces visées.

« On n’exclut pas que les autres provinces pourraient avoir un certain pourcentage d’actions dans le partenariat », a-t-il dit.

Ampleur inconnue

 

Le chef caquiste n’a pas voulu non plus chiffrer l’ampleur du projet. « C’est grand. Je veux que le Québec devienne le centre, l’opérateur, le producteur d’énergie le plus importante dans le nord-est de l’Amérique du Nord », a-t-il évoqué. Hydro-Québec, le plus grand producteur d’hydroélectricité au monde, dispose déjà d’une capacité de production supérieure aux plus importants producteurs d’électricité américains.

En conférence de presse, François Legault a indiqué que lui et des membres de son entourage avaient rencontré des experts et d’anciens dirigeants d’Hydro-Québec. Il a refusé de confirmer qu’il avait été conseillé par l’ancien p.-d.g d’Hydro-Québec, André Caillé.

« On regarde toutes les formes d’énergie, que ce soit barrages, éolien, efficacité énergétique, biomasse », a-t-il dit.

En présentant le plan stratégique d’Hydro-Québec, son p.-d.g. Éric Martel avait indiqué que la société d’État construirait une autre centrale après l’achèvement du projet de la Romaine. Selon l’expert en consommation d’électricité, Jean-François Blain, Hydro-Québec a déjà des surplus d’électricité équivalant à au moins 15 % de sa capacité de production et la demande d’électricité sur ses marchés d’exportation est en baisse.

Rallier les non-francophones

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, croit que l’article I de la constitution de son parti, article adopté samedi en congrès et qui parle du développement de la nation québécoise « à l’intérieur du Canada », va permettre à formation politique d’attirer les anglophones et les allophones. Le chef caquiste continue toutefois de rejeter l’étiquette de fédéraliste, une épithète qu’il associe au statu quo. Il a accepté de se dire « fier d’être canadien » après qu’un journaliste lui a posé la question. Dans son discours de clôture, il a lancé un appel aux anglophones dans leur langue pour qu’ils cessent de voter pour le Parti libéral « qui est usé » et qui les « tient pour acquis ».


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