Les libéraux envisagent une hausse significative du salaire minimum

Bien qu’elle rejette la possibilité d’augmenter à brève échéance le salaire minimum à 15 $, la ministre responsable du Travail, Dominique Vien, est d’avis qu’il faut le hausser l’an prochain de façon significative.
« La position que nous allons prendre, c’est une position qui va plaire à plusieurs personnes et à plusieurs groupes », a déclaré Dominique Vien, dans une mêlée de presse.
Quand un journaliste lui a demandé si elle pensait qu’il faut augmenter le salaire minimum de façon significative, la ministre a répondu : « Absolument. »
À l’heure actuelle, le ministère du Travail lui a présenté « plusieurs scénarios », a-t-elle révélé. Le gouvernement Couillard annoncera, d’ici décembre ou janvier, quelle sera l’augmentation du salaire minimum le 1er mai. Ce sera davantage que les augmentations automatiques survenues ces dernières années, qui dépendent de plusieurs indicateurs, dont un pourcentage du salaire moyen. L’an dernier, le salaire minimum a crû de 20 cents pour s’établir à 10,75 $.
« Entre 20 cents, ce qui m’apparaît carrément trop faible, et les 15 $, je pense qu’il y a une marge », a dit Dominique Vien.
1$ de plus
Selon une source, le ministère a fait circuler un scénario qui verrait le salaire minimum passer de 47 % à 50 % du salaire moyen. Cela se traduirait par une majoration de 1 $ le 1er mai prochain.
« Si c’était un dollar de plus l’année prochaine, bien sûr qu’on saluerait ça. Mais il ne faut pas s’arrêter là », a fait valoir au Devoir le président de la FTQ, Daniel Boyer.
Un mouvement, dont fait partie la centrale syndicale, milite en faveur d’une hausse à 15 $ du salaire minimum au Québec. La FTQ a proposé d’étaler l’augmentation sur six ans, pour atteindre ce seuil en 2022.
Étalement
Hausser à 15 $ le salaire minimum dès l’an prochain, cela représenterait un bond de 40 %. Mais, avec un étalement sur six ans, l’augmentation se limite à 20 %, compte tenu de la progression du salaire moyen durant cette période.
Le gouvernement Couillard a fait adopter, jeudi, le projet de loi 70, qui serre la vis à certains assistés sociaux. Sur le plan politique, une hausse substantielle du salaire minimum pourrait lui permettre de redorer quelque peu son blason auprès des citoyens les plus démunis et de montrer qu’il se préoccupe de la justice sociale.
En revanche, c’est un revers pour le ministre des Finances, Carlos Leitão, qui s’est opposé à toute augmentation du salaire minimum qui dépasserait le cadre actuel.
Carlos Leitão n’est pas le seul économiste à craindre les effets d’une hausse significative du salaire minimum sur l’emploi. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a dévoilé, jeudi, une étude qui conclut aux effets délétères d’une augmentation rapide. Dans les pages du Devoir, mardi, les économistes Marc Van Audenrode et Pierre Fortin évaluaient à 100 000 le nombre des emplois perdus.