QS tourne le dos au gouvernement

Les députés Manon Massé et Amir Khadir, de Québec solidaire
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne Les députés Manon Massé et Amir Khadir, de Québec solidaire

Les trois députés solidaires, Manon Massé, Amir Khadir et Françoise David, ont tour à tour tourné le dos aux membres du gouvernement libéral au moment du vote final sur le projet de loi 70.

« Aujourd’hui est un jour de honte pour le Québec », a laissé tomber la porte-parole de Québec solidaire Françoise David après l’adoption de la réforme controversée du programme d’aide financière de dernier recours par l’Assemblée nationale (76 voix pour, 26 voix contre, 0 abstention). « On a un gouvernement qui s’est permis d’aller chercher de l’argent dans les poches des plus […] pauvres. Aucun gouvernement avant lui n’avait osé aller aussi loin. »

La nouvelle loi oblige les nouveaux demandeurs d’aide sociale « aptes à l’emploi » à suivre un « plan d’intégration en emploi », à défaut de quoi ils verront leurs prestations amputées jusqu’à 224 $ par mois (passant de 623 à 399 $).

À moins de présenter des contraintes « sévères » ou « temporaires » à l’emploi, les nouveaux demandeurs de l’aide sociale devront s’investir dans la recherche intensive d’un emploi, ou encore participer à des activités « de formation et d’acquisition de compétences » ou « de développement d’habiletés sociales », prévoit la nouvelle loi.

Un nouveau demandeur qui ne se présentera pas à une première rencontre avec un agent du programme Objectif emploi verrait quant à lui ses prestations d’aide sociale suspendues.

Le Parti québécois et Québec solidaire ont cherché par tous les moyens à convaincre le gouvernement libéral de rendre facultatif le programme Objectif emploi. « Rien à faire. Le ministre préfère croire ses études scandinaves plutôt que de se fier à l’expérience sur le terrain des organismes ici », a affirmé Mme David, dénonçant une « dérive autoritaire » de la part de l’équipe Couillard.

Modifications

 

La loi 70 permettrait aux premiers demandeurs d’aide sociale de « profiter d’un plan personnalisé d’intervention » en plus de recevoir jusqu’à 260 $ de plus par mois, martelait le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, durant l’étude du projet de loi à l’Assemblée nationale. « On ne peut, comme le prônent le Parti québécois et Québec solidaire, tolérer le statu quo. Comme société, on ne peut accepter que des jeunes de 18 ans entrent à l’aide sociale sans que personne les rencontre, sans que leurs besoins personnels soient définis », insistait-il.

Selon le député péquiste Dave Turcotte, M. Blais « aurait pu atteindre le même objectif, de sortir les gens de l’aide sociale, sans avoir une approche aussi punitive ». Il craint de voir des jeunes hommes et des jeunes femmes mis de côté par l’État et condamnés à « vivre dans la rue ». L’élu péquiste a aussi déploré l’attitude intransigeante du gouvernement, qui a notamment refusé d’entendre certains groupes, comme le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et le Réseau Solidarité itinérance du Québec (RSIQ). « On n’est pas heureux de tout ça. »

Se disant « en colère », Mme David s’est engagée à « continue[r] de pourfendre ceux qui sont capables d’engraisser les amis du régime pendant qu’ils coupent chez les plus pauvres ».

D’ailleurs, les élus de l’Assemblée nationale effectueront, dans deux ans, une « évaluation » de la loi 70 en commission parlementaire, a-t-elle fait remarquer. « Je suis certaine que ça nous donnera des outils pour abandonner les sanctions, dont le caractère inutile et nuisible va certainement être démontré », a fait valoir la députée de Gouin.

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