Lisée se fait dire non par QS et ON

Après avoir pris trois jours pour « décompresser », Jean-François Lisée s’est affairé mardi à discuter avec les autres candidats à la direction du PQ.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Après avoir pris trois jours pour « décompresser », Jean-François Lisée s’est affairé mardi à discuter avec les autres candidats à la direction du PQ.

Le neuvième chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, essuie un premier revers. Québec solidaire et Option nationale lui ôtent tout espoir de voir un candidat « progressiste » commun au PQ, QS et ON tenter de ravir la circonscription de Verdun à la prochaine élection partielle.

La démission du ministre Jacques Daoust constitue « une grande opportunité pour la convergence », avait fait valoir M. Lisée durant la course à la direction du PQ. Il invitait les « progressistes » de toutes allégeances politiques à « [se] présenter en front uni contre les libéraux » en désignant un « candidat commun ». Le député de Rosemont redoutait de voir la candidate libérale profiter de la division du vote « progressiste » comme l’a fait l’ex-caquiste Dominique Anglade dans Saint-Henri–Sainte-Anne en novembre 2015.

Or, l’état-major de Québec solidaire exclut tout pacte électoral jusqu’à nouvel ordre de ses membres. L’élection de M. Lisée à la tête du PQ n’y changera rien. « Il n’est pas question de faire des alliances électorales », a affirmé la responsable des relations publiques, Élise Tanguay. « C’est sûr, sûr, sûr. » Les membres de QS seront appelés à trancher sur la possibilité de conclure des « alliances électorales » avec d’autres formations politiques lors du prochain congrès, en mai 2017, a-t-elle précisé.

Le chef d’Option nationale, Sol Zanetti, balaie du revers de la main tout projet d’alliance électorale avec le PQ tant et aussi longtemps qu’il gardera en veilleuse le projet de pays du Québec. « S’il proposait de faire l’indépendance, ce serait autre chose. [Avec M. Lisée], le PQ met le couvercle sur la marmite. Il n’est pas une alternative [attrayante] à quoi que ce soit », a-t-il affirmé. Cela dit, l’élection de M. Lisée compliquera drôlement les travaux des Organisations unies pour l’indépendance du Québec (OUI Québec), qui ont élaboré une « feuille de route commune » vers l’indépendance, a-t-il poursuivi.

Pour le PQ, « il est impossible de faire une entente » avec ON, a indiqué sans ambages M. Lisée mardi soir, tout en soulignant à gros traits que le parti politique dirigé par M. Zanetti recueille 0,8 % des intentions de vote. En revanche, le nouveau chef péquiste entend redoubler d’efforts afin de trouver un terrain d’entente avec QS. « Vous êtes une vraie force politique. N’essayons pas de nous nuire. Essayons de nuire aux libéraux », a-t-il déclaré sur les ondes de TVA mardi soir.

En vue du scrutin de 2018, Jean-François Lisée semble miser sur la convergence progressiste, plutôt que la convergence indépendantiste, pour arracher le pouvoir aux libéraux.

 

Exécutif de Verdun divisé

Quatre membres de l’exécutif du PQ dans Verdun ont claqué la porte au lendemain de l’élection de M. Lisée vendredi soir, y compris la vice-présidente Geneviève Lajeunesse et le secrétaire Frédéric Dénommé. « Je ne peux pas entériner un plan axé sur la gouvernance provinciale », a affirmé le conseiller-jeune démissionnaire, Étienne Forest, courroucé par la promesse de M. Lisée de ne pas tenir un référendum sur l’indépendance dans un premier mandat. « Ça fait de quoi. Mais ce n’est pas ça qui va nous empêcher de fonctionner », a dit le président de l’exécutif, André Julien, dans un entretien téléphonique avec Le Devoir. D’ailleurs, M. Julien a « quelques propositions à faire » à M. Lisée en vue de la sélection du candidat qui défendra les couleurs du PQ dans Verdun. « Cette fois-ci, on a une chance de gagner », a-t-il conclu, se montrant optimiste.

« Décompresser » et « rééquilibrer »

Après avoir pris trois jours pour « décompresser », M. Lisée s’est affairé mardi à discuter avec les autres candidats à la direction du PQ — Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Paul St-Pierre Plamondon — ainsi que Véronique Hivon. Il a qualifié les entretiens de « très productifs ». « Nous redevenons des amis », a-t-il souligné dans un impromptu de presse.

Le nouveau chef a réitéré mardi sa volonté de « rééquilibrer » ses propositions en matière de laïcité, et ce, de concert avec son ancien rival Alexandre Cloutier. M. Lisée en avait surpris plus d’un en faisant la promotion d’une campagne d’affichage dans laquelle l’État exprimerait « sa préférence pour l’absence de tout signe affichant une conviction [religieuse ou politique par exemple] chez ses salariés ». « Comme candidat, j’avais fait des propositions — évidemment, j’y tiens. Mais maintenant, je suis chef du Parti québécois. Donc, il faut que je trouve un point d’équilibre entre mes propositions et celles d’Alexandre par exemple », a-t-il soutenu.

Le nouveau chef s’affaire aussi à former son équipe d’officiers, son cabinet fantôme, et à réfléchir à des ajustements au sein du personnel de l’aile parlementaire du PQ. « Il n’y aura pas de grand chambardement », a précisé l’attachée de presse de M. Lisée, Chantal Huot.

« Être candidat, il y a une grande liberté. Être chef, il y a une grande responsabilité », a soutenu M. Lisée.

Couillard nuit à sa propre crédibilité, dit le chef du PQ

Philippe Couillard devrait être plus tolérant envers ceux qui ne partagent pas ses idées, a rétorqué le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, après que le premier ministre l’eut accusé de prôner un « nationalisme d’assiégés et de peureux ». En tenant de tels propos, M. Couillard nuit à sa propre crédibilité, juge le chef nouvellement élu.

Ces paroles sont préoccupantes pour le débat démocratique, a déclaré M. Lisée lors d’une mêlée de presse à Montréal, mardi après-midi. « Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord avec lui qu’on est membre de partis populistes européens », a-t-il poursuivi d’un ton calme.

Cela nuit à sa propre crédibilité, a ajouté M. Lisée, avant de qualifier le ton du premier ministre d’« arrogant ».

M. Lisée avance que ses positions qui ont mené aux commentaires de M. Couillard sont tout à fait raisonnables. Il suggère d’abord que les seuils d’immigration soient déterminés par le vérificateur général. Ce faisant, le processus serait dépolitisé, estime-t-il.

De plus, il est d’avis que tous les néo-Québécois doivent maîtriser le français, avant ou après leur arrivée au pays.

Finalement, il estime que le Québec doit avoir une discussion — à l’instar de plusieurs démocraties en Europe, a-t-il souligné — sur le port du voile intégral dans l’espace public.

M. Couillard avait soutenu, quelques heures à peine après l’élection du chef du PQ, que ces positions étaient proches de celles soutenues par des partis d’extrême droite en Europe et qu’un Québec sous la gouverne de M. Lisée serait replié sur lui-même. Le PQ serait alors un parti d’exclusion et de fermeture, selon lui.

Lisée rencontrera le premier ministre français vendredi

Québec — Le chef péquiste Jean-François Lisée tiendra sa première rencontre avec un leader international à titre de chef de l’opposition officielle, vendredi, alors qu’il s’entretiendra avec le premier ministre de France, Manuel Valls, en visite au Québec.

La rencontre aura lieu à Québec, en marge du premier caucus de la députation péquiste depuis l’élection du nouveau chef, vendredi dernier.

Le premier ministre Valls sera en visite officielle au Canada jeudi et vendredi, et il s’entretiendra d’abord avec le premier ministre Justin Trudeau, à Ottawa jeudi, avant de discuter avec le premier ministre Philippe Couillard, le lendemain à Québec.

Mardi, malgré l’invitation en ce sens de la part des journalistes, M. Couillard n’a pas voulu préciser sa pensée sur le type de nationalisme privilégié par M. Lisée.

Samedi, il avait soulevé la controverse en affirmant que M. Lisée préconisait un nationalisme d’assiégés et de peureux, replié sur lui-même et parent avec les partis populistes européens réputés d’extrême droite.

« Tout a été dit » sur le sujet, a-t-il brièvement commenté, mardi, sans s’arrêter, alors qu’il quittait les lieux d’une activité publique.

Questionné à savoir s’il pouvait nommer les partis populistes auxquels il associait M. Lisée, il a répondu : « Tout ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est l’économie et l’emploi. »
La Presse canadienne


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