Les remontrances de Martine Ouellet éclipsent la rentrée du PQ

Martine Ouellet s’est retrouvée dans l’embarras mardi. Les internautes ont vu apparaître un message surprenant sur son fil Twitter : « Je suis Option nationale ». Celui-ci a aussitôt relancé les rumeurs selon lesquelles la candidate à la direction du Parti québécois s’exilerait vers Option nationale, ou encore le Bloc québécois, si elle essuyait un revers le 7 octobre.
Alertée au sujet du malheureux gazouillis, Mme Ouellet a quitté le Salon bleu durant la période des questions pour y revenir escortée par le whip du PQ, Stéphane Bergeron. L’élue péquiste s’est dite victime d’un acte de piratage. « Je suis Parti québécois. Je suis indépendantiste », a-t-elle pris soin de rappeler à ses 17 200 abonnés.
À micro fermé, quelques membres du caucus du PQ se sont alors dits franchement exaspérés de la « distraction Ouellet ».
En matinée, la députée de Vachon a reproché à l’état-major du PQ de l’avoir écartée d’une vidéo promotionnelle dans laquelle 24 des 28 élus péquistes se présentent l’un après l’autre sur fond de musique et lancent en choeur : « Nous sommes Parti québécois ». Mme Ouellet n’apparaît pas dans la vidéo de 40 secondes, et ce, contrairement à ses deux principaux adversaires dans la course à la chefferie, Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée. « Je suis très surprise de voir que cette publicité-là a été faite sans ma participation. Je trouve ça quand même assez ordinaire dans le cadre d’une course à la chefferie », a-t-elle déclaré dans un impromptu de presse.
L’ex-ministre des Ressources naturelles souhaitait dire « Je suis indépendantiste » plutôt que « Je suis Parti québécois », a-t-elle expliqué. La « convergence » des indépendantistes est « vraiment importante », a-t-elle insisté.
Mme Ouellet a aussi accusé mardi le chef intérimaire, Sylvain Gaudreault — qui est téléguidé par l’« establishment » de la formation politique, selon elle —, d’avoir « essa[yé] de restreindre [sa] liberté de parole » au fil des dernières semaines. « Il devrait plutôt parler à mes deux collègues [Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée], qui ont fait beaucoup plus de tort à l’image du Parti québécois », a-t-elle laissé tomber.
Le chef de l’opposition officielle, Sylvain Gaudreault, a dit regretter de voir la sortie médiatique de Mme Ouellet occulter, en pleine rentrée parlementaire, la « gestion catastrophique » des affaires de l’État par le gouvernement libéral. Enfin, Mme Ouellet est « une excellente travailleuse d’équipe », a-t-il soutenu après avoir rappelé que « le concept de la vidéo, c’est de mettre l’équipe en valeur ». Force est de constater que celle-ci a plutôt fait ressurgir les tiraillements internes au sein du caucus.
Propos au sujet de Charkaoui : Lisée reconnaît avoir eu tort
Jean-François Lisée a reconnu du bout des lèvres avoir eu tort d’écrire vendredi dernier que le prédicateur controversé Adil Charkaoui appuyait son principal adversaire dans la course à la chefferie du Parti québécois, Alexandre Cloutier. « Je regrette toute la journée. Ç’a été une mauvaise journée pour le PQ », a-t-il laissé tomber mardi, flanqué d’un nouveau sympathisant, le député Pascal Bérubé. Le prédicateur controversé Adil Charkaoui n’appuie pas Alexandre Cloutier et encore moins sa proposition d’interdire le port de signes religieux ostensibles pour les employés de l’État en position d’autorité. « Néanmoins, il nous apparaît clairement qu’Alexandre Cloutier demeure la voix la plus modérée au sein du Parti québécois et, surtout, il comporte au sein de son équipe bon nombre de conseillers maghrébins musulmans pratiquants, chose qui est tout à fait à son honneur », a fait valoir le coordonnateur du Collectif québécois contre l’islamophobie sur les réseaux sociaux mardi. « Il n’y a pas de conseillers musulmans pratiquants dans l’entourage immédiat d’Alexandre Cloutier », a fait remarquer l’équipe Cloutier en soirée.