La réforme pourrait coûter jusqu’à 50 millions

Chaque année, environ 17 000 personnes s’inscrivent sur l’aide sociale au Québec.
Photo: Louis-Paul St-Onge Getty Images Chaque année, environ 17 000 personnes s’inscrivent sur l’aide sociale au Québec.

Le programme Objectif Emploi, qui vise à ramener les jeunes assistés sociaux sur le marché du travail, pourrait coûter jusqu’à 50 millions de dollars au gouvernement.

Pour atteindre une telle somme, il faudrait qu’il y ait « une forte participation » au programme, a souligné le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, en commission parlementaire mercredi. Il a ajouté qu’il fallait y voir non pas une dépense, mais « un investissement dans le capital humain », « comme en éducation ».

Le programme Objectif Emploi offrirait aux nouveaux demandeurs qui acceptent de participer à une démarche d’accompagnement ou de formation jusqu’a 260 $ par mois, en plus de leur prestation de base. Le ministre Blais a évoqué la somme de 50 millions en réponse au député de la Coalition avenir Québec Sébastien Schneeberger, qui souhaitait connaître les coûts du programme.

Des économies ou non ?

Curieusement, le prédécesseur de M. Blais au ministère, Sam Hamad, affirmait l’an dernier que la réforme permettrait plutôt au gouvernement d’économiser 50 millions de dollars.

Ces économies, pensait-on, seraient générées par les amendes imposées aux gens qui refusent de collaborer, mais aussi par la réduction prévue du nombre de prestataires de l’aide sociale. Les deux montants pourraient-ils s’annuler ?

Non, a précisé l’attaché de presse du ministre, Simon Laboissonnière. « Il n’y a pas de vases communicants entre les deux », a-t-il dit en soulignant que le projet de loi avait été beaucoup modifié depuis que M. Blais a remplacé son collègue.

Le montant de 50 millions, a-t-il précisé, est une estimation de ce que le programme pourrait coûter au maximum si l’ensemble des 17 000 nouveaux prestataires acceptait de participer. Le ministère, selon lui, « n’entrevoit pas nécessairement d’économies liées aux sanctions ».

Mardi, le ministre s’était en outre défendu de viser des économies avec le programme et ses pénalités. « Ce n’est pas ça, l’objectif », avait-il dit. Chaque année, environ 17 000 personnes s’inscrivent sur l’aide sociale au Québec. Près des deux tiers ont moins de 35 ans.

L’opposition persiste

Mercredi après-midi, les mésententes ont persisté en commission parlementaire, alors que le Parti québécois et Québec solidaire ont continué de critiquer le principe des sanctions défendu par le ministre.

 

Le député péquiste Harold Lebel a reproché à M. Blais de vouloir « infantiliser » les gens en les forçant à rencontrer les agents de l’aide sociale. Son collègue Dave Turcotte a quant à lui mis en doute la qualité des services offerts dans les centres d’emploi depuis les fusions dans le réseau.

« J’ai confiance en leur capacité d’être à l’écoute », a plaidé le ministre, en soulignant que la plupart des intervenants viennent des sciences sociales et ont des compétences en « relation d’aide ». Selon lui, ces rencontres pourraient aussi permettre aux agents d’identifier des problèmes de santé mentale non diagnostiqués.

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