Cloutier et Lisée font leur effet

Sur les quatre candidats en lice pour la course à la direction du Parti québécois, Alexandre Cloutier (complètement à droite) et Jean-François Lisée (complètement à gauche) se démarquent.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Sur les quatre candidats en lice pour la course à la direction du Parti québécois, Alexandre Cloutier (complètement à droite) et Jean-François Lisée (complètement à gauche) se démarquent.

Alexandre Cloutier marque des points en regard des autres aspirants à la chefferie du Parti québécois (PQ), mais la campagne d’idées de Jean-François Lisée vient brouiller les cartes.

Le député de Lac-Saint-Jean a gagné 10 points par rapport au mois dernier. Alexandre Cloutier obtient l’appui de 37 % des sympathisants péquistes, comparativement à 27 % au début du mois de mai, révèle un sondage Léger mené pour Le Devoir et Le Journal de Montréal.

Ce coup de sonde a été mené par Internet auprès de 990 personnes entre le 6 et le 8 juin.

Le sondage confirme que Jean-François Lisée occupe désormais le deuxième rang parmi les aspirants chefs du PQ (15 %), à égalité statistique avec Véronique Hivon (14 %). La députée Martine Ouellet suit à 7 %, et l’avocat Paul Saint-Pierre Plamondon obtient 2 %.

Plus du quart (26 %) des sympathisants péquistes reste toutefois indécis, ce qui fait dire au sondeur Christian Bourque que la course reste ouverte malgré l’avance d’Alexandre Cloutier. « Il y a un certain momentum dans la campagne de M. Cloutier. Il consolide son avance, mais Jean-François Lisée peut certainement jouer les trouble-fête », dit le vice-président et associé chez Léger.
 


Il rappelle le résultat étonnant de la course à la direction du Parti libéral du Canada en 2006 : Stéphane Dion, qui partait loin derrière les favoris, s’était faufilé et avait été couronné au quatrième tour, avec l’appui du candidat Gerard Kennedy.

Malgré l’avance d’Alexandre Cloutier, Jean-François Lisée a gagné neuf points depuis le mois dernier. Le député de Rosemont est un des rares à bousculer les idées reçues au PQ. Encore cette semaine, il a mis en garde le parti contre la tentation de promettre à tout prix un référendum durant un premier mandat péquiste.

« Ma prévision, elle est simple, a-t-il dit. Si on s’entête à proposer un référendum dans le premier mandat, nous serons le troisième parti au Québec en 2018. Les libéraux ou la CAQ auront gagné, on se sera marginalisé, et ce sera très dur pour la suite. »

Alexandre Cloutier et Véronique Hivon promettent de préciser leur stratégie référendaire avant l’élection générale de 2018, mais Jean-François Lisée va plus loin : il s’engage à ne pas tenir de référendum avant un éventuel deuxième mandat péquiste, qui commencerait en 2022.

Paul Saint-Pierre Plamondon, qui a annoncé sa candidature à la chefferie du PQ le mois dernier, exclut lui aussi la tenue rapide d’une consultation sur l’indépendance du Québec. Martine Ouellet est la seule candidate à la chefferie à insister sur l’importance d’un référendum dans un premier mandat du PQ.

Électeurs indifférents

 

Les électeurs, eux, semblent indifférents à ce débat qui agite le PQ. En gros, au moins la moitié des répondants au sondage se préoccupent peu du calendrier référendaire, souligne Christian Bourque. « Ce n’est pas un enjeu déterminant de la course à la chefferie », explique-t-il.

Ainsi, 50 % des électeurs affirment que la promesse d’un référendum dans un premier mandat « ne changerait rien » à leur vote. Chez les sympathisants péquistes, cette proportion des indifférents à un référendum rapide grimpe à 53 %.

Par contre, 28 % des péquistes indiquent que la promesse d’un référendum imminent les inciterait davantage à voter pour le PQ. Mais 39 % des partisans de la CAQ affirment que ça les inciterait moins à voter pour le PQ.

La même relative indifférence anime les électeurs quand ils se font demander si un référendum reporté après 2022 changerait leur opinion : 60 % affirment que ça n’aurait aucun impact sur leur vote. Encore une fois, 52 % des péquistes sont du même avis. Ça ne changerait rien à leur opinion ; 25 % des péquistes indiquent tout de même qu’un report du référendum les inciterait davantage à voter pour le PQ.

La proposition de tenir un référendum qui porterait sur la souveraineté ou le renouvellement du fédéralisme, lancée par le député Nicolas Marceau, suscite aussi peu d’enthousiasme ; 55 % des électeurs affirment que ça ne changerait rien à leurs intentions de vote.

« Aucune des trois propositions [référendum rapide, référendum reporté après 2022 ou référendum sur l’indépendance ou le renouvellement du Canada] n’est largement gagnante au PQ. Aucune n’est perdue d’avance non plus », dit Christian Bourque.

Trudeau se maintient

 

À Ottawa, la lune de miel de Justin Trudeau avec l’électorat se poursuit de plus belle. Le Parti libéral du Canada maintient sa domination sans partage, avec 51 % des intentions de vote au Québec. Les autres partis jouissent d’un appui variant entre 5 % et 17 % de l’électorat.

Le premier ministre Trudeau domine aussi le baromètre des personnalités politiques, publié vendredi dans Le Devoir ; 63 % des Québécois en ont une bonne opinion.

La majorité des Québécois reste allergique à un référendum sur l’indépendance, mais les électeurs sont plus enthousiastes envers une consultation sur une réforme du mode de scrutin : 57 % des répondants au sondage souhaitent un référendum sur cette question qui déchire le Parlement fédéral.

Le sondage a été mené par Internet auprès de 990 québécois entre le 6 et le 8 juin 2016. Ce sondage est non probabiliste, mais un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 %, 19 fois sur 20.

 

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