La relève se prononce sur la fonction publique
![La première question du sondage portait sur la fierté d’être un employé de la fonction publique québécoise. « À cette question, 80 % des répondants ont dit être fiers […], par contre, en 2012, ils étaient 87 %. Il y a donc là un fléchissement quant à la perception qu’ils ont de la fonction publique », note Jean-Bernard Marchand, vice-président aux communications du Forum.](https://media2.ledevoir.com/images_galerie/nwd_417278_278753/image.jpg)
Ce texte fait partie du cahier spécial Fonction publique
Quelle perception les jeunes employés ont-ils de la fonction publique québécoise ? Quelles sont leurs attentes ? Et surtout, quels aspects de leur travail au sein de la fonction publique jugent-ils prioritaires ?
C’est pour répondre à ces questions que le Forum des jeunes de la fonction publique québécoise a entrepris en 2015 un sondage auprès de ses membres. Rappelons que ce forum, fondé en 1997, se veut le lieu de réflexion et de réseautage des employés de la fonction publique, professionnels, fonctionnaires ou autres, dont l’âge est de 35 ans ou moins. Le Forum compte aujourd’hui 4000 membres sur les quelque 18 000 employés de 35 ans ou moins oeuvrant au sein de la fonction publique québécoise.
« C’est dommage que nous ne représentions qu’un peu moins du quart des employés de 35 ans et moins, déplore Jean-Bernard Marchand, vice-président aux communications du Forum. Mais la difficulté que nous avons rencontrée était d’obtenir une liste complète de ces jeunes employés. Il n’y a pas de registre central et il a fallu aller chercher les données dans tous les ministères et organismes. Nous les avons enfin et nous allons mettre en place une stratégie pour rejoindre tous les jeunes. »
Et il a bon espoir d’y arriver. « Contrairement aux tables jeunesse dans les ministères et organismes, mises en place par la direction afin d’obtenir la rétroaction des jeunes, le Forum est indépendant et externe aux ministères et organismes. De plus, nous ne sommes pas un syndicat et nous ne faisons pas de politique. Notre but est de regrouper les jeunes dans un lieu où ils peuvent s’exprimer et échanger. »
Valorisation de la fonction publique
Le sondage de 2015 comprenait environ 1500 répondants représentatifs des diverses situations d’emploi (professionnels, fonctionnaires et autres, permanents comme occasionnels, syndiqués ou non). Certaines des réponses ont été comparées aux résultats d’un sondage similaire effectué en 2012.
La première question du sondage portait sur la fierté d’être un employé de la fonction publique québécoise. « À cette question, 80 % des répondants ont dit être fiers […], par contre, en 2012, ils étaient 87 %. Il y a donc là un fléchissement quant à la perception qu’ils ont de la fonction publique. »
D’autres réponses viennent confirmer cette tendance. Ainsi, 68 % des répondants ont indiqué que leur perception de la fonction publique s’était détériorée depuis un an. « De plus, 63 % des répondants ont déclaré qu’ils recommanderaient à d’autres la fonction publique comme employeur, alors qu’en 2012, c’était 84 % des répondants qui l’auraient fait. Aussi, près de 7 répondants sur 10 estiment que leur entourage a une mauvaise opinion de la fonction publique et de ses employés. »
C’est sans doute la raison pour laquelle 36 % ont déclaré qu’ils cherchaient un emploi à l’extérieur de la fonction publique. « Le Conseil du trésor a beau dire que seulement 1 % des jeunes ont quitté la fonction publique depuis un an, le fait que le tiers d’entre eux lorgnent ailleurs est significatif du fait qu’ils ne sont pas entièrement satisfaits. » De plus, 68 % des répondants ont déclaré être prêts à quitter la fonction publique québécoise pour le secteur privé si l’occasion se présentait. Si l’offre d’emploi provenait du palier fédéral ou municipal, où d’ailleurs dans le réseau étatique (éducation, santé), ce nombre grimperait à 84 %.
Pistes de solution
Pour contrer cette volatilité, et assurer la rétention de ces jeunes travailleurs, que devrait faire la fonction publique ? Selon les jeunes employés de l’État, ce dernier devrait offrir de meilleures conditions de travail, dont, au premier chef, des salaires plus compétitifs. « Le salaire est important puisque les deux tiers des répondants ne trouvent pas leurs salaires suffisamment attrayants. Mais il y a aussi la flexibilité au travail et la conciliation travail-famille qui, aux [yeux] des jeunes d’aujourd’hui, sont des valeurs importantes. Ensuite, les jeunes indiquent clairement qu’ils aimeraient bien que leur travail ait un impact et que la possibilité d’avancement au sein de [la] fonction publique soit améliorée. »
Et la voie de la permanence, aujourd’hui offerte à seulement 60 % des employés de la fonction publique, ne leur apparaît pas comme la solution. « En fait, 63 % des répondants ont indiqué qu’ils étaient prêts à troquer la sécurité d’emploi contre de meilleures conditions d’emploi. »
Un défi pour l’État
Ce sondage, selon Jean-Bernard Marchand, est révélateur du défi qui attend le gouvernement québécois s’il veut s’assurer d’attirer et de retenir de jeunes employés au sein de la fonction publique. « Je comprends que le gouvernement se trouve en quelque sorte entre deux chaises. D’un côté, il est un employeur, mais de l’autre, un fiduciaire, puisqu’il gère les deniers des contribuables. Par contre, s’il penche trop [du] côté du fiduciaire, il risque de négliger son rôle d’employeur. » Et la responsabilité qui vient avec ce dernier rôle.
« Le but ne peut pas être de juste combler les postes de ceux qui partent à la retraite ou de ceux créés pour répondre à de nouveaux besoins. Le but doit être d’attirer les meilleurs candidats possible. C’est la base même pour une réelle modernisation de la fonction publique québécoise. »
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