Lisée propose de réduire les cibles d'immigration

L’immigration massive est un échec, juge Jean-François Lisée. Le candidat à la direction du Parti québécois propose d’abaisser substantiellement le nombre d’immigrants admis au Québec et de demander au Vérificateur général (VG) du Québec de déterminer les seuils d’immigration optimaux.
« Cinquante mille immigrants par année [le seuil actuel], c’est la recette de l’échec, a affirmé Jean-François Lisée dans une entrevue accordée au Devoir. On ne rend service à personne. On ne rend pas service surtout à ces néo-Québécois à qui on doit donner les outils de la réussite. » Il a rappelé qu’en 2002, sous un gouvernement péquiste, le nombre d’immigrants admis ne dépassait guère les 37 000.
C’est le gouvernement Charest qui a haussé les seuils d’immigration, d’abord à 45 000, puis à 50 000, puis à un maximum de 55 000, pour un retour sous le gouvernement Couillard à 50 000. Ce « chiffre magique » de 50 000 immigrants par année n’a jamais reposé sur une évaluation objective de la réussite des nouveaux arrivants, a déploré le député de Rosemont. « Ç’a été idéologique. Ç’a été peut-être poussé aussi par des organisations d’entreprises qui aiment avoir un bassin de main-d’oeuvre bon marché. »
On ne rend pas service à ces néo-Québécois à qui on doit donner les outils de la réussite
Dépolitiser
Le troisième candidat en lice pour succéder à Pierre Karl Péladeau propose de dépolitiser la fixation des seuils d’immigration. Il suggère qu’on demande au VG de les évaluer objectivement. « Si les libéraux veulent 50 000, et même Philippe Couillard disait que c’était intolérant de ne pas vouloir 60 000, ils sont soupçonnés de vouloir importer des électeurs. Et si le Parti québécois en veut moins, on est soupçonné de ne pas vouloir importer des électeurs libéraux », a-t-il fait valoir.
Jean-François Lisée estime que plusieurs données indiquent que le Québec accueille trop d’immigrants par rapport à sa capacité de les intégrer décemment. « Les signaux récents sont assourdissants », a-t-il dit.
Parmi ces signaux, le député a cité le taux de chômage élevé qui afflige les nouveaux arrivants. Chez les immigrants francophones qui sont au pays depuis cinq ans ou moins, le taux de chômage frôle les 25 %, un chiffre identique pour les immigrants qui ne connaissent ni le français ni l’anglais. Mais il y a plus. Les immigrants n’occupent souvent pas un emploi dans le domaine de leur formation et à la hauteur de leurs compétences. « Ils ne s’épanouissent pas comme ils devraient le faire et nous ne profitons pas de leurs talents comme on devrait le faire », a fait remarquer l’élu péquiste.
Selon lui, on devrait fournir rapidement aux candidats, alors qu’ils n’ont pas encore quitté leur pays, un préavis sur la reconnaissance de leurs qualifications. Il préconise aussi la création d’un fonds d’aide à la qualification professionnelle qui accorderait des prêts à bas taux d’intérêt aux nouveaux arrivants pour parfaire leur formation.
Jean-François Lisée a souligné le fait que près de la moitié des immigrants sélectionnés qui ne parlent pas français quittent le Québec. « C’est un échec pour eux et c’est un échec pour nous », juge-t-il. En outre, 60 % des immigrants qui ne parlent pas français ne s’inscrivent pas aux cours de français qui leur sont offerts. « Ce n’est pas de leur faute. D’abord, ils doivent travailler, ils doivent gagner leur vie. Et ils se trouvent des jobs dans des PME où l’anglais suffit, où ils baragouinent et ils se débrouillent », a-t-il poursuivi.
Le député péquiste a rappelé que le VG, dans un rapport pour l’année 2010-2011, a descendu en flammes la gestion de l’immigration par le ministère. Le VG avait notamment relevé l’inadéquation entre la formation des immigrants et le marché du travail, ainsi que l’absence de vérification de leurs compétences linguistiques.