La nouvelle génération se lance
La course à la chefferie du Parti québécois sera celle d’une nouvelle génération. Véronique Hivon deviendra lundi la toute première candidate déclarée à vouloir prendre la tête du parti souverainiste. Les candidatures de Martine Ouellet et d’Alexandre Cloutier semblent assurées alors que Nicolas Marceau se dit pour sa part toujours en réflexion.
Véronique Hivon sera la première à plonger officiellement dans l’arène, une semaine seulement après la démission-surprise de Pierre Karl Péladeau. Elle doit annoncer sa candidature lundi après-midi dans sa circonscription de Joliette.
Martine Ouellet ne devrait pas tarder à lui emboîter le pas. En entrevue avec Le Devoir dimanche, elle a affirmé que sa décision est « enlignée ». « Mon équipe est enthousiaste, j’ai beaucoup d’appui », a-t-elle confié. Elle doit faire lundi une annonce économique « d’envergure », laquelle était prévue avant le départ de M. Péladeau. « L’objectif est d’amener cette proposition importante jusqu’au congrès national en 2017 », a indiqué Mme Ouellet, sans donner davantage de précisions.
« Ma décision est prise », a réitéré Alexandre Cloutier sur Facebook samedi. « C’est une décision qui a été sagement réfléchie et nous l’annoncerons donc en famille, en bonne et due forme, prochainement », a-t-il écrit.
Sur les réseaux sociaux, l’ex-ministre des Finances Nicolas Marceau a indiqué que sa réflexion n’était pas terminée et que, dès que ce sera fait, il fera connaître sa décision de se lancer ou non dans la course.
La course se dessine
Première à plonger dans la course officiellement, Véronique Hivon n’accordait pas d’entrevues aux médias, dimanche.
Elle a reçu l’appui du député de Labelle, Sylvain Pagé. « Si je veux que la souveraineté se réalise, nous avons besoin de faire confiance à une personne qui saura rassembler, rassurer, inspirer et convaincre. Je crois donc fermement que nous avons besoin de Véronique Hivon », a-t-il écrit sur sa page Facebook. Il sera à ses côtés lundi.
Le député de Bertrand, Claude Cousineau, a été le premier député à appuyer la semaine dernière la candidature éventuelle de Mme Hivon. Le député de Berthier, André Villeneuve, et la députée de Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, sont aussi du nombre.
Des militants se réjouissent qu’elle ait décidé de se lancer, elle qui s’était ralliée à Alexandre Cloutier lors de la dernière course. La page Facebook « Rassemblé-e-s pour Véronique Hivon à la direction du Parti québécois » recueillait plus de 2300 « j’aime », dimanche.
Martine Ouellet estime que le parti doit se centrer sur ses deux « piliers » : l’indépendance et la social-démocratie. « Il faut agir pour rassembler les forces souverainistes et progressistes », a-t-elle dit en entrevue.
Cette course, qui se jouera vraisemblablement autour de jeunes politiciens, « est une démonstration assez éclatante que le PQ est aussi le parti de la nouvelle génération, où il y a plein de talents diversifiés, où il y a de la relève », a-t-elle ajouté.
Alexandre Cloutier n’a pas rappelé Le Devoir dimanche.
Pour l’instant, le jeune parti Option nationale ne compte pas se ranger derrière l’un ou l’autre des candidats. Le chef, Sol Zanetti, aurait appuyé un retour de Jean-Martin Aussant, mais ce dernier ne se présentera pas. « Nous sommes devant des candidats qui sont jeunes, effectivement, constate M. Zanetti. Mais celui qui a le plus renouvelé les idées en Amérique du Nord dans la dernière année a 74 ans, c’est Bernie Sanders. Ce qui est important, ce sont les idées, et non pas l’âge des personnes. »
Pour séduire M. Zanetti, un candidat à la direction du PQ devrait prendre un « engagement clair à faire l’indépendance ». « Il ne suffit pas de meettre des gens jeunes, il faut des idées courageuses. Nous avons une ouverture à collaborer avec un candidat qui aurait ce courage. »
Vers un chef en octobre
L’appel au « couronnement » d’Alexandre Cloutier lancé par Bernard Landry n’aura donc pas de suite. Ce n’est pas dans l’ADN du parti, selon le tout nouveau chef intérimaire, Sylvain Gaudreault.
« Le Parti québécois a été le premier au Canada à faire en sorte que son chef soit élu au suffrage universel des membres », a-t-il rappelé en entrevue, dimanche. « Les autres partis ont emboîté le pas. C’est donc dans la culture même du parti. M. Landry, et je le respecte, peut plaider pour un couronnement. Mais il n’y a rien dans nos statuts qui le permettent, si des gens souhaitent se présenter. »
Comme chef intérimaire, Sylvain Gaudreault fera de l’équité un principe fondateur alors que les différents aspirants chefs se lanceront dans une opération séduction tout en assumant leurs fonctions de députés. « Il est normal que chaque candidat souhaite tirer son épingle du jeu. Mais il faudra trouver un équilibre entre les interventions de chacun. Je prône l’équité tout en tenant compte de l’actualité et des dossiers de chacun », a expliqué M. Gaudreault.
Assiste-t-on à un certain renouveau du parti avec ces candidatures de politiciens plus jeunes ? Pour Sylvain Gaudreault, c’est dans l’ordre des choses. « Il y a plusieurs députés de cette génération, et j’en suis, qui arrivent à stade où c’est leur tour d’assumer des responsabilités plus importantes. »
Même si la dernière course au leadership est récente, les militants répondent présents, observe-t-il. « Pas que les gens soient satisfaits du départ de M. Péladeau. Mais les membres du parti aiment débattre. »
Samedi, le président du PQ, Raymond Archambault, a annoncé que le prochain chef serait élu au plus tard le 15 octobre prochain.
La Conférence nationale des présidents et des présidentes, le 27 ou le 28 mai prochain, permettra de déterminer la marche à suivre. Les représentants des 125 circonscriptions détermineront les modalités de la course, notamment les règles de financement, la tenue des débats, le nombre de signatures nécessaires pour se présenter ainsi que le calendrier.
Avec La Presse canadienne
Aussant s’explique
L’ancien député péquiste et fondateur d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, a confirmé les rumeurs, dimanche, affirmant sur Facebook qu’il ne briguera pas la direction du PQ. « Bien que mes convictions et ma passion pour la cause souverainiste soient toujours intactes et que je suive de près tout ce qui concerne l’avenir du Québec, un retour en politique est exclu à ce moment-ci », a-t-il écrit.Outre le fait que sa présence soit essentielle à ses deux enfants de cinq ans, mentionne-t-il, il explique apprécier son travail comme directeur général du Chantier de l’économie sociale du Québec. M. Aussant a nié donner son appui à Véronique Hivon, comme cela avait été écrit par La Presse, qui citait une source anonyme. « Mes fonctions actuelles demandent que je demeure neutre sur le plan de la politique partisane », écrit-il.
M. Aussant laisse la porte ouverte à un retour éventuel en politique, affirmant que « l’avenir dure longtemps ».