Jean-Marc Fournier plaide en faveur d’un accès élargi à l’école française dans le ROC

Le gouvernement Couillard invite les gouvernements des autres provinces à aller au-delà de leurs obligations constitutionnelles en élargissant l’accès à l’école française. Mais il n’est pas question que Québec fasse de même ici pour les écoles de la minorité anglaise.
Au terme du mois de la Francophonie et en vue de la célébration en 2017 du 150e anniversaire de la fédération, le ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-Marc Fournier, a diffusé une vidéo dans laquelle il lance un appel aux provinces pour qu’elles donnent accès à l’école française à des enfants qui n’y ont pas droit en vertu de la Constitution. « Élargissons l’espace francophone en ouvrant la porte de l’école francophone au-delà du minimum constitutionnel », déclare-t-il dans cette vidéo de dix minutes qui dresse un bilan optimiste de la francophonie canadienne.
Lors d’un point de presse, Jean-Marc Fournier a indiqué qu’il visait l’accès des enfants d’immigrants francophones qui, dans les provinces — autres que le Québec — et les territoires, n’ont pas accès à l’école française avant que leurs parents ne deviennent citoyens. Le ministre a cité également les programmes d’immersion française pour les élèves anglophones.
M. Fournier a signalé l’émergence d’une « réalité canadienne où il y a un appétit — j’appelle ça une légitimité nouvelle — pour le français, clairement, qui apparaît ».
« Tous les gouvernements provinciaux et les territoires souhaitent qu’il y ait un réel plan pour avoir plus d’immigration en français », a avancé le ministre. Il en veut pour preuve une rencontre qui réunira cet automne — c’est une première — les ministres de l’Immigration et les ministres de la Francophonie des provinces. L’objectif, c’est d’accueillir dans le reste du Canada la même proportion d’immigrants francophones que de natifs francophones, soit 4,4 % de la population. « Si vous souhaitez attirer de l’immigration en français, il me semble tout à fait normal que vous puissiez les intégrer [les immigrants] dans nos conseils scolaires francophones », estime le ministre.
Réalité différente
Ce qui vaut pour les francophones hors Québec ne vaut pas pour les anglophones au Québec. Il n’est pas question pour Québec d’accepter que des immigrants de langue anglaise puissent fréquenter l’école anglaise, ce que leur interdit la Charte de la langue française. Le principe d’asymétrie et la notion de société distincte font maintenant partie de la réalité canadienne, a soutenu Jean-Marc Fournier. « Vraiment, le monde a changé. […] La question de l’asymétrie entre la situation du Québec et le reste du Canada est comprise. Le monde sait très bien qu’il y a ici une majorité francophone qui est minoritaire au Canada et en Amérique du Nord. Ce n’est même plus une discussion. »
Pour Mark Power, un avocat spécialisé dans le droit à l’éducation en français, il est louable que le ministre demande aux provinces anglophones d’aller au-delà de leurs obligations constitutionnelles. Encore faut-il qu’elles les respectent.
Ainsi, il manque de places dans les écoles françaises partout au Canada, que ce soit à Ottawa, Toronto, Calgary, Edmonton, Vancouver. En ce sens, aucune province ne respecte son obligation d’assurer l’éducation en français là où le nombre le justifie.
Alors que le ministre vante l’asymétrie, le procureur du Québec a plutôt plaidé la symétrie contre la Commission scolaire francophone du Yukon, qui voulait agrandir une école accueillant, entre autres, des enfants d’immigrants, une cause qu’elle a perdue. « Le gouvernement du Québec a nui carrément au développement du français hors Québec », a déploré Mark Power.