Le comité d’éthique évaluera si Nathalie Normandeau sera bannie du Parti libéral

L’ex-vice-première ministre pourrait écoper d’une peine d’emprisonnement maximale de 14 ans si elle est reconnue coupable. Quoi qu’il advienne, l’ancienne numéro 2 du gouvernement Charest touchera sa retraite de l’Assemblée nationale.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir L’ex-vice-première ministre pourrait écoper d’une peine d’emprisonnement maximale de 14 ans si elle est reconnue coupable. Quoi qu’il advienne, l’ancienne numéro 2 du gouvernement Charest touchera sa retraite de l’Assemblée nationale.

Philippe Couillard n’en a pas fini avec le « scandale de l’argent sale ». Il sera assailli de questions à son retour à l’Assemblée nationale mardi, soit cinq jours après l’arrestation de son ex-collègue, « ministre à 100 000 $ », Nathalie Normandeau.

« Il faut y répondre. Encore une fois, les tribunaux se chargeront de répondre à une partie [d’entre elles] », a fait valoir le premier ministre lundi, cherchant une nouvelle fois à se distancier des pratiques de financement ayant cours avant son arrivée à la barre du PLQ. « Moi, je suis chef du Parti libéral depuis mars 2013. Depuis ce temps-là, je peux vous dire que le parti a changé beaucoup. Il avait commencé à changer auparavant. Il va continuer à changer par la suite. On est complètement dans une autre ambiance, dans un autre modèle de politique et c’est pour le mieux », a-t-il insisté lors d’un impromptu de presse à Saguenay.

Le chef du gouvernement a salué lundi la décision du comité d’éthique du PLQ de déterminer si son ex-collègue Nathalie Normandeau se verra arracher sa carte de membre du PLQ. « Nos instances vont se prononcer là-dessus. Elles regardent ce cas-là. Il faut savoir que premièrement, elle n’a pas été reconnue coupable […] ; deuxièmement, elle n’a pas de fonction définie au sein du parti. Cela dit, il est important que notre comité d’éthique se penche sur la question », a-t-il affirmé en marge d’une visite de l’entreprise Pro-Sag Mécanique inc.

L’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau fera face à des chefs d’accusation de fraude, de complot, d’abus de confiance et de corruption relativement à des subventionsoctroyées à l’époque où elle tenait les commandes du ministère des Affaires municipales.

Les partis politiques d’opposition sonneront la charge mardi, à l’occasion de la première période de questions depuis le point de presse du commissaire à la lutte contre la corruption, Robert Lafrenière, il y a cinq jours. « Le “scandale de l’argent sale”, c’est plus grand que le scandale des commandites », répétera notamment la CAQ, et ce, jusqu’au départ des élus pour une semaine de « travail en circonscription » jeudi. Le chef caquiste François Legault s’entretiendra avec les médias « au sujet du scandale entourant le financement du Parti libéral du Québec » en fin d’avant-midi. « Il y a toutes sortes de questions qui remontent à la surface », soulignait son attaché de presse, Guillaume Simard-Leduc, lundi après-midi.

L’ex-vice-première ministre touchera tout de même sa retraite

Mme Normandeau pourrait écoper d’une peine d’emprisonnement maximale de 14 ans si elle est reconnue coupable. Quoi qu’il advienne, l’ancienne numéro 2 du gouvernement Charest touchera sa retraite de l’Assemblée nationale. « Le droit à la rente de retraite est personnel et insaisissable », a résumé le porte-parole de Retraite Québec, Pierre Turgeon. L’article 50 de la Loi sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale stipule en effet que « toute somme payée en vertu du présent chapitre est incessible et insaisissable ».

Chose certaine, « s’il y a eu des malversations et du financement illégal, c’est le Parti libéral qui en a profité, pas elle », a lancé son ex-collègue au FM93 Éric Duhaime vendredi, précisant que Mme Normandeau n’était pas « assise sur une fortune personnelle ou une montagne de cash ».

Selon ses propres mots, Mme Normandeau a « tout […] appris de la politique » de la part de l’ancien premier ministre Jean Charest.

Roussy, toujours membre du PQ

 

L’état-major du PQ devra pour sa part déterminer quel sort il réserve à l’ex-maire de Gaspé François Roussy, qui a toujours sa carte de membre du parti politique dirigé par Pierre Karl Péladeau. « Il est membre du Parti québécois. Cette situation fera l’objet d’une discussion lors d’une prochaine rencontre du comité exécutif national du Parti », a indiqué l’attaché de presse du PQ, Yanick Grégoire, dans un échange avec Le Devoir.

À l’instar de M. Roussy, l’ex-conseiller politique de Pauline Marois dans la circonscription de Charlevoix, Ernest Murray, fait face à des accusations de complot et d’abus de confiance. Celui-ci n’a plus de carte de membre du PQ « depuis plusieurs mois », a précisé M. Grégoire.


Conséquences à Chicoutimi ?

De passage dans la circonscription de Chicoutimi lundi, Philippe Couillard disait ne pas croire que la candidate libérale à l’élection partielle, Francyne T. Gobeil, fera les frais de la controverse éclaboussant le PLQ.

« Les gens ont bien vu les événements comme nous. Les tribunaux se prononceront là-dessus. C’est des événements qui remontent à plusieurs années. Encore une fois, l’élection d’aujourd’hui porte sur le comté de Chicoutimi », a-t-il martelé.


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