L’austérité n’a pas nui à l’économie, selon Philippe Couillard

Le premier ministre Philippe Couillard a nié, jeudi, que l’austérité qui s’est traduite par des coupes dans les dépenses de l’État ait pu plomber l’économie du Québec.
« Je constate que la croissance économique est lente, mais il n’y a aucune relation entre ça et les décisions budgétaires du gouvernement », a affirmé Philippe Couillard dans une mêlée de presse à la veille de la présentation du troisième budget Leitão.
Le premier ministre a indiqué que certaines provinces avaient appliqué des « mesures de restrictions budgétaires » plus importantes que le Québec « avec des résultats différents », c’est-à-dire une croissance économique plus forte. « Donc, on ne peut pas faire ce lien-là », a-t-il conclu.

Philippe Couillard a aussi mentionné que le Québec s’est situé au deuxième rang au pays pour la création d’emplois. Il s’appuyait sur les sondages mensuels de Statistique Canada et la comparaison entre les mois de décembre 2014 et 2015. Cette comparaison, qui ne constitue toutefois pas une donnée fiable sur l’emploi, montre qu’il se serait créé 49 000 emplois à temps plein au Québec en un an.
L’atteinte de l’équilibre budgétaire en 2015-2016 est « une bonne nouvelle pour le Québec », a réitéré Philippe Couillard, rappelant que les partis d’opposition (à l’exception de Québec solidaire) en avaient fait leur objectif. « Ils disent qu’ils ne l’auraient pas fait comme ça. Mais comment l’auraient-ils fait ? » s’est-il demandé.
Ce retour à l’équilibre budgétaire dégage des « marges de manoeuvre pour nous permettre de réinvestir, par exemple, en éducation, en santé, de prendre des initiatives économiques », a fait valoir le premier ministre. Le gouvernement Couillard a maintenant les moyens de se doter d’une politique économique et « d’orienter le Québec vers la nouvelle économie ». Quatre thèmes seront privilégiés : « Il faut mieux former, innover, tirer profit de la transition vers une économie sobre en carbone, attirer et garder les talents chez nous », a-t-il énuméré.
Une situation « très préoccupante »
Dans un point de presse, le chef de l’opposition officielle, Pierre Karl Péladeau, a qualifié de « très préoccupante » la situation économique. Il a réclamé un « budget résolument économique » ainsi qu’une politique de maintien des sièges sociaux au Québec, une stratégie numérique et le rétablissement des outils de développement économique régional.
Le porte-parole péquiste en matière de finances, Nicolas Marceau, a rappelé que l’économiste Pierre Fortin avait évalué que les coupes gouvernementales et la hausse du fardeau fiscal avaient retranché 1 % à la croissance économique. La Banque Nationale, qui entrevoyait il y a un an une croissance de 1,9 % en 2015 au Québec, vient de réduire sa prévision à un maigre 0,9 %.
Le Parti québécois exige une hausse du budget de l’éducation ainsi que l’abandon des tarifs des services de garde fixés en fonction du revenu familial, soit le retour à l’universalité.
À la Coalition avenir Québec, François Legault a exhorté le gouvernement de consentir une baisse d’impôt de 500 $ par contribuable, au coût de 1,7 milliard pris à même le versement de 2,2 milliards au Fonds des générations l’an prochain. « Actuellement, il faut un remède de cheval » pour stimuler l’économie, juge-t-il.
À Québec solidaire, c’est la totalité de la somme 2,2 milliards versée au Fonds des générations qu’il faut réaffecter, notamment dans le développement des CLSC (450 millions), le soutien à domicile (450 millions), l’éducation (400 millions), les services de garde (250 millions) et diverses mesures pour les plus démunis (300 millions). « Ceux qui ont contribué à l’effort budgétaire, parfois malgré eux, devraient être les premiers bénéficiaires », a plaidé Amir Khadir.