Le Québec doit accueillir 10 000 immigrants de plus, tranche Philippe Couillard

Le Québec n’a d’autre choix que d’augmenter à 60 000 le nombre annuel d’immigrants qu’il accueille, soit 10 000 de plus qu’à l’heure actuelle, juge le premier ministre Philippe Couillard.
« On a besoin de le faire », a affirmé Philippe Couillard dans une mêlée de presse mardi. L’idée du premier ministre est arrêtée avant même que n’aient eu lieu les consultations sur les seuils triennaux d’immigration. La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, a indiqué au Devoir que ces consultations statutaires, qui réunissent professionnels du milieu de l’immigration, experts, représentants patronaux et syndicaux, se tiendront ce printemps.
« Pourquoi avons-nous besoin de le faire ? Parce que le Québec, et ç’a un effet sur notre économie, est dans une situation où la population active, la population en âge de travailler ou de chercher un emploi, ne croît pas rapidement ou même a tendance un peu à décroître, a expliqué le premier ministre. On est un peu unique dans cette situation-là de sorte qu’on a besoin d’un moteur de croissance démographique plus important. Et l’immigration, c’est un de ces moteurs. »
Dans la nouvelle politique d’immigration, intitulée « Ensemble, nous sommes le Québec », que Kathleen Weil a dévoilée lundi, il est mentionné qu’en relevant à 60000 le nombre d’immigrants reçus, « le Québec éviterait un recul de sa population en âge de travailler en dessous de son niveau de 2011 ». Or, si le seuil actuel de 50 000 immigrants est maintenu, « la taille de la population en âge de travailler connaîtrait un recul marqué entre 2016 et 2031, entraînant une rareté de main-d’oeuvre, particulièrement dans certains secteurs d’activité et régions ».
En 2014, le Québec a sélectionné près de 35 000 de ses 50 000 immigrants. Il s’agit de l’immigration dite économique : les candidats sont choisis en fonction des besoins du marché du travail. À ce nombre se sont ajoutés près de 5000 réfugiés et 11 000 immigrants issus du programme de regroupement familial, autant d’immigrants que le gouvernement fédéral se charge de choisir.
Les 10 000 immigrants de plus proviendraient essentiellement de la filière économique. « Ce que Mme Weil a annoncé [lundi] de plus significatif, c’est qu’on doit ajuster de façon encore plus étroite la sélection », a souligné le premier ministre. La nouvelle politique d’immigration mise sur une sélection à partir d’une banque de candidats ayant déclaré leur intérêt à immigrer au Québec et choisis pour répondre aux besoins courants du marché du travail.
Un nombre record au Canada
Au moment où Philippe Couillard affirmait sa volonté d’accueillir plus d’immigrants, le gouvernement fédéral annonçait, mardi, une cible record d’immigrants pour 2016, soit un maximum de 30 5000. Depuis plusieurs années, le Canada accueille un nombre toujours accru d’immigrants. La cible était de 280000 personnes en 2015 et de 265 000 depuis 2007. Ces chiffres comprennent les seuils québécois. Or, Ottawa entend réduire de 24 000 personnes l’immigration économique pour admettre 162 400 personnes et augmenter les regroupements familiaux à 82000 personnes et porter à 57 000 le nombre de réfugiés accueillis, soit 27 000 de plus que le maximum fixé en 2015.
Les seuils d’immigration au Canada ont pour effet de diminuer le poids démographique du Québec dans la fédération. Avec un seuil fixé à 305 000, il faudrait que le Québec admette 70 000 immigrants par an pour suivre la cadence.
« Si vous regardez les études démographiques qui comparent le Québec et l’Ontario, si rien n’est fait, l’écart dans les populations va être encore plus important en 2030, s’est inquiété Philippe Couillard. Mais au Québec, on doit rappeler que notre capacité d’accueil doit être respectée », a-t-il dit, soulignant que l’immigration doit aussi renforcer le fait français au Québec, « ce qui est différent du contexte fédéral ».
De son côté, Kathleen Weil a signalé que le Québec avait tous les pouvoirs pour fixer le nombre d’immigrants qu’il accueille, quelle que soit la volonté d’Ottawa.