Lise Thériault ne se dit pas féministe

Par rapport au mouvement féministe et à son influence, la ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, demeure évasive.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Par rapport au mouvement féministe et à son influence, la ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, demeure évasive.

La ministre de la Condition féminine, Lise Thériault, refuse l’étiquette de féministe.

Son approche envers la cause des femmes se veut beaucoup plus pragmatique que théorique, plus terre à terre que militante, plus individuelle que collective.

Son style s’apparente à celui d’un motivateur. Le conseil de la vice-première ministre aux femmes est le suivant : « Tu veux prendre ta place ? Faire ton chemin ? Let’s go, vas-y ! ».

C’est par nature une fonceuse, qui n’a peur de rien ni de personne, et elle aimerait bien que son énergie, réputée débordante, soit contagieuse et contamine d’autres femmes.

Elle n’est pas du genre à avoir réfléchi longtemps à sa position sur le mouvement féministe, ou à se demander quelle étiquette elle était prête à assumer.

« Je suis beaucoup plus égalitaire que féministe », confiera Lise Thériault à La Presse canadienne, au cours d’une entrevue d’une heure visant à tracer ses priorités d’action dans ses nouvelles fonctions, à l’approche de la Journée internationale des femmes, le 8 mars.

Elle croit à l’« individu » qui décide de « prendre sa place ». Quand elle parle d’égalité entre hommes et femmes, elle pense surtout à réduire l’écart entre les hommes et les femmes aux postes de commande, sa priorité pour les prochaines années.

Par rapport au mouvement féministe et à son influence, Mme Thériault demeure évasive, paraissant l’associer davantage au passé qu’à l’avenir. « La réalité des années 70 et la réalité d’aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Les gens ont évolué. Des choses ont été faites », dit Mme Thériault, ajoutant cependant « qu’il en reste encore à faire », sans donner de précisions, pour faire avancer la cause des femmes.

« Il y a encore des limites à repousser pour les femmes », a d’ailleurs dit Lise Thériault, lors d’une entrevue accordée au Devoir lundi dernier.

Pas de modèle précis

 

Alors qu’on lui demandait si une des grandes figures du mouvement féministe avait été pour elle une source d’inspiration, un modèle à suivre, Mme Thériault réfléchit un moment, puis laisse tomber : « S’il y en a une qui m’inspire plus que les autres ? À première vue, je vous dirais non. »

Elle se dit intéressée par la campagne de solidarité pour l’égalité des sexes « He for She », lancée par l’ONU Femmes et personnifiée par la jeune actrice britannique Emma Watson, « qui joue dans Harry Potter », précise-t-elle. La campagne vise à sensibiliser les hommes au combat pour l’égalité des sexes. « Je regarde ça avec beaucoup d’intérêt », persuadée qu’hommes et femmes doivent travailler « vers un but commun », l’égalité de fait.

D’ici la fin du mandat, la ministre entend présenter un plan d’action sur la prévention de la violence faite aux femmes et un autre pour la promotion de l’égalité entre hommes et femmes.

La ministre se dit aussi « très à l’aise » avec les compressions imposées au Conseil du statut de la femme, qui a dû fermer ses bureaux régionaux, et au Secrétariat à la condition féminine, dont le budget est passé de 7,2 millions à 5,3 millions.

« L’important, c’est d’avoir l’argent pour appliquer les mesures sur le terrain », selon elle.

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