Le ministre Sébastien Proulx sur la défensive

Un ministre de l’Éducation chargé de défendre, financer et promouvoir le réseau scolaire public peut-il en même temps, sans problème, placer ses enfants à l’école privée ? C’est une des questions qui circulent dans les couloirs du parlement depuis la nomination, lundi, de Sébastien Proulx, à la tête du ministère de l’Éducation.

M. Proulx est le père de deux enfants âgés de 8 et 10 ans qui fréquentent tous deux une école primaire privée.

Jeudi, sur la défensive, le ministre en a fait une question de choix personnel, qui ne regarde que lui. Il a dit que, quelles que soient les critiques et les opinions entendues, il n’avait nullement l’intention de placer ses enfants à l’école publique.

Lors d’une mêlée de presse, le ministre de l’Éducation a refusé de justifier son choix et de révéler pourquoi à ses yeux il était si important que ses enfants fréquentent une école privée, plutôt que publique. Il en fait une question de liberté de choix, offerte à tous les parents.

Questionné à savoir s’il s’agissait d’un jugement de valeur envers le réseau scolaire public, il n’a pas répondu, paraissant agacé par les questions sur ce sujet. « À 8 ans et 10 ans, il n’y a personne qui va me faire accroire qu’il faut que je les sorte de làet les envoyer ailleurs parce que papa fait de la politique », a commenté le ministre.

Son choix, a-t-il dit, repose sur des raisons « qui ne concernent personne, sauf moi et ma conjointe ». Lui-même est allé à l’école publique au primaire, puis à l’école privée au secondaire.

L’opposition réagit

Le porte-parole de Québec solidaire, le député Amir Khadir, a estimé qu’il était « normal » de voir un ministre de l’Éducation du gouvernement Couillard placer ses enfants à l’école privée, en raison du « désaveu » de ce gouvernement pour l’école publique.

Si les libéraux croyaient à l’école publique, « ils ne couperaient pas autant » dans le réseau depuis deux ans, a-t-il commenté. « C’est très logique pour quelqu’un qui ne croit pas au système d’éducation publique, qui doit être un système de qualité dans lequel il y a les ressources nécessaires », a dit le député, lors d’un point de presse, en rappelant que le réseau privé était financé à 70 pour cent avec des fonds publics. « C’est le meilleur des deux mondes pour les enfants de riches », selon lui.

Le porte-parole péquiste en éducation, le député Alexandre Cloutier, a dit qu’il fallait s’attendre de tout ministre de l’Éducation « qu’il défende l’école publique, qu’il s’assure de la qualité des services ».

Sur le fait qu’il place ses enfants à l’école privée, il juge que M. Proulx « n’en est pas à une contradiction près » en matière d’éducation, rappelant ses différentes positions sur l’abolition des commissions scolaires.

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