L’IRAI sera téléguidé par le PQ, soupçonnent le PLQ et la CAQ
La désignation de Daniel Turp — mentor de Pierre Karl Péladeau en matière d’affaires constitutionnelles — à la tête de l’Institut de recherche sur l’autodétermination des peuples et des indépendances nationales (IRAI) renforce l’impression que le groupe de recherche sera inféodé au Parti québécois, soutiennent libéraux et caquistes.
« C’est une institution qui semble avoir été imaginée, réalisée par le chef du Parti québécois », a soutenu le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc-Fournier, lors d’une mêlée de presse mercredi. Cependant, il confie au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) le soin de déterminer si l’IRAI doit être assujetti à la loi électorale québécoise, qui limite à 100 dollars par année toute contribution à un parti politique. « Il y a suffisamment d’éléments. Je laisse le DGEQ enquêter. »
Le ministre libéral est convaincu que l’IRAI s’avérera incapable de stimuler l’appétit de la population pour un troisième référendum sur l’indépendance du Québec. « Le PQ radote, radote et radote. Ils ont fait la même chose il y a 20 ans », a-t-il affirmé, pointant la quarantaine d’études controversées de l’ex-ministre péquiste Richard Le Hir publiées en vue du référendum du 30 octobre 1995.
M. Fournier s’est d’ailleurs moqué de l’embauche d’un chasseur de têtes, aux frais de M. Péladeau, pour dénicher le premier directeur général de l’IRAI. « Je me questionne encore un peu sur la raison pour laquelle il a investi pour un chasseur de têtes, parce que Richard Le Hir devait être disponible pour l’emploi », a-t-il dit avant la tenue d’une séance du Conseil des ministres.
De son côté, le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, ne voit pas la nécessité de couper tout lien avec M. Turp, ex-député péquiste et bloquiste, pour garantir l’indépendance de l’IRAI. « J’ai des liens avec beaucoup de monde. Ça ne les empêche pas d’être indépendants », a-t-il fait valoir, avant de répéter que l’IRAI est « indépendant » du PQ.
Mise en demeure sans suite
D’autre part, M. Péladeau a annoncé que la mise en demeure acheminée il y a quelques semaines à son homologue caquiste François Legault ainsi qu’au député de Deux-Montagnes, Benoit Charrette, après que ceux-ci se soient interrogés sur la légalité d’un éventuel don important de sa part à l’IRAI, restera sans suite. « J’ai tourné la page », s’est-il contenté de dire.
M. Legault s’est dit « content » de ce dénouement dans cette affaire, selon lui, « politique » et non « juridique ». Il a toujours des « interrogations » sur le statut juridique de l’IRAI. « C’est la même chose avec l’Idée fédérale. Est-ce qu’on peut avoir un organisme qui ne respecte pas le 100$ par personne de financement, qui fait la promotion d’une partie importante du programme d’un parti politique ? » a-t-il demandé.
Le chef de la CAQ a indiqué qu’il « ne perdr[a] pas de temps », au cours des prochaines années, à consulter les études de l’IRAI, qui, selon M. Turp, « viseront notamment à analyser rigoureusement toutes les questions économiques, environnementales, sociales et culturelles relatives à l’indépendance du Québec, dans une perspective comparée et internationale ». « Les Québécois ne sont pas préoccupés [par la] souveraineté. Ils sont préoccupés d’emplois. […] Plus le PQ va parler de souveraineté, moins il va avoir d’appuis. Donc, qu’il en parle ! » a lancé M. Legault.