Québec solidaire repousse la main tendue du Parti québécois

L’élu solidaire Amir Khadir accuse Pierre Karl Péladeau d’avoir perdu de vue les « intérêts de la nation du Québec » en cautionnant par son silence le recours à de l’évitement fiscal par des filiales de Québecor. À ses yeux, l’ex-chef d’entreprise a commis un acte de « déloyauté » à l’égard du Québec. « Il a un grand problème, là », a déclaré le député de Mercier à la veille de la reprise des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale.
L’état-major de Québec solidaire n’accorde aucune crédibilité aux explications du chef du Parti québécois après la diffusion de reportages de La Presse et de Radio-Canada relatant l’ouverture de succursales de Québecor dans des « paradis fiscaux ». « Ses compagnies, lors de sa direction, ont voulu éviter de payer de l’impôt au Québec, ont créé des sociétés écrans au Delaware et ailleurs pour échapper à l’impôt, que moi et vous, nous nous faisons un devoir et un honneur de payer, d’accord ? […] Je n’achète aucune de ses explications », a lancé M. Khadir lors d’une conférence de presse dans le foyer de l’hôtel du Parlement lundi après-midi.
Dans ce contexte, les solidaires repoussent la main tendue de la responsable de la convergence du mouvement indépendantiste, Véronique Hivon. « C’est sûr que le meilleur choix dans un congrès à la chefferie, ce n’était pas M. Péladeau, hein ? On s’entend là-dessus », a ajouté M. Khadir.
Les solidaires refusent de s’asseoir avec le chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, ou encore avec le leader parlementaire du PQ, Bernard Drainville, en vue de la naissance d’une « collaboration » qui pourrait à terme mener à la conclusion d’un « pacte électoral ». Près de deux ans après la défaite électorale du PQ, les solidaires ne digèrent toujours pas le projet de charte des valeurs québécoises, dont l’un des plus ardents défenseurs au sein du gouvernement Marois était M. Drainville.
QS rejette aussi le « dogme du déficit zéro » dans lequel le PQ est enfermé depuis 1998. « Malheureusement, d’un point de vue des grandes idées, il y a des divergences importantes entre les partis souverainistes », a résumé le président de QS, Andrés Fontecilla, rappelant qu’il n’a pas le mandat de négocier un rapprochement avec le PQ de la part des membres de QS. Cela dit, il y a un « débat permanent » sur des projets d’alliance entre QS et d’autres partis politiques indépendantistes dans les rangs solidaires, a-t-il fait remarquer.
En revanche, M. Fontecilla voit les « véritables perspectives de dialogue » avec d’autres « souverainistes et progressistes » au sein de regroupements non partisans comme les Organisations unies pour l’indépendance (OUIQuébec) ou les Intellectuels pour la souveraineté (IPSO), avec lesquelles QS entretient déjà un « dialogue très fécond ».
Enfin, M. Fontecilla a exprimé de sérieuses réserves à l’égard du projet d’institut de recherche appliquée sur l’indépendance dans les cartons de M. Péladeau. « En soi […], c’est une bonne idée », a-t-il fait valoir. Cependant, il se demande « [à] qui appartien[dra] » le groupe de recherche : au mouvement souverainiste, au PQ ou encore à Pierre Karl Péladeau, qui serait son « principal bailleur de fonds » ?
La rentrée parlementaire en quatre points
Les députés effectuent ce mardi leur retour à l’Assemblée nationale après deux mois de relâche parlementaire. Les partis d’opposition garderont à l’oeil le gouvernement de Philippe Couillard dans plusieurs dossiers, dont ceux-ci :Services de garde Le nouveau ministre de la Famille, Sébastien Proulx, est aux prises avec la grogne des opposants à la modulation des tarifs de garde, qui se traduira par des revenus supplémentaires de 170 millions de dollars par année pour l’État, ainsi qu’aux coupes budgétaires de 120 millions de dollars. Le gouvernement poursuit l’objectif d’offrir « les meilleurs services possible aux meilleurs coûts possible », a expliqué M. Couillard lundi, au lendemain de manifestations de quelque 20 000 défenseurs des centres de la petite enfance.
Commissions scolaires En plus de réorganiser la gouvernance du réseau scolaire, le nouveau ministre de l’Éducation, Pierre Moreau, est confronté à la vétusté des écoles québécoises, qui ont pâti d’une diminution de 40 % du financement consacré à leur réfection.
Aide sociale Tout en réfléchissant à l’insertion du revenu minimum garanti au Québec, l’ancien-nouveau ministre de l’Emploi, François Blais, devra trouver une piste d’atterrissage au projet de loi 70 visant à obliger les quelque 17 000 personnes dites « aptes à l’emploi » demandant l’aide sociale pour la première fois chaque année à participer à une démarche d’insertion au travail.
Statut particulier Le ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, sentira vite l’impatience des villes de Montréal et de Québec qui réclament respectivement le statut de métropole et de capitale.
[Les compagnies de M. Péladeau] ont voulu éviter de payer de l’impôt au Québec, ont créé des sociétés écrans au Delaware et ailleurs pour échapper à l’impôt, à l’impôt que moi et vous, nous nous faisons un devoir et un honneur de payer, d’accord ? Donc, comme loyauté à la nation du Québec, il a un grand problème, là. C’est un grand problème de déloyauté aux intérêts de la nation du Québec.