Martin Coiteux juge la grève impertinente

Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, entend jouer ses dernières cartes. « Le temps est venu de conclure une entente », a-t-il déclaré au lendemain d’une journée de grève générale « non pertinente », selon lui.
Le ministre libéral a reproché aux quelque 400 000 membres du front commun et aux 34 000 enseignants de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ayant manifesté à Montréal et à Québec, mercredi, d’avoir « fait subir des tracas qui ne sont franchement pas nécessaires » à la population. « Les gens dont je me préoccupe surtout aujourd’hui, ce sont les parents du Québec, qui ont des enfants d’âge scolaire et qui doivent trouver des solutions de rechange [pour la garde de leurs enfants] et c’est pas facile », a-t-il affirmé à la sortie du Conseil des ministres.
Les négociations sont « au stade où, s’il y a de la bonne volonté du côté des syndicats, on peut se parler vraiment de ces questions [salariales] et en arriver le plus rapidement possible à une entente », a poursuivi M. Coiteux après s’être entendu quant à l’organisation du travail avec des syndicats représentant plus de 300 000 employés de l’État.
Le Front commun et la FAE ne réussiront pas à faire monter les enchères en décidant de battre le pavé plutôt que de poursuivre les pourparlers, a-t-il plaidé. « Les syndicats savent que le gouvernement a encore quelques cartes, mais ces cartes-là ne changent pas aujourd’hui parce qu’on retarde cette discussion extrêmement importante par une journée de grève. »
Offres attendues
L’élu libéral avait évoqué la semaine dernière la possibilité de bonifier la hausse salariale consentie actuellement aux employés de l’État en échange d’un rehaussement de l’âge de la retraite sans pénalité actuarielle de 60 à 61 ou 62 ans.
Le président de la CSN, Jacques Létourneau, demande à M. Coiteux de faire connaître de « nouvelles offres ». « Est-ce que le gouvernement va se commettre dans les prochaines heures, dans les prochains jours, on le souhaite », a-t-il dit au terme de « la plus grande grève nationale depuis 1972 dans le secteur public ». « Il y en avait 210 000 en grève en même temps en 1972, aujourd’hui, c’est plus de 400 000 », s’est-il félicité.
Interrogé à savoir si le front commun allait bientôt tenir ses 5e et 6e journées de grève, le président de la FTQ, Daniel Boyer, a laissé entendre qu’il aimerait mieux ne pas avoir à en venir là. « On a toujours bon espoir de régler avant les Fêtes, en souhaitant que le mouvement de grève d’aujourd’hui fasse comprendre au gouvernement que nos gens ne sont pas fatigués ; ils sont toujours aussi mobilisés, déterminés. »
« Conditions pas réunies »
Le ton conciliant de M. Coiteux ne se reflète pas aux tables de négociation en éducation, avertit le président de la FAE, Sylvain Mallette. « Il tient ce discours, mais les gestes doivent appuyer ce discours [à la table sectorielle] », a-t-il fait valoir au Devoir. La partie patronale a exprimé le souhait d’une entente négociée et que les échanges restent cordiaux, mais « les conditions ne sont pas encore réunies », a-t-il ajouté.
Les 34 000 enseignants du préscolaire, du primaire et du secondaire membres de la FAE seront en grève encore jeudi et vendredi. Un camp d’occupation a été dressé mercredi matin sur des terrains à proximité du quartier général du ministère de l’Éducation à Montréal.
Les enseignants et professionnels de l’éducation affiliés à la CSQ ont défilé mercredi à Québec. Reconnaissant que le rythme des négociations s’est accentué, la présidente Louise Chabot a tout de même invité le gouvernement à « entendre le message » de cette mobilisation.
Contrairement au personnel de soutien scolaire, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) n’a toujours pas signé d’entente de principe à sa table sectorielle pour ses 73 000 enseignants. Elle réclame notamment une diminution des ratios par classe et de la précarité de ses membres.
Avec La Presse canadienne
Arrestations lors d’une manifestation de soir
Quelques centaines de personnes se sont donné rendez-vous mercredi soir à la place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal, pour marquer la fin d’une journée de manifestations dans plusieurs villes de la province. Alors qu’avancent certaines négociations dans le secteur public, le groupe de manifestants tenait à souligner que son « refus de l’austérité dépasse l’enjeu des conventions collectives et doit se porter au-delà du cadre syndical ». L’action, organisée par le collectif anti-austérité Printemps 2015, s’est soldée par des arrestations.[Martin Coiteux] tient ce discours, mais les gestes doivent appuyer ce discours [à la table sectorielle]