Les médecins gagnent assez, dit Couillard
![Au Québec, c’est «l’austérité partout […] sauf pour les collègues médecins du premier ministre et de son ministre de la Santé», a dénoncé le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau.](https://media1.ledevoir.com/images_galerie/nwd_367033_242667/image.jpg)
Sous le feu nourri de l’opposition, le premier ministre Philippe Couillard a coupé court vendredi à toute discussion sur une éventuelle hausse salariale des médecins. « Là, ça suffit, là. Je pense que s’il y avait un rattrapage à faire, il a été fait », a-t-il dit sèchement lors du bilan des travaux parlementaires de l’automne.
M. Couillard a dit avoir été forcé de « corriger » l’inégalité de revenus entre les médecins du Québec et ceux du reste du Canada en raison d’une lettre d’entente conclue par le gouvernement péquiste avant l’élection du gouvernement Charest en 2003. « La prochaine négociation, elle va se faire au bénéfice entier des patients », a-t-il promis.
Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, s’est aussi retrouvé dans le collimateur des partis d’opposition. Le Parti québécois l’a notamment accusé d’être à la solde de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), où il a été président de novembre 2006 à mars 2014. Sous sa gouverne, le salaire moyen d’un médecin spécialiste a bondi. « C’est le gouvernement des médecins par les médecins pour les médecins. D’ailleurs, on se demande encore pourquoi ils ont payé une indemnité de départ [à M. Barrette], il continue à travailler pour eux autres », a lancé le leader parlementaire du PQ, Bernard Drainville.
Le chef du gouvernement a quant à lui louangé le travail de Gaétan Barrette, ex-grand patron de la FMSQ, à la tête du ministère de la Santé. « M. Barrette est probablement un des meilleurs ministres de la Santé qui a agi au Québec au cours des dernières années, et je mets beaucoup d’années dans ce vocable-là », a-t-il affirmé à la presse. Rappelons que M. Couillard a lui-même été ministre de la Santé de 2003 à 2008.
L’austérité raillée
Au Québec, c’est « l’austérité partout […] sauf pour les collègues médecins du premier ministre et de son ministre de la Santé », a dénoncé le chef péquiste Pierre Karl Péladeau en Chambre. Le député solidaire, Amir Khadir, a acquiescé. « Je ne pense pas que les citoyens du Québec acceptent que, pendant qu’on met le couteau dans les services publics, on mette un bar ouvert devant les médecins québécois », a-t-il fait valoir.
Confronté à une montée du mécontentement populaire provoqué par des coupes budgétaires notamment en santé et en éducation, M. Couillard a répété avoir permis au Québec de recouvrer une « véritable liberté » : « la liberté encore une fois d’investir dans les secteurs importants comme l’éducation ». Cela dit, « la fameuse austérité toxique, c’est un mythe », a insisté le chef libéral, ajoutant du tac au tac que son équipe était plutôt parvenue à « combiner la gestion rigoureuse des finances publiques et la croissance de notre économie et de l’emploi ».
De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a soutenu que la « faible » croissance économique avait poussé le gouvernement à faire des « choix douloureux »,notamment celui d’alourdir le fardeau fiscal des Québécois. Il avance que la CAQ est la seule véritable solution de rechangeau « monopole libéral », le projet indépendantiste du PQ étant mort et enterré selon lui.
Remaniement ministériel
Philippe Couillard a pris soin vendredi de ne pas faire tourner la machine à rumeurs sur un éventuel remaniement ministériel. « Je suis toujours à la recherche de façons d’améliorer mon équipe », a-t-il toutefois dit. Le chef du gouvernement a aussi précisé que la ministre de la Sécurité publique en titre, Lise Thériault, « va toujours être une partie importante de [son] équipe » dès son retour aux affaires de l’État.
17 lois adoptées
Loi 20 sur l’accès aux médecins, loi 44 sur la lutte contre le tabagisme, loi 54 sur l’amélioration de la situation juridique de l’animal, loi 67 sur l’encadrement de l’hébergement touristique, loi 78 sur la fin des allocations de transition aux députés démissionnant en cours de mandat, etc.Les députés échangent en moyenne trois minutes de plus durant la période des questions et des réponses depuis la fin des applaudissements.