Les syndicats, au-delà des charges populaires

Le débat sur les failles des syndicats organisé par Le Devoir mercredi soir a surtout mis en évidence que les syndicats et le patronat sont de moins en moins les blocs monolithiques qu’on imagine. Mais tous les invités, de droite comme de gauche, ont dit souhaiter que les syndicats se renouvellent.
C’est connu, les syndicats ont de moins en moins la cote au Québec. Tôt dans le débat, Martine Hébert, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), a noté que la classe moyenne n’en pouvait tout simplement plus de « payer et payer ». Elle a plus tard cité un sondage selon lequel 50 % des gens jugeaient les syndicats inutiles au Québec.
Les invités réunis par l’éditorialiste Antoine Robitaille s’étaient fait demander si les syndicats devaient changer. Là-dessus, Régine Laurent de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a dit qu’ils le faisaient déjà. Plutôt que de toujours dire « non, non, non », la FIQ opte désormais pour un syndicalisme de proposition, a-t-elle dit en citant l’exemple de la coopérative SABSA, une clinique sans médecin financée par ses membres.
Le représentant du Conseil du patronat (CPQ) était d’accord pour dire que les syndicats avaient commencé à changer. Me Guy-François Lamy a surtout plaidé pour des relations de travail moins axées sur la confrontation. Il a répété qu’il fallait d’abord créer de la richesse pour ensuite la distribuer.
L’ancien porte-parole du mouvement étudiant Gabriel Nadeau-Dubois a fait valoir quant à lui que les syndiqués sont moins typés qu’on le pense. Il a rappelé que 48 % des employés du secteur public n’avaient pas leur permanence. « On fait souvent l’erreur de dire que le mouvement syndical est homogène et qu’il ne débat pas à l’interne », a-t-il dit.
Il a déploré en revanche que les conventions collectives soient désormais incompréhensibles pour leurs membres et reproché à certaines centrales de ne pas s’être assez rapprochées du mouvement écologiste, ce qui le place en contradiction avec d’autres combats progressistes.
Qui crée la richesse?
Après de longs échanges plutôt harmonieux, le débat s’est corsé quand le syndicalisme a été opposé au développement économique. « À quel niveau de richesse il faut arriver pour qu’on commence à redistribuer ? » a demandé Régine Laurent.
Martine Hébert a rétorqué que c’était les entreprises qui créaient de la richesse. À plusieurs reprises, elle a souligné que l’économie québécoise reposait sur de petites et moyennes entreprises avec une marge de manoeuvre relative. « Je suis tannée d’entendre que les entreprises sont méchantes avec les travailleurs », a-t-elle dit en soulignant que ses membres souhaitaient augmenter les salaires de leurs employés pour les garder.
La série « Le Devoir de débattre » est structurée à partir des débats qui animent les pages Idées du Devoir. Le débat sur les syndicats sera diffusé le 7 décembre prochain au Canal Savoir. Les trois précédents (sur la cohabitation autos-vélos, la place de la technologie en éducation et l’économie du partage) seront diffusés les 16, 23 et 30 novembre.