Blais défend les coupes dans la persévérance scolaire

« Les écoles continuent d’exister, le personnel enseignant est toujours là », a fait valoir le ministre François Blais lundi.
Photo: Jacques Boissinot La Presse canadienne « Les écoles continuent d’exister, le personnel enseignant est toujours là », a fait valoir le ministre François Blais lundi.

Le ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, François Blais, a défendu lundi la décision du gouvernement de ne plus s’allier à la Fondation Lucie et André Chagnon pour soutenir la réussite scolaire, une coupe qui menace la survie des organismes régionaux spécialisés en persévérance scolaire.

De 2009 à 2015, Québec a consacré 25 millions au soutien de quelque 1600 initiatives en persévérance scolaire dans toutes les régions du Québec, égalant, dans un programme appelé Réunir Réussir, la mise de la Fondation Chagnon. À ces 50 millions un autre montant de 50 millions s’est ajouté pour le financement des 19centres régionaux de concertation en persévérance scolaire par l’entremise des Conférences régionales des élus et des Forums jeunesse — des instances aujourd’hui abolies — ainsi que des commissions scolaires, des cégeps et des universités.

« Les écoles continuent d’exister, le personnel enseignant est toujours là », a fait valoir François Blais, qui a souligné que son ministère consacrait 200 millions de dollars par an à la lutte contre le décrochage scolaire.

« C’est une année de transition », a affirmé le ministre, qui ne savait pas par quoi cette contribution du gouvernement serait remplacée, si d’aventure elle l’était. « Il me semble normal de prendre le temps de regarder ce qui a été fait puis, ensuite, de faire une évaluation. »

Les jeunes qui présentent des risques de décrochage ne perdront rien au change, a soutenu le ministre. « Ils vont avoir des services différents. Il y a une panoplie de services qui sont disponibles pour la réussite scolaire. »

Pendant que le gouvernement cogite, les organismes procèdent à des mises à pied massives, a dénoncé le critique de l’opposition officielle en matière d’éducation, Alexandre Cloutier. La moitié des centres ont pratiquement cessé leurs activités et « ceux qui restent sont carrément en mode survie », a-t-il avancé.

Abandon

 

Un de ces organismes, le premier à voir le jour en 1996, le Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CREPAS), a réduit son budget de 800 000 $ à 200 000 $ et son personnel de huit à trois personnes, qui ne travaillent plus que quatre jours par semaine.

« Ce qu’il [François Blais] appelle une année de transition, c’est une année d’abandon », a déploré le porte-parole caquiste pour l’éducation, Jean-François Roberge.

Un des fondateurs du CREPAS, le professeur et chercheur de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) Michel Perron, a rappelé que les projets menés par ces organismes dépassent le cadre de l’école et engagent l’ensemble du milieu. « L’enjeu de la mobilisation communautaire est aussi important que la mobilisation scolaire », a souligné Michel Perron, reprenant une des recommandations du rapport du Groupe d’action sur la persévérance scolaire, présidé par le banquier L. Jacques Ménard. « Le décrochage n’est pas un problème scolaire, mais un problème de société. » Le chercheur a participé à la rédaction de ce rapport publié en 2009.

Le taux d’obtention d’un diplôme de cinquième secondaire chez les moins de 20 ans est passé de 68,6 % en 2008 à 74,8 % aujourd’hui, a souligné le chercheur. L’objectif du gouvernement est de porter ce taux à 80 % d’ici 2020.

Le vice-président communications de la Fondation Chagnon, François Lagarde, a indiqué que la fondation versera d’ici septembre prochain 2,5 millions de dollars à 18 organismes régionaux (l’un des 19 centres a déclaré forfait) pour assurer leur survie. « Pour pas que ça tombe », a-t-il dit. Pour la suite des choses, il compte sur la nouvelle politique jeunesse que prépare le gouvernement Couillard.

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