Poëti accuse Uber de manquer de sérieux

Le ministre des Transports Robert Poëti trouve que l’entreprise Uber en demande beaucoup au gouvernement du Québec par rapport à ce qu’elle a à offrir, et que ses propositions manquent de sérieux. « On ne peut pas dire “Vous allez créer pour nous quelque chose qui nous permet de déposer nos profits en Hollande !” Je m’excuse, ça ne marche pas comme ça », a-t-il déclaré à propos d’UberX mardi matin lors d’une entrevue à la radio de Radio-Canada.

Pour chaque course d’UberX, 80 % des revenus vont au chauffeur et 20 % reviennent à une branche de l’entreprise Uber qui n’est pas imposée au Québec, mais aux Pays-Bas.

Le ministre des Transports a en outre qualifié de « chiffon » la proposition de changements réglementaires que lui a soumise l’entreprise en décembre. « Il n’y avait rien de clair là-dessus. Sa proposition était nulle. » Quant à la suggestion d’imposer 10 sous par course, il ne la juge « pas sérieuse ».

Mardi, des milliers de chauffeurs de taxi ont manifesté aux quatre coins du Québec pour dénoncer le service UberX. Des rassemblements ont eu lieu à Montréal, Québec, Saguenay, Saint-Félicien, Rivière-du-Loup, Lévis, Trois-Rivières et Thetford Mines. Selon un porte-parole, 3500 taxis y participaient, dont 1500 à Montréal.

« C’est la première fois dans les 20 dernières années que l’on voit une manifestation aussi grosse se faire dans le calme », a expliqué Benoît Jugand, responsable du développement stratégique au Regroupement des travailleurs métallos (RTAM). « On perd des revenus dans l’industrie. Il y a 22 000 familles qui dépendent de l’industrie du taxi, ce n’est pas rien. C’est la 5e plus grande entreprise du Québec. »

Les propos du premier ministre dérangent

 

Malgré les propos de M. Poëti, les associations de chauffeurs de taxi ne semblaient guère rassurées par la position gouvernementale et ont encore dans la gorge la déclaration de Philippe Couillard du 15 août au congrès des Jeunes libéraux.

« Le modèle d’affaires d’UberX, l’économie du partage, les jeunes sont attachés à ça », avait-il déclaré avant d’ajouter que c’était « une bonne idée ». Il avait ensuite précisé que cela devait toutefois être « encadré » pour créer un climat de compétition « correct par rapport aux autres chauffeurs ».

Aux yeux du président de Taxi Coop, c’est trop flou et M. Couillard doit absolument clarifier ses intentions. « Nous, on demande au premier ministre de se rétracter ou de définir le fond de sa pensée », a déclaré Abdallah Homsy.

Les représentants du milieu du taxi ont été d’autant plus ébranlés par cette déclaration qu’elle est survenue au lendemain du processus de consultation présidé par le ministre des Transports.

Au cabinet du premier ministre, on avance que ce dernier n’a rien à clarifier et que M. Couillard et son ministre des Transports pensent exactement la même chose. « Ce que M. Poëti a dit ce matin, c’est exactement la position que tout le monde a au conseil des ministres, incluant le premier ministre », a expliqué l’attaché de presse du premier ministre, Harold Fortin.

Uber et UberX

 

Les chauffeurs de taxi ont en outre insisté pour dire qu’ils s’opposaient à UberX, mais pas au service Uber, qui provient de la même compagnie mais est différent (Uber Taxi). « Uber, quand ils travaillent avec les taxis, on n’a pas de misère avec ça. Ils ont juste à demander un permis d’intermédiaire comme n’importe quel intermédiaire », a déclaré Abdallah Homsy à la manifestation de Québec.

Le service UberX permet pour sa part à des particuliers d’offrir des courses avec leur voiture personnelle.

Le gouvernement Couillard entend préciser sa stratégie dans le dossier à l’automne, a-t-on expliqué mardi. Il étudie pour l’heure les mémoires qui lui ont été soumis lors de la consultation spéciale du 8 juillet.

Le Devoir a tenté sans succès de joindre les représentants d’Uber au Québec mardi.

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