«La démagogie n’a pas sa place dans le débat»

Convaincu que le temps est venu de revoir les salaires et les autres avantages accordés aux élus, Philippe Couillard a réclamé de ses adversaires qu’ils abordent cet enjeu sans verser dans la démagogie.

« Il faut éviter la facilité, la démagogie [à] ce sujet », a déclaré le premier ministre, en marge d’un point de presse tenu à Paris.

Chaque fois qu’un élu démissionnera en cours de mandat, la question de l’indemnité de transition resurgira, a-t-il fait observer. « Il n’y aura pas de solution tant qu’on ne se mettra pas en tête qu’on doit prendre cet enjeu à bras-le-corps. »

Et la seule façon de le faire, selon lui, c’est de s’appuyer sur les recommandations du rapport que l’ex-juge de la Cour suprême, Claire L’Heureux-Dubé, a produit sur la rémunération globale des ministres et des autres parlementaires de l’Assemblée nationale. Ce rapport recommandait qu’un élu qui démissionne en cours de mandat ne puisse toucher une allocation de transition — comme la somme de 155 000 $ qu’empochera Yves Bolduc — à moins qu’il n’éprouve des ennuis de santé ou qu’il ne soit soumis à d’autres circonstances hors de son contrôle. Il proposait aussi que les parlementaires contribuent à 50 % à leur régime de retraite, alors qu’ils ne versent que 21 % à l’heure actuelle. En contrepartie, les salaires des ministres et députés seraient majorés de façon substantielle. Le salaire du député passerait de 88 000 $, à quoi s’ajoute une indemnité de 16 000 $, à 136 000 $, celui du premier ministre de 213 000 $ à 272 000 $.

Cette réforme de la rémunération des élus s’impose même si le gouvernement demande à ses employés de se contenter d’un gel des salaires pendant deux ans, juge Philippe Couillard. « Si on fait un comparatif, ce serait bien, puisque le rapport vise essentiellement à être à coût nul », a-t-il souligné. Un projet de loi est en préparation.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, ne voit pas les choses du même oeil. Il faut être « respectueux » au moment où on demande des sacrifices à la population, a indiqué le chef caquiste en faisant campagne avec le candidat Jean-Bernard Émond dans la circonscription de Richelieu. Une élection complémentaire s’y déroulera le 9 mars en raison de la démission de la députée péquiste Élaine Zakaïb, qui, elle, a renoncé à son allocation de transition.

François Legault a plaidé pour l’abolition immédiate de cette indemnité et du relèvement à 50 % de la contribution des élus à leur régime de retraite. Mais il s’oppose à toute hausse de leur rémunération dans le présent mandat.

Au Parti québécois, le porte-parole en matière d’éthique et d’intégrité, Stéphane Bergeron, a annoncé qu’il présenterait de nouveau un projet de loi pour abolir les primes de départ des élus démissionnaires. En mars 2013, le gouvernement Marois avait déposé le projet de loi 33 « sur les conditions de travail et le régime de retraite des membres de l’Assemblée nationale ». Les libéraux s’étaient opposés à l’adoption de ce projet de loi, alléguant qu’une réforme complète, avec des hausses de salaire qui compenseraient les nouvelles charges imposées aux élus, était préférable.

Yves Bolduc invité à faire un don de charité

L’Association la Croisée, un organisme à but non lucratif qui vient en aide aux personnes handicapées, suggère au ministre démissionnaire Yves Bolduc de lui verser son indemnité de départ de 155 000 $. En contrepartie, l’organisme lui remettrait un reçu pour don de bienfaisance, ce qui permettrait au médecin de réduire sa note d’impôt d’un peu plus de la moitié de cette somme, écrit l’organisme dans une lettre adressée à l’ex-ministre libéral.

L’Association la Croisée, qui est active dans la MRC de la Haute-Gaspésie, dispose d’un budget de fonctionnement annuel inférieur à l’indemnité qu’empochera Yves Bolduc, soit un peu moins de 140 000 $.


À voir en vidéo